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LOMÉNIE DE BRIENNE ÉTIENNE CHARLES DE (1727-1794)

Orienté vers l'état ecclésiastique, évêque de Condom en 1760, archevêque de Toulouse en 1763, Loménie de Brienne se révèle bon administrateur, s'occupe de travaux publics, d'industrie, de commerce, d'instruction publique, fait creuser le canal entre la Garonne et le canal du Midi. Membre des assemblées du clergé, de la commission des Réguliers pour amorcer la réforme des ordres religieux, il y exerce une influence prépondérante ; il ouvre un synode diocésain pour examiner les questions d'actualité (portion congrue, secours aux vieux prêtres). Il publie un rituel et il est reçu à l'Académie française en 1770.

Après l'échec de Calonne devant les notables, dont il porte une part de responsabilité, il devient chef du conseil royal des Finances sur la recommandation de la reine, puis principal ministre en 1787. Intrigant, il a troqué l'archevêché de Toulouse contre celui de Sens, plus lucratif ; souple et lucide, il présente aux notables un programme analogue à celui de son prédécesseur, mais l'assemblée refuse la subvention territoriale, et le marquis de La Fayette réclame la convocation des états généraux. Énergique, Loménie de Brienne renvoie les notables et se tourne vers le parlement, qui enregistre les édits sur le libre commerce des grains, l'abolition de la corvée, les assemblées municipales et provinciales, mais repousse des édits fiscaux sur le timbre et la subvention territoriale. Le roi impose au parlement un lit de justice et l'exile à Troyes. Brienne négocie son retour à condition d'obtenir l'impôt des deux dixièmes ; la réunion des états généraux est envisagée pour 1792. Loménie de Brienne fait accorder aux protestants le droit commun et le droit d'état civil ; mais, l'agitation se poursuivant au parlement, il fait arrêter deux meneurs en 1788. Il reprend les projets de Maupeou et fait imposer, par un lit de justice, une réforme judiciaire et politique, essai de despotisme éclairé qui soulève la rébellion nobiliaire à Paris, à Dijon, à Toulouse, en Béarn, en Dauphiné et en Bretagne. L'assemblée du clergé refuse à Loménie de Brienne tout « don gratuit » et réclame les états généraux. Le ministre doit capituler et démissionne en 1788. Il reçoit à ce moment le chapeau de cardinal.

Après un voyage en Italie, il prête serment à la Constitution civile du clergé en 1791 et devient évêque constitutionnel de l'Yonne. Ce prélat athée, à tout le moins déiste, adresse une lettre de démission du cardinalat à Pie VI, qui le déclare déchu de sa dignité et suspens, à cause de la part qu'il avait prise au schisme. Sa conduite ne le sauve pas. Arrêté à Sens en 1793, libéré, arrêté de nouveau, il meurt dans des circonstances mal connues.

— Louis TRENARD

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lille

Classification

Pour citer cet article

Louis TRENARD. LOMÉNIE DE BRIENNE ÉTIENNE CHARLES DE (1727-1794) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LOUIS XVI (1754-1793) roi de France (1774-1792)

    • Écrit par Jean-Clément MARTIN
    • 2 160 mots
    • 1 média
    ...de l'ordre établi fait chuter Calonne en 1787, qui n'est pas non plus soutenu par les vrais réformistes, déçus de la volonté de contrôle par l'exécutif. Louis XVI fait alors appel à Loménie de Brienne, mais ce dernier échoue à son tour en convoquant une Assemblée des notables qui se déclare incompétente....

Voir aussi