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MAURICE DE NASSAU, prince d'Orange (1567-1625) stathouder de Hollande et de Zélande (1584-1625)

À sa mort en 1584, Guillaume le Taciturne, stathouder de Hollande, laisse trois fils issus de trois de ses quatre mariages : Philippe, prisonnier des Espagnols, Frédéric-Henri de Nassau, qui vient de naître, et Maurice de Nassau, qu'il a eu d'Anne de Saxe. Jean van Oldenbarnevelt, grand pensionnaire de la province de Hollande, propose que Maurice de Nassau, âgé alors de dix-sept ans, soit nommé stathouder de Hollande et de Zélande. En 1587, les états généraux confient à Maurice de Nassau le commandement de l'armée, avec le titre de capitaine général de Hollande et de Zélande afin de poursuivre la lutte contre l'Espagne. Maurice de Nassau est servi par la chance : le désastre de l'« invincible armada » en 1588. L'assassinat, la même année, de Henri III de Valois et les prétentions de Henri IV, prince réformé, au trône de France affaiblissent militairement et diplomatiquement l'Espagne. Devenu en 1589, stathouder d'Utrecht, de Gueldre, d'Overijssel, Maurice de Nassau prend en 1590 et en 1591 Breda, Zutphen, Hulst et Nimègue. Il fait le siège de Gertruydenberg et, en 1592, victorieux, il défait le général espagnol Verdugo, s'empare de Steewijck et de Koewoorden. Ainsi est réalisée par les armes l'unité des sept Provinces-Unies (Gueldre, Hollande, Zélande, Utrecht, Frise, Overijssel et Groningue), dont la reine Élisabeth Ire d'Angleterre et Henri IV de France reconnaissent l'indépendance. En 1596, l'alliance de Maurice de Nassau et de Henri IV parachève l'œuvre de libération entreprise par le stathouder contre les Espagnols, qui perdent toutes les villes situées au nord du Rhin. Le 6 mai 1598, Philippe II tente de régler le sort des Pays-Bas en confiant le gouvernement de ceux-ci à l'archiduc Albert. Mais, si les Pays-Bas du Sud reconnaissent la suzeraineté des Habsbourg, en revanche les Pays-Bas du Nord (les sept Provinces-Unies) ne font pas acte d'allégeance. La lutte reprend donc en 1600, lorsque Maurice de Nassau traverse l'Escaut, envahit la Flandre et, devant Nieuport, livre une bataille qui coûte la vie à six mille Espagnols. Mais, faute de moyens, il doit réembarquer ses troupes à Ostende. Trois ans plus tard, Ostende tombe aux mains du général espagnol de Spinola. Si la « célèbre infanterie espagnole » est difficile à vaincre, en revanche, les Néerlandais parviennent, grâce à leur flotte de guerre, à s'assurer la maîtrise des mers et à développer leur puissance maritime et leur commerce. À Mallaca, près de Gibraltar, les Néerlandais livrent des combats navals victorieux et contrôlent les Açores. En 1609, après quarante ans de lutte, une trêve de Douze Ans est signée, sur la proposition de Oldenbarnevelt et malgré l'opposition de Maurice de Nassau. L'Espagne de Philippe III reconnaît de jure la république des Provinces-Unies comme État indépendant. Mais Maurice de Nassau, devenu prince d'Orange à la mort de son demi-frère, Philippe-Guillaume, en 1618, s'oppose au grand pensionnaire, Oldenbarnevelt, le premier étant partisan d'un pouvoir autoritaire, le second ayant des vues plus libérales et plus démocratiques. Oldenbarnevelt est arrêté puis exécuté en 1619 à l'âge de soixante-douze ans. En 1621, à l'issue de la trêve de Douze Ans, Maurice de Nassau reprend le combat, notamment contre le général de Spinola, mais il ne parvient pas à débloquer Anvers et Breda. Affecté par ses échecs, Maurice de Nassau, célibataire et n'ayant que des enfants naturels, demande à son frère cadet Frédéric-Henri de lui succéder. Si Maurice de Nassau s'est emparé de trente-huit villes, de quarante-cinq châteaux, et s'il a fait douze sièges, il n'a pas réussi à abattre définitivement la puissance espagnole, pas plus qu'il n'a convaincu ses concitoyens, heurtés par son gouvernement autoritaire, de lui décerner le[...]

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Écrit par

  • : diplômé d'études supérieures d'histoire, directeur de collections historiques

Classification

Pour citer cet article

Joël SCHMIDT. MAURICE DE NASSAU, prince d'Orange (1567-1625) stathouder de Hollande et de Zélande (1584-1625) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARMÉE - Typologie historique

    • Écrit par Paul DEVAUTOUR, Universalis
    • 12 926 mots
    • 21 médias
    ...manière, en recherchant l'allègement et la maniabilité de l'armement, la souplesse et la mobilité des évolutions, par le fractionnement des masses. Ce sont Maurice de Nassau et Gustave Adolphe. Nassau crée dans les Provinces-Unies une véritable « armée-école » où vont s'instruire les jeunes gentilshommes...
  • ARMINIANISME

    • Écrit par Jean BAUBÉROT
    • 860 mots
    ...indispensable, elle n'est pas irrésistible. » L'année suivante, les « gomaristes », soutenus par le peuple des campagnes et le stadhouder Maurice d'Orange-Nasseau, soumirent aux États une « Contre-Remonstrance » : « Dieu a résolu de sauver dans le genre humain corrompu en Adam un certain...
  • OLDENBARNEVELT JAN VAN (1547-1619)

    • Écrit par Joël SCHMIDT
    • 436 mots

    Conseiller et ami de Guillaume le Taciturne et grand pensionnaire de Hollande à partir de 1577, Jan van Oldenbarnevelt est aussi le plus habile diplomate de la période au cours de laquelle Maurice de Nassau exerce la charge de stathouder. Il est spécialement chargé de missions délicates afin de...

  • ORANGE, France

    • Écrit par François SALVIAT
    • 960 mots
    • 1 média

    Sur la colline Saint-Eutrope, qui domine la ville au sud, Orange a conservé des vestiges préhistoriques et protohistoriques. Mais c'est seulement après ~ 36, sous le deuxième triumvirat, que fut fondée par Rome, adossée à ce point fort, mais se développant dans la plaine, la colonie romaine d'...

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Voir aussi