Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TIECK LUDWIG (1773-1853)

Le cénacle romantique

Un voyage à travers la Franconie, entrepris l'été 1793 par Tieck et W. H. Wackenroder, alors étudiants à Göttingen, fit découvrir aux deux citadins les beautés d'une nature qu'ils ignoraient et les vestiges d'une culture plus ancienne que celle de la Prusse : pompe baroque des églises catholiques de l'Allemagne du Sud, art gothique de Nuremberg. Le manifeste esthétique né en partie de ce choc, Les Effusions d'un moine, ami des arts (Herzensergiessungen eines kunstliebenden Klosterbruders), fut rédigé par Wackenroder peu avant sa mort, sous la constante impulsion de Tieck qui compléta et enrichit les fragments laissés par son ami, puis les édita sous le titre Fantaisies sur l'art (Fantasien über die Kunst, 1799) ; cet ouvrage prône la fusion de la musique, de la peinture, de la poésie. Deux autres œuvres de Tieck révolutionnèrent l'époque : son roman Les Pérégrinations de Franz Sternbald (Franz Sternbalds Wanderungen, 1798), un Wilhelm Meisterplus fluide, plus fluet aussi, empli de voix et de songes, et son drame Geneviève de Brabant (Leben und Tod der heiligen Genoveva, 1799), « mystère » chrétien sous une forme lyrique et musicale. Tieck a amplifié le procédé dans L'Empereur Octavien (Kaiser Octavianus, 1804), « drame universel », puis dans Fortunat (1816), qui fut son adieu à la scène. Bien plus vivantes restent ses comédies : Barbe-Bleue (Ritter Blaubart, 1797) et Le Monde à l'envers (Die verkehrte Welt, 1798) qui relèvent déjà du théâtre de l'absurde, et le délicieux Chat botté (Der gestiefelte Kater, 1797), persifleur et pirandellesque dans son brassage des temps et des personnages. Les Contes fantastiques (1796-1803), en tête desquels Eckbert, Runenberg, Tannenhäuser, annoncent Baudelaire par la déchirante dualité des sentiments et une constante recherche de la synesthésie : ils ont très directement inspiré Heine et Wagner, peut-être Nerval.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Robert MINDER. TIECK LUDWIG (1773-1853) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ATHENÄUM, revue littéraire

    • Écrit par Pierre GRAPPIN
    • 768 mots
    • 1 média

    La singularité de la revue Athenäum, qui a paru de 1798 à 1800, est d'avoir été constituée expressément pour servir d'organe à une école littéraire en cours de formation, celle des romantiques allemands du groupe d'Iéna. C'est là, autour des frères August et ...

  • NOVALIS (1772-1801)

    • Écrit par Catherine KOENIG
    • 2 606 mots
    • 1 média
    ...devenait » quelqu'un, Heinrich n'aspire qu'à rester un poète, n'aspire qu'à la métamorphose finale, que nous ne connaissons que grâce au canevas de Ludwig Tieck, fort sujet à caution. Car cette recherche de la Fleur bleue rêvée au commencement de la partie terrestre du roman devait s'achever sur la...
  • WACKENRODER WILHELM (1773-1798)

    • Écrit par Françoise AURIVAUD
    • 1 073 mots

    Connu comme précurseur du romantisme allemand, mais principalement en tant qu'ami et collaborateur de Ludwig Tieck, Wilhelm Heinrich Wackenroder est né à Berlin dans une famille de fonctionnaires prussiens. Il était de faible constitution et mourut à vingt-cinq ans ; la minceur de son œuvre...

Voir aussi