LOUIS XVI (1754-1793) roi de France (1774-1792)
Une politique velléitaire
Il commence par faire confiance au comte de Maurepas, qui rétablit les Parlements dans les pouvoirs que Louis XV avait limités, ce qui revient à mettre à mal la poursuite de la centralisation absolutiste. Parallèlement, il suit les recommandations du ministre Turgot, qui veut entreprendre une réforme radicale de l'économie et de la société françaises, en pratiquant des réductions d'impôts, une saine gestion des finances royales et en laissant la liberté de circulation aux produits de l'industrie et de l'agriculture. L'édit qu'il prend en ce sens, en 1774, provoque des troubles, appelés « guerre des farines » ; mais ils ne sont rien à côté de l'opposition qui naît des édits suivants, supprimant la corvée et les corporations. Les parlementaires y voient l'annonce de la fin de la société d'ordres, si bien que, devant leur résistance, Turgot est sacrifié par Louis XVI, en 1776, celui-ci montrant les limites de son soutien aux réformes et sa dépendance envers les tenants de la France traditionnelle. La démission concomitante de Malesherbes atteste de l'échec de cette tentative de révolution par en haut.
Alors que Beaumarchais triomphe à la cour comme à la ville, avec Le Barbier de Séville, en 1775, Louis XVI, qui redoute la liberté d'expression de Figaro, entame une politique incertaine. Il appelle Necker aux Finances pour trouver des solutions miraculeuses aux difficultés du royaume. Le financier genevois développe le système de régie pour la perception des impôts, propose la création d'assemblées provinciales. Il se heurte à la résistance des parlementaires à nouveau mobilisés contre cette atteinte à leurs pouvoirs, et démissionne en 1781, non sans en avoir appelé à la nation en divulguant les comptes du royaume, qui soulignent de façon exagérée les dépenses de la cour.
Ces tensions entre novations et permanences, pour répondre aux défis de l'époque, se retrouvent de façon exemplaire dans la participation à la guerre d'indépendance des colonies d'Amérique, dans laquelle la France s'engage à partir de 1778. La volonté de contrer l'Angleterre et de faire oublier le traité de Paris de 1763 se combine avec le courant favorable aux Insurgents. Celui-ci se répand parmi nombre de jeunes nobles partisans de libertés ; les uns sont en faveur d'une évolution parlementariste, les autres d'une évolution aristocratique qui supprimerait l'absolutisme royal. Tous cependant s'engagent dans une opération idéologique d'une dimension nouvelle, puisqu'il ne s'agit rien de moins que de délier des sujets de leur obéissance envers un souverain européen au nom de principes universels. En outre, la France participe à la guerre en subventionnant les Américains, ce qui obère lourdement son budget. Lorsque la paix est signée à Versailles en 1783, Louis XVI peut apparaître comme l'un des vainqueurs de ce conflit qu'il a arbitré, mais les gains territoriaux sont faibles, en comparaison des coûts financiers et des mutations intervenues dans les esprits. L'introduction dans le vocabulaire de mots comme « patriote » ou « convention » témoigne assez des changements qui affectent l'opinion publique, dont la puissance est en train de grandir considérablement.
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Écrit par
- Jean-Clément MARTIN : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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