Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LOUIS XVI (1754-1793) roi de France (1774-1792)

Une conduite ambiguë

Devant la persistance des difficultés financières, Louis XVI appelle Calonne qui, après avoir dénoncé son prédécesseur Maurepas et relancé une politique libérale, élabore un plan « d'amélioration des finances », dont l'essentiel est l'introduction d'impôts sur les biens fonciers, « la subvention territoriale », fixée selon une répartition effectuée par des propriétaires, élus au sein d'assemblées consultatives sans distinction d'ordres. La protestation des élites traditionnelles contre ce qui apparaît une nouvelle fois comme une contestation de l'ordre établi fait chuter Calonne en 1787, qui n'est pas non plus soutenu par les vrais réformistes, déçus de la volonté de contrôle par l'exécutif. Louis XVI fait alors appel à Loménie de Brienne, mais ce dernier échoue à son tour en convoquant une Assemblée des notables qui se déclare incompétente. Les États généraux s'imposent ainsi dans une succession de tergiversations et d'absence de culture politique.

Cette situation se révèle particulièrement criante en 1788, lorsque le roi et son entourage (Necker a été rappelé en août 1788) sont incapables de fixer les règles de fonctionnement de l'Assemblée, qui ne s'est pas réunie depuis 1614, et qu'ils laissent s'instaurer une totale liberté de parole, en même temps qu'ils manœuvrent pour ne pas dépendre des « privilégiés ». Le résultat est catastrophique. Le doublement du Tiers imposé par le roi contre la prééminence des nobles et des grands clercs n'est pas accompagné de mesures réglementaires, si bien que Louis XVI, qui n'a pas tenu compte des demandes exprimées dans les cahiers de doléances remplis dans tout le pays, déconcerte les députés dès la première séance des États généraux (5 mai 1789), ne paraissant faire aucun droit aux revendications réformatrices. Privé du soutien des « privilégiés », déconsidéré aux yeux des « patriotes » (les éléments les plus réformateurs du Tiers), le roi perd rapidement toute autorité, d'autant que la mort de son fils aîné le distrait des préoccupations politiques. Il ne sait pas faire face aux demandes du Tiers en mai-juin 1789, sauf à agiter la menace de la répression. Dans cet esprit, il renvoie à nouveau Necker le 11 juillet et accepte la concentration de troupes autour de Paris.

La prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, ruine tous ses efforts, et il se rallie à un compromis que son frère cadet, le comte d'Artois, rejette violemment en quittant le pays. Par la suite, son désir de réformer le royaume sans perdre son pouvoir, ni au profit des révolutionnaires, ni à celui des aristocrates – et encore moins des émigrés – fait qu'il est confronté à la force en octobre 1789, lorsque la foule parisienne l'oblige à accepter les décrets d'août 1789 et à s'installer à Paris avec sa famille. En 1790, il ratifie la Constitution civile du clergé, tout en marquant ses réticences ; il soudoye des agents, comme Mirabeau, pour mener une politique secrète, à l'intérieur comme à l'extérieur, en demeurant en contact direct avec les souverains étrangers. Cette duplicité, aggravée par la politique de la reine, éclate au grand jour lorsque, le 21 juin 1791, toute la famille royale quitte Paris dans l'espoir de passer sous la protection de l'empereur d'Autriche. Reconnu à Varennes, ramené à Paris, où l'Assemblée obtient que la version officielle insiste sur l'enlèvement du roi, celui-ci est véritablement en liberté surveillée.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean-Clément MARTIN. LOUIS XVI (1754-1793) roi de France (1774-1792) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Louis XVI - crédits : G. Nimatallah/ De Agostini/ Getty Images

Louis XVI

Autres références

  • CALONNE CHARLES ALEXANDRE DE (1734-1802)

    • Écrit par Louis TRENARD
    • 435 mots

    Né à Douai, dans une famille de robe, Calonne fait ses études à Paris. Avocat au conseil d'Artois, procureur général au parlement de Douai, il devient maître des requêtes, chargé de questions délicates, notamment des relations parlement-clergé, et du procès de La Chalotais (membre du parlement de...

  • LOMÉNIE DE BRIENNE ÉTIENNE CHARLES DE (1727-1794)

    • Écrit par Louis TRENARD
    • 487 mots

    Orienté vers l'état ecclésiastique, évêque de Condom en 1760, archevêque de Toulouse en 1763, Loménie de Brienne se révèle bon administrateur, s'occupe de travaux publics, d'industrie, de commerce, d'instruction publique, fait creuser le canal entre la Garonne et le canal du Midi. Membre des assemblées...

  • LOUIS XVII (1785-1795)

    • Écrit par Jean-Clément MARTIN
    • 419 mots

    Second fils de Louis XVI et Marie-Antoinette, il devient le dauphin à la mort de son frère en juin 1789, et partage le destin de sa famille au moment de la Révolution. Ramené à Paris, par la foule qui est allé chercher « le boulanger, la boulangère et le petit mitron » en octobre 1789, il est arrêté...

  • MALESHERBES CHRÉTIEN GUILLAUME DE LAMOIGNON DE (1721-1794)

    • Écrit par Olivier COLLOMB
    • 361 mots

    Fils d'un chancelier de France, premier président de la Cour des aides en 1750, Malesherbes est surtout directeur général de la Librairie, en fait chef de la censure ; en cette qualité, il protège officieusement ce qu'il est chargé d'interdire : l'achèvement de l'...

  • Afficher les 21 références

Voir aussi