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ATHOS MONT

En Grèce du Nord, une péninsule longue de 60 kilomètres et large de 10 s'avance dans la mer Égée ; elle culmine à son extrémité avec le mont Athos (2 034 m). De là a rayonné, là se maintient encore la haute tradition contemplative de l'Église orthodoxe.

Grèce : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grèce : carte physique

Moines du mont Athos (Grèce), vers 1930 - crédits : Three Lions/ Hulton Archive/ Getty Images

Moines du mont Athos (Grèce), vers 1930

D'après la légende mythologique, pierre lancée par le géant Athos à Poséidon, le mont Athos a retrouvé depuis un peu plus d'un millénaire son caractère de défi jeté. Non plus maintenant à la divinité : il est devenu et demeure au contraire, par l'implantation de la prière dans ce paysage, défi aux tiédeurs et aux conformismes !

La prière du cœur

C'est au xe siècle que les moines se sont établis sur la « sainte montagne », « jardin de la Vierge », jalousement interdit à toute autre présence féminine : ermites d'abord (saint Pierre l'Athonite), puis cénobites (saint Athanase fonde la grande laure en 963). L'Athos hérite une conception souple, synthétique, personnaliste de la vie monastique : il s'agit moins de « règles » que d'indications, et le passage demeure toujours possible de la discipline communautaire à l'extrémisme spirituel des solitaires. Ainsi voisinent, parfois rivaux, le plus souvent complémentaires, l'Athos septentrional, où de grands monastères se disséminent dans des collines boisées (la forêt méditerranéenne originelle subsiste, en partie grâce à l'interdit qui frappe les chèvres, animaux femelles), et l'Athos du Sud, « désert » rocheux des ermitages et des skites (qui groupent quelques disciples autour d'un maître librement choisi). Ainsi se transmet, par vivantes étapes d'initiation, la « science secrète » des « silencieux » (hésychastes) qui font « descendre l'esprit dans le cœur » pour devenir, de tout leur être, « prière pure ».

Des moines affluent de tout l'univers orthodoxe : des Grecs, des Géorgiens, des Slaves du Sud, des Russes dès le xie siècle, des Italiens (Amalfitains) jusqu'au xiiie siècle, et des Roumains à partir du xive. Vingt grands monastères quasi souverains se partagent la péninsule et s'organisent en une fédération gouvernée par le conseil des épistates, à Karyès. La fédération athonite, reconnaissant la haute juridiction du patriarche de Constantinople, constitue donc un État autonome qui, depuis 1912, se trouve sous le protectorat de la Grèce.

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris

Classification

Pour citer cet article

Olivier CLÉMENT. ATHOS MONT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Grèce : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grèce : carte physique

Moines du mont Athos (Grèce), vers 1930 - crédits : Three Lions/ Hulton Archive/ Getty Images

Moines du mont Athos (Grèce), vers 1930

Monastère Saint-Pantéléimon, mont Athos, Grèce - crédits : Vlas2000/ Shutterstock

Monastère Saint-Pantéléimon, mont Athos, Grèce

Autres références

  • ATHANASE L'ATHONITE (entre 925 et 930-1002)

    • Écrit par Olivier CLÉMENT
    • 368 mots

    Abraamios, le futur Athanase, naît à Trébizonde, où, orphelin, il grandit, épris de vie intérieure, dans la meilleure société. Après 945, il fait à Constantinople une brillante carrière universitaire, mais rompt avec le siècle après avoir rencontré un grand spirituel, Michel Maléïnos, higoumène du...

  • GRÉGOIRE LE SINAÏTE (1255-1346)

    • Écrit par Olivier CLÉMENT
    • 292 mots

    La vie de Grégoire, originaire d'Asie Mineure, n'est longtemps qu'une quête « initiatique » qui le mène notamment au Sinaï (d'où son surnom), où il recueille l'héritage de saint Jean Climaque. À l'Athos, où dominent alors de grandes communautés idiorythmiques, il...

  • GRÉGOIRE PALAMAS (1296-1359)

    • Écrit par Olivier CLÉMENT
    • 1 203 mots
    ... des « silencieux » (hésychastes, de ἡσυχιά, état de quiétude), animée par l'invocation méthodique du nom de Jésus, s'actualise au Mont-Athos, gagne de larges milieux laïcs et s'élargit en réforme intérieure de l'Église : la vie sacramentelle retrouve sa puissance de communion et d'initiation...
  • MONACHISME

    • Écrit par André BAREAU, Guy BUGAULT, Jacques DUBOIS, Henry DUMÉRY, Louis GARDET, Jean GOUILLARD
    • 12 526 mots
    • 3 médias
    L'institution la plus originale reste l'Athos, à son apogée, moins encore par son cosmopolitisme que parce qu'il constitue une « réserve » de toutes les formes antérieures du monachisme, y compris celle qu'ont adoptée les gyrovagues. Et cela reste vrai à l'époque actuelle, malgré la chute du recrutement,...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi