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MALADIES INFECTIEUSES

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Sensibilité de la population

La sensibilité de la population est évidemment la troisième condition nécessaire au développement d'une épidémie.

Le niveau de sensibilité d'une population n'est pas uniforme pour les diverses maladies infectieuses. Il dépend en effet étroitement du degré de l'immunité qui s'est constituée à la suite de l'expérience de la maladie quelle qu'ait été la forme clinique revêtue par celle-ci chez les différents individus. Cette notion moderne est de la plus haute importance en épidémiologie. La rougeole, par exemple, est suivie d'une immunité définitive alors que celle que laisse la grippe est des plus transitoires.

Le taux d'immunité laissé par une maladie infectieuse et sa gravité clinique n'ont souvent aucun rapport comme l'a montré la pratique systématique des tests sérologiques et cutanés spécifiques. Si ces tests montrent qu'un individu possède des anticorps contre un organisme pathogène ou sa toxine, on peut certifier qu'il a été contaminé par cet organisme à un moment quelconque de son existence. C'est ainsi que dès 1929 un dépistage organisé en effectuant des tests cutanés montra que 10 p. 100 des adultes aux États-Unis se souvenaient avoir eu une diphtérie clinique alors que 60 p. 100 étaient immuns. Par conséquent, 50 p. 100 environ des adultes examinés avaient dû contracter une infection subclinique et avaient donc été « porteurs sains » à une certaine période de leur vie.

Le niveau de sensibilité d'une population est également tributaire (et pour la même raison) de sa composition par groupes d'âge : lorsque l'éventuelle immunité d'origine maternelle a disparu, plus jeune est l'âge d'un groupe, plus haute est sa sensibilité à la plupart des maladies infectieuses. Ce fait peut avoir pour conséquence une tendance de ces maladies à présenter une fluctuation rythmique ; la rougeole en est un exemple classique : une épidémie de cette maladie progresse dans une population en frappant pratiquement tout individu sensible ; les survivants conservent une immunité durable et la maladie disparaît jusqu'à ce que le nombre d'hôtes sensibles ait augmenté suffisamment grâce aux nouvelles naissances ; une nouvelle épidémie se déclenche alors après la réintroduction du virus par des voyageurs. S'il s'écoule un délai important avant que l'agent pathogène soit réimporté, le nombre des sujets sensibles est grand et l'épidémie d'une ampleur exceptionnelle.

Le même phénomène se produit avec encore plus de netteté à la suite du passage d'étrangers dans des populations insulaires isolées du monde pendant de longs mois. On sait les ravages qu'ont pu provoquer, chez certaines ethnies, ces importations brutales de germes pathogènes (cf. épidémies).

Enfin toute épidémie est un phénomène social. La transmissibilité d'un agent pathogène est sous l'influence directe des conditions d'habitat et d'alimentation d'une population. La surpopulation des villes, l'existence dans celles-ci de zones d'insalubrité et surtout les bouleversements sociaux apportés par la guerre avec ses mouvements de troupes, ses exodes de réfugiés coïncidant avec des destructions matérielles massives sont des facteurs capitaux de dissémination infectieuse.

Dans les variations saisonnières bien connues dans nombre de maladies transmissibles, le rôle des facteurs d'environnement semble être prépondérant : c'est ainsi que pendant l'hiver la population est relativement confinée dans les maisons, et la promiscuité qui en résulte favorise la transmission des maladies respiratoires. Un temps chaud, au contraire, est propice à la multiplication des bactéries dans les aliments et augmente ainsi le risque de dissémination des maladies intestinales.[...]

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Écrit par

  • : docteur en médecine, chef de travaux à la faculté de médecine de Paris

Classification

Pour citer cet article

Catherine DUPUIS. MALADIES INFECTIEUSES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 22/01/2021

Média

Malaria - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Malaria

Autres références

  • MALADIES CONTAGIEUSES - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 217 mots

    Vers — 29 Virgile, dans les Géorgiques, décrit la maladie du charbon chez les animaux et chez l'homme.

    400 Le Susruta Samhita (Inde) décrit la lèpre.

    1346 Les lépreux sont chassés de Londres.

    1484 Venise institue la quarantaine.

    1796 Edward Jenner vaccine le jeune James Philipps contre...

  • MALADIES INFECTIEUSES ÉMERGENTES

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    • 8 030 mots
    • 7 médias

    Les maladies infectieuses sont causées par des micro-organismes pathogènes (bactéries, virus, parasites et champignons). La description précise des signes cliniques qui distinguent chaque maladie infectieuse, c’est-à-dire sa nosographie, puis l’identification du micro-organisme qui en est responsable...

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  • ALIMENTATION (Aliments) - Risques alimentaires

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    Absorbésavec le produit contaminé, les éléments microbiens et viraux vont proliférer dans l'organisme et y déterminer le développement d'une maladie infectieuse. Un des exemples les plus connus est celui des salmonelloses, qui, selon le type en cause, déterminent soit des fièvres typhoïdes...
  • ANGINE

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    • 212 mots

    On désigne par le terme angine toute affection infectieuse de la muqueuse de l'oropharynx. Le tableau habituel de l'angine aiguë associe la fièvre, un malaise général, des douleurs à la déglutition. L'examen de l'arrière-gorge montre l'aspect inflammatoire de la muqueuse (angine rouge), qui est...

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