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LES VALSEUSES, film de Bertrand Blier

Les Valseuses est assurément une date dans le cinéma français d'après 1968. Le film frappe encore aujourd'hui par la crudité de ses dialogues, son apparente misogynie, la franchise provocante avec laquelle les rapports sexuels sont représentés. Bertrand Blier, né en 1939, adapte avec ce film son roman à succès. Auparavant, il avait réalisé deux films très différents. D'abord un essai de « cinéma vérité », Hitler connais pas, en 1963, où il filme les débats entre les jeunes du début des années 1960. Puis, c'est un film d'espionnage assez traditionnel en 1967, Si j'étais un espion, avec son père, Bernard Blier, et Bruno Cremer. La révolution sexuelle qui se manifeste, autour de et « après 1968 », modifie radicalement son inspiration qu'il développe d'abord dans un roman intitulé par provocation Les Valseuses (les testicules, en argot populaire), publié en 1972. L'immense succès commercial du long-métrage qu'il tire de son roman lui permet d'enchaîner une série de films tout aussi provocateurs à partir de Calmos (1976) jusqu'à Trop belle pour toi (1989) et Les Acteurs (2000). Préparez vos mouchoirs obtient en 1978 l'oscar du meilleur film étranger, mais c'est Tenue de soirée qui lui offre, en 1986, un nouveau succès populaire grâce à Gérard Depardieu et Miou-Miou, cette fois réunis à Michel Blanc.

Délit de fuite

Deux loubards de banlieue, Jean-Claude et Pierrot, s'amusent à terroriser des femmes seules qu'ils suivent dans la rue pour les draguer ou leur voler leur sac à main. Par désœuvrement, ils « empruntent » une DS qu'ils ramènent à son stationnement après une balade. Le propriétaire les attend avec un revolver et les menace. L'affrontement tourne mal et l'homme blesse par balle Pierrot. Les deux loubards s'enfuient en emmenant avec eux Marie-Ange, la petite amie de l'automobiliste que celui-ci traitait sans ménagement. C'est le début d'une longue cavale pour le nouveau trio, cavale marquée par une succession de vols de voitures. Ils recherchent d'abord un médecin pour soigner Pierrot blessé près d'un testicule. Jean-Claude et Pierrot sautent dans un train régional pour fuir la police. Ils rencontrent une jeune femme (Brigitte Fossey) qui donne le sein à son bébé, avant de rejoindre son mari, militaire. L'un et l'autre vont faire l'amour à Marie-Ange qui se laisse faire dans la plus totale indifférence. Dépités, ils décident d'aborder une femme qui sort de prison. Celle-ci (Jeanne Moreau) accepte de les suivre, et, après un déjeuner copieux fait l'amour avec eux puis se suicide avec leur revolver. Ils s'enfuient et vont chercher le fils de l'inconnue, qui sort également de prison. Ils emmènent Jacques et l'offrent à Marie-Ange qui se laisse faire sans résistance. Mais ce nouvel amant lui procure un plaisir que les deux comparses n'avaient pu lui révéler. Jacques les entraîne au domicile du gardien de prison. Il l'abat froidement. Les deux comparses, surpris, s'enfuient et repartent à l'aventure, croisent une famille de pique-niqueurs dont la fille, adolescente et vierge, va les suivre par provocation. Elle se donne à eux avec détermination. Ils la ramènent à ses parents et repartent vers d'autres horizons.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Michel MARIE. LES VALSEUSES, film de Bertrand Blier [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BLIER BERTRAND (1939- )

    • Écrit par Frédéric STRAUSS
    • 1 088 mots
    • 2 médias

    En Bertrand Blier le cinéma français de comédie a trouvé un disciple dissipé, attentif à remettre en cause les lois d'un genre commercial, en le précipitant dans un univers très personnel, qui bouscule tout autant les repères du cinéma d'auteur.

    Fils du comédien Bernard Blier, Bertrand...

  • DEPARDIEU GÉRARD (1948- )

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 2 424 mots
    • 1 média
    Les Valseuses révèle un trio d'acteurs en même temps qu'un réalisateur : sous la direction de Bertrand Blier, Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Miou-Miou défraient la chronique... Même si ces marginaux se révèlent aussi peu réalistes qu'inquiétants, anarchisme, insolence et audaces...

Voir aussi