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BLIER BERNARD (1916-1989)

« Il n'y a pas de différence entre le théâtre et le cinéma, affirmait Bernard Blier, il y a deux façons de jouer la comédie : la bonne et la mauvaise. » Rectitude et bon sens. On croit entendre Louis Jouvet dont l'acteur suivit les cours au Conservatoire, ce qui lui permit de camper au naturel un de ses élèves dans Entrée des artistes (de M. Allégret, 1938). Né le 11 janvier 1916 à Buenos Aires, Bernard Blier s'éteint à Paris le 30 mars 1989. Sa carrière cinématographique avait débuté en 1937 pour se poursuivre sans interruption, doublée d'interventions théâtrales remarquables. Marcel Achard, Jean Anouilh, Henri Bernstein et André Roussin lui sont redevables d'une bonne partie de leurs succès : ce qui n'empêchait pas l'acteur d'honorer Tristan Bernard ou Georges Feydeau. Le jeu de Pierre Fresnay, lors de sa représentation d'adieux à la Comédie-Française, l'avait ébloui et avait déterminé sa vocation. Acclamé par la critique et par ses camarades, mais dédaigné par le jury, il réussit une sortie brillante et agitée du Conservatoire. C'est le temps de l'immédiat avant-guerre où l'on remarque sa silhouette fugitive dans des films de Marc Allégret (La Dame de Malacca, Gribouille, 1937), de Roger Richebé (L'Habit vert, 1937), de Raymond Rouleau (Le Messager, 1937). Ce dernier lui propose un rôle intéressant dans Altitude 3200, une pièce pour de jeunes comédiens écrite par Julien Luchaire et que Jean Benoît-Lévy tourne en 1938. Déjà se profilent Marcel Carné, qui lui confie deux rôles bien écrits dans Hôtel du Nord (1938) et Le jour se lève (1939), et Christian-Jaque (L'Enfer des anges, 1939) dont l'influence dans les années à venir sera déterminante pour lui. Dès son retour de captivité (1941), Bernard Blier retrouve les studios. Ses apparitions courtes, mais bien typées et frottées d'humour, amusent le spectateur et lui permettent de progresser très vite ; il incarne avec délicatesse le fidèle ami de Berlioz dans La Symphonie fantastique de Christian-Jaque (1942). Des rôles plus nuancés lui sont dévolus dans des comédies de boulevard : Romance à trois (R. Richebé, 1942) ou Domino (R. Richebé, 1943), mais son personnage dans Marie-Martine (A. Valentin, 1943) laisse présager une orientation nouvelle de sa carrière. Il va aborder ainsi une série de rôles de « maris trompés », plus pathétiques que ridicules : le patron du Café du Cadran (J. Gehret, 1946), l'époux éperdu de Suzy Delair dans Quai des Orfèvres (de H. G. Clouzot, 1947), le mari bafoué de Simone Signoret (Manèges, Y. Allégret, 1949), avant de devenir par deux fois un Sganarelle hilarant grâce à Carlo Rim (La Maison Bonnadieu, 1951) et à Sacha Guitry (Je l'ai été trois fois, 1952). Son physique s'étant alourdi, son visage durci et sa calvitie affirmée, Bernard Blier joue désormais en souplesse sur l'antipathie (Dédée d'Anvers, Y. Allégret, 1947 ; Retour à la vie, A. Cayatte, 1948), aussi bien que sur la sympathie (L'École buissonnière, J. P. Le Chanois, 1948 ; Sans laisser d'adresse, J. P. Le Chanois, 1950). Il en arrive à donner vie au Javert des Misérables (J. P. Le Chanois, 1957) et à s'imposer avec discrétion et efficacité au côté de Jean Gabin (douze films dont Les Grandes Familles, 1958, et Le Président, 1960, tous deux de D. de la Patellière).

Il tourne en moyenne quatre films par an. Georges Lautner avec Les Tontons flingueurs (1963) lui a indiqué la voie de la comédie policière parodique, dans laquelle, sans jamais forcer la note, Blier s'ébroue magnifiquement (Les Barbouzes, 1964). Il participe aussi aux films joyeusement anarchistes de Jean Yanne et de Michel Audiard. Il avait entamé en 1957 une longue série de films italiens signés par des réalisateurs tels que Monicelli, Lizzani, Visconti,[...]

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Raymond CHIRAT. BLIER BERNARD (1916-1989) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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