LIÈGE, ville
Liège contemporain
Une industrialisation précoce
Sous le Directoire, le Consulat et l'Empire, Liège est la préfecture du département de l'Ourthe. Le concordat y rétablit un évêché, dont la juridiction s'étend au département de la Meuse-Inférieure.
Liège forme alors avec Verviers un des pôles géographiques majeurs de la révolution industrielle sur le continent. La nouvelle législation française y favorise la formation d'entreprises plus importantes et mieux équipées. La Fonderie impériale de canons y est créée. Sous le régime hollandais (1815-1830), Liège devient en outre le siège d'une université d'État. Le développement industriel s'y poursuit sur les sites d'exploitation des gisements de charbon.
L'industrialisation précoce s'accompagne d'une concentration également précoce du pouvoir économique autour d'entreprises de grande dimension. Ainsi l'entreprise de construction de machines textiles fondée à Verviers par William Cockerill et ses fils diversifie rapidement et multiplie ses implantations. Le château de Seraing, ancienne résidence d'été des princes-évêques de Liège, accueille en 1817 un premier grand complexe sidérurgique à l'initiative des frères John et James Cockerill. Cet investissement permet la mise en œuvre de nouvelles techniques et débouche sur de nouveaux produits. En 1829, Cockerill fournit le premier bateau à vapeur pour la navigation rhénane. La reprise d'ateliers existants à Ougrée par G.-A. Lamarche sera par ailleurs le point de départ d'un autre pôle de la sidérurgie liégeoise.
Même si une fraction de la bourgeoisie locale est, avec Cockerill, orangiste, c'est-à-dire favorable au maintien des liens avec les Pays-Bas du Nord, la participation liégeoise aux événements de 1830 qui conduisent à l'indépendance de la Belgique est importante. Membre du gouvernement provisoire, le libéral Charles Rogier est une figure dominante de la vie politique nationale. Il participe à de nombreux gouvernements et dirige plusieurs d'entre eux. C'est notamment sous son impulsion qu'est décidée en 1834 par le gouvernement la création aux frais de l'État d'un réseau de chemins de fer, décision ouvrant un marché considérable aux charbonnages et aux entreprises métallurgiques et créant aussi un important recours au marché des capitaux.
Le bassin industriel liégeois se développe, avec des interventions des banques mixtes comme la Banque de Belgique et la Société générale (dont le siège est fixé à Bruxelles) qui favorisent la concentration des entreprises. L'association de l'exploitation charbonnière et de la sidérurgie caractérise de façon durable l'économie liégeoise qui se diversifie avec le développement de secteurs traditionnels comme l'armurerie (que perpétuera plus tard la Fabrique nationale d'armes de guerre de Herstal) et de secteurs plus nouveaux comme l'industrie des métaux non ferreux (autour notamment de la Vieille Montagne).
L'industrie liégeoise bénéficie alors d'un réseau d'infrastructures important : le canal de Campine assure la liaison avec Anvers, l'aménagement du cours de la Meuse, la jonction avec Rotterdam, les chemins de fer, le lien avec les grandes capitales européennes.
Luttes politiques et sociales
Tandis que Hubert Frère-Orban succède progressivement à Charles Rogier comme chef de file des libéraux liégeois, avec des orientations plus marquées dans le sens du libre-échangisme du point de vue économique, du conservatisme du point de vue social et de l'anticléricalisme du point de vue des relations avec le monde catholique, le mouvement ouvrier s'organise sous des formes diverses et s'exprime à travers diverses publications. La création, en 1867-1868, de la section liégeoise de l'Association internationale des travailleurs[...]
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Écrit par
- Jean LEJEUNE : professeur à l'université de Liège, échevin des travaux publics et des Musées de la Ville de Liège
- Xavier MABILLE : président-directeur général du Centre de recherche et d'information sociopolitiques, Bruxelles
. In Encyclopædia Universalis []. Disponible sur : (consulté le )
Média
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