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BOTTA MARIO (1943- )

Un architecte international

Au début des années 1980 marquées par le désenchantement postmoderne, le travail de Botta est découvert par quelques critiques : par Kenneth Frampton, qui y voit un exemple de « régionalisme critique », par François Chaslin, sensible à ce « coup de poing dans le paysage », et surtout par le dessinateur Reiser, qui voue un véritable culte à la « maison ronde » et la publie dans Hara-Kiri.

Mario Botta construit aussi des banques : banque d'État de Fribourg (1977) et banque du Gothard à Lugano (1988) où il reproduit des formes simples inspirées de Louis Kahn, mais avec une profusion de pavements de marbre et de meubles design. Botta poursuit en effet une carrière parallèle de designer de meubles.Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir en France, Botta reçoit plusieurs commandes dans ce pays : le théâtre de Chambéry (1987), la médiathèque de Villeurbanne (1988), la cathédrale Notre-Dame-de-la-Résurrection d'Évry (1995). Conçue comme une colonne creuse tronquée, cette dernière est revêtue de briques rouges et surmontée de 24 tilleuls argentés symbolisant la couronne d'épines de la Passion et la Résurrection. Un petit musée d'art sacré forme comme un renflement dans la nef circulaire. Amateur d'art roman, Botta devient l'un des spécialistes de l'architecture religieuse en Europe. Il réalise également la synagogue et le centre culturel juif de Cymbalista à Tel-Aviv (Israël 1996-1998), qui unifie en un même bâtiment la tour de l'espace religieux et celle de l'espace séculier (hall de conférences).

Tout en continuant de construire en Suisse, Mario Botta est devenu rapidement un architecte international, auquel des commanditaires interchangeables de la jet set society demandent de « faire du Botta » : le musée d'Art moderne de Tōkyō (1990), des bureaux à Maastricht (2000), une usine à Verbania en Italie (1991), le musée Leeum à Séoul en Corée du Sud (2004) et surtout le colossal musée d'Art moderne de San Francisco (1995), un exercice d'interpénétration de volumes primaires et de flots de lumière mystérieuse inspiré à nouveau de Louis Kahn.

Mario Botta est plus inspiré lorsqu'il construit en Suisse des villas de plus en plus grandes (Losone, 1989 ; Manno, 1992 ; Cardada, 2002), des églises comme la surprenante Sainte-Marie-des-Anges de Monte Tamaro (1996), Santo Volvo à Turin (2006) ou la chapelle Granat à Zillertal (Autriche, 2013), et même des bureaux comme la banque Bruxelles Lambert à Genève (1996), pour laquelle il renoue avec une austérité proche d'Adolf Loos ou d'Aldo Rossi.

Héros local, star internationale, Mario Botta est le plus médiatisé des architectes tessinois. Mais son travail doit être replacé dans le climat d'amicale rivalité qui l'oppose à Aurelio Galfetti, Luigi Snozzi et Livio Vacchini. Botta a réintroduit le « poché » et l'épais en architecture, il a découpé le paysage alpin révélé par l'embrasure des fenêtres, et célébré dans toutes ses œuvres la beauté de la lumière zénithale. Parcours ambitieux d'un Rastignac des alpages.

— Jean Claude GARCIAS

— Universalis

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Écrit par

  • : professeur à l'École spéciale d'architecture, Paris
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Jean Claude GARCIAS. BOTTA MARIO (1943- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

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