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MOYEN ÂGE Le monde médiéval

Occident et civilisation occidentale sont des concepts et des faits dont on parle abondamment aujourd'hui. Ils datent du Moyen Âge. Celui-ci a d'abord scindé le monde antique, bâti autour de la Méditerranée, en trois entités : Occident, Orient, Afrique. Puis il a repoussé vers le nord et le nord-est les frontières de la première. Dans ce cadre original, une civilisation s'est élaborée à partir d'éléments dont la plupart étaient classiques, germaniques ou chrétiens. Mise en chantier à l'époque carolingienne, elle a pris forme à l'âge roman et s'est définie aux xiie et xiiie siècles. Elle s'est alors caractérisée par une vision du monde et une méthode intellectuelle. L'univers est à la fois image et réalité. Il a valeur de signe mais aussi valeur immanente. Il est un « ensemble ordonné », selon le mot d'un philosophe du temps, ou, comme François d'Assise le chantait des étoiles, il est « clair, précieux et beau ». Le cœur peut donc s'y attacher et la raison s'y appliquer : elle doit, par la dialectique, classer, concilier et synthétiser les connaissances ; pour certains, elle doit même traduire celles-ci sous forme mathématique. Au bas Moyen Âge, cette méthode s'affermit et s'enrichit : elle renforce ses exigences critiques et, au raisonnement sur les textes, elle associe davantage l'induction fondée sur l'observation et l'expérimentation. Elle constitue alors un instrument sans égal de domination de la matière, et aussi de rayonnement : grâce à elle surtout, l'Occident a, au cours des temps modernes, débordé l'Europe et sa civilisation s'est, à la période contemporaine, largement imposée partout. Le propos de cet article est de suivre la genèse de celle-ci et de celui-là et de saisir un des facteurs essentiels, le facteur essentiel sans doute, de leurs succès.

L'Occident a été d'abord un cadre, puis une civilisation. Il s'agit donc de montrer à grands traits comment l'un s'est dessiné et l'autre définie.

Le cadre : l'Occident

Un cadre : à l'extérieur, des limites, à l'intérieur, des structures. Les fluctuations des premières et l'élaboration des secondes doivent ouvrir toute histoire de l'Occident.

Limites

Si on le compare au monde classique, la première originalité de l'Occident réside dans ses frontières. La civilisation antique avait été fille de la Méditerranée, bien et lien des peuples installés sur les rives du Mare nostrum et rassemblés par Rome. La civilisation occidentale n'intéresse plus qu'une fraction de l'ancien Empire, mais elle en déborde les limites. Un double mouvement s'est donc déclenché à la fin de l'Antiquité et poursuivi durant tout le Moyen Âge et bien au-delà : l'Occident s'est séparé de l'Orient européen et asiatique comme de l'Afrique septentrionale et, d'invasions en annexions, il a reculé ses bornes vers le nord et vers l'est.

La ruine de l'unité méditerranéenne

Entre 250 et 750, le monde romain s'est disloqué. La pars occidentalis s'est éloignée de la pars orientalis ; l'Afrique du Nord et le Levant se sont détachés de l'Europe et de l'Asie Mineure. Deux ruptures qui procèdent largement des mêmes causes, mais que le souci de clarté recommande de traiter successivement.

La scission de l'Orient et de l'Occident est la résultante d'une longue série d'événements. À peine constitué, au début de notre ère, l'Empire romain souffrait d'un déséquilibre. Selon le mot de F. Cumont, l'Est « y pénétrait pacifiquement » l'Ouest ; il lui donnait ses hommes d'État, ses savants, ses artistes, ses religions, notamment mithriacisme et catholicisme. Au milieu du iiie siècle, une crise politique et économique[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie royale de Belgique, professeur à l'université de Louvain

Classification

Média

Occident médiéval - crédits : Encyclopædia Universalis France

Occident médiéval

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