SNOZZI LUIGI (1932-2020)

Luigi Snozzi est né le 29 juillet 1932 à Mendrisio, dans le Tessin (Suisse). Il étudie l'architecture à l'École polytechnique fédérale de Zurich (1953-1957), où il reçoit notamment l'enseignement de Peppo Brivio, qui lui fait découvrir l'œuvre de Frank Lloyd Wright. Il travaille ensuite dans des bureaux d'architectes à Lugano et à Locarno, avant de fonder, en 1958, sa propre agence à Locarno. Associé à son camarade d'études Livio Vacchini, il construit plusieurs maisons dans le Tessin, qui marquent le renouveau d'une architecture à la fois locale et critique à l'égard du régionalisme. La plus célèbre d'entre elles, la Casa Snider à Verscio (1965-1966), se distingue par son fonctionnalisme et son abstraction ; pour autant, cette figure refermée sur une cour cherche également à perpétuer le tissu traditionnel dans lequel elle s'inscrit. Convaincu de la complémentarité entre pensée politique et projet architectural et urbain, Snozzi contribue à l'hebdomadaire du Parti socialiste autonome, PoliticaNuova, pour lequel il réalise les illustrations de couverture. Cet engagement doit selon lui constituer la base d'un travail sur le contrôle environnemental des communes. Snozzi se heurtera pourtant le plus souvent à des maîtres d'ouvrage méfiants à l'égard des longs processus de recomposition qu'il leur soumet. Le projet pour l'École polytechnique fédérale de Lausanne (avec Mario Botta, Tita Carloni, Aurelio Galfetti et Flora Ruchat, 1970), emblématique par la lecture qu'il proposait de la topographie, n'aura pas de suite. De même, les deux projets conçus en collaboration avec Mario Botta (un centre administratif pour Pérouse en 1971 et l'extension de la gare centrale de Zurich en 1978) ne seront pas retenus, bien que le second ait inspiré largement la réalisation finale. À l'inverse de son cadet, Luigi Snozzi construit très peu : « J'ai participé à près de quatre-vingt-dix concours et gagné quelque trente premiers prix ; mais je n'ai réalisé qu'un projet et demi. » En 1975, il ouvre une deuxième agence à Zurich, en association avec Bruno Genni, puis s'installe à Lausanne en 1987. Enseignant particulièrement apprécié (à l'École polytechnique de Zurich entre 1973 et 1975, puis à celle de Lausanne à partir de 1984, où il est nommé professeur honoraire en 1998), Snozzi développe une pédagogie spécifique, qui s'appuie sur ses propres projets.

C'est dans le village tessinois de Monte Carasso que le travail au long cours de Luigi Snozzi, qui peut faire songer à celui mené par Giancarlo de Carlo à Urbino, a pris toute sa cohérence. Appelé à restaurer l'ancien monastère des Augustiniennes, l'architecte propose de repenser entièrement l'aménagement de la commune et, pendant près de vingt ans, s'attache à en préserver et à en améliorer la structure, en la densifiant pour donner plus de sens aux vides. Il y réalise dans un premier temps l'ensemble d'habitations « Verdemonte » (1974-1976) ; la juxtaposition d'éléments identiques, déjà proposée pour un quartier résidentiel à Celerina (1973), constitue ici le fondement du travail de composition : ce n'est pas la répétition, mais la variété qui est monotone, pense en effet Snozzi. Après la construction de la maison du maire, d'une banque (1977-1980), d'un gymnase (1979-1982) et l'aménagement du cimetière (1983-1990), son intervention la plus marquante est, sur la place du village réaménagée, la reconversion de l'ancien monastère en école élémentaire (1987-1993). Parmi ses autres projets d'urbanisme, celui pour l'aménagement de la Piazza Grande à Locarno (1989-1990), et celui, conçu avec Massimo Muttin, pour un nouveau centre urbain à Rosà près de Vicence (Italie, 1999-2001), témoignent de la constante attention de Snozzi à l'histoire, mais aussi de son refus de tout [...]