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MACCABÉES LES

Nom d'une famille juive qui vivait à Jérusalem au iie siècle et qui joua un rôle important dans la sauvegarde du judaïsme face à l'hellénisme. Le nom de Maccabée n'appartenait à l'origine qu'au troisième fils du prêtre juif Mattathias, Judas, qui, le premier, combattit pour la liberté religieuse pendant la persécution d'Antiochos Épiphane ; mais, par extension, toute la famille de Judas, tous ses partisans, de même que tous les défenseurs de la religion juive durant la période grecque, furent appelés ainsi. Le terme de Maccabée est peut-être une forme dérivée du mot maggabi qui signifie en araméen « manieur de marteau » et s'appliquerait donc à Judas, le héros de la défense contre les persécuteurs des juifs. Il est néanmoins plus vraisemblable que ce nom vienne de la racine m. q. b. qui signifie « désigner » : Judas serait celui qui fut désigné par Dieu.

Lorsque le roi de Syrie, Antiochos Épiphane (~ 175-~ 164), offrit un sacrifice à Zeus sur un autel à l'emplacement même de celui des holocaustes du temple de Jérusalem, et que toutes sortes d'ordres furent émis pour imposer, par la force, l'hellénisation aux juifs (interdiction de la circoncision, de la lecture de la Loi, nécessité de sacrifier aux dieux grecs), ce fut le signal de la révolte. En ~ 168, à Modin, le prêtre Mattathias non seulement refusa d'offrir le premier sacrifice, mais tua un juif apostat. Beaucoup, y compris les hassidim, se regroupèrent autour de lui et de ses fils. Lorsqu'il mourut en ~ 166, il avait déjà désigné son fils Judas comme chef. Ce dernier fit preuve de génie militaire : en très peu de temps, il défit les généraux syriens et reprit Jérusalem à l'exception de la citadelle de l'Akra. Le temple fut purifié et le culte réintroduit le 14 décembre ~ 164. La fête juive de la Dédicace commémore encore l'événement. Lysias, régent de la Syrie, aux prises avec de grandes difficultés dans son royaume, abandonna la guerre contre Judas de façon inattendue et garantit aux juifs en ~ 163 la liberté religieuse. Bien que les hassidim s'en soient trouvés satisfaits, le combat continua : les Maccabées avaient décidé de ne pas désarmer tant que leur nation ne serait pas libre aussi bien du point de vue politique que du point de vue religieux. Judas fit alliance avec Rome qui cherchait à profiter de toutes les rivalités en Orient, mais il fut tué en ~ 161. Jonathas, son frère, lui succéda. Il ne possédait pas les mêmes qualités de guerrier, mais, grâce à son esprit rusé, sut tirer parti des dissensions existant à l'intérieur du royaume de Syrie. Il réussit à faire régner la paix pendant sept ans, mais finit massacré en ~ 143.

La succession fut dévolue à Simon, le dernier survivant des fils de Mattathias. En ~ 142, il négocia l'indépendance politique de la Judée et, l'année suivante, Démétrios, roi de Syrie, le reconnut chef, grand prêtre et ethnarque de la nation juive ; de plus, ces fonctions étaient reconnues comme héréditaires, si bien que Simon devint le fondateur de la dynastie asmonéenne.

Le IIe Livre biblique des Maccabées au chapitre vii rapporte à titre exemplaire l'histoire de sept frères qui furent exécutés parce qu'ils refusaient de renoncer à la Loi juive. Ces frères, considérés comme des martyrs et des saints aux débuts du christianisme, sont également appelés « Maccabées » par la tradition.

— Marguerite JOUHET

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Écrit par

  • : membre de l'Association catholique française pour l'enseignement de la Bible

Classification

Pour citer cet article

Marguerite JOUHET. MACCABÉES LES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RÉVOLTE DES MACCABÉES

    • Écrit par Gérard NAHON
    • 254 mots

    Rentrés dans leur patrie grâce à Cyrus (— 515), ayant rebâti le Temple de Jérusalem, les Juifs passent de la suzeraineté perse à celle d'Alexandre et de ses successeurs d'Égypte puis de Syrie, Lagides puis Séleucides. Antiochos IV Épiphane instaure le paganisme en Judée...

  • APOCALYPTIQUE & APOCRYPHE LITTÉRATURES

    • Écrit par Jean HADOT, André PAUL
    • 9 934 mots
    ...bafouées, en Égypte, en Asie Mineure, chez les Parthes ou, plus à l'est, dans l'antique Élam. L'insurrection pratiquement contemporaine des Maccabées en Judée ne fut donc pas un fait isolé : elle est à placer dans un contexte bien plus large où motifs religieux et raisons politiques sont à...
  • ESSÉNIENS

    • Écrit par Raoul VANEIGEM
    • 1 223 mots

    La secte juive des esséniens, fondée vers ~ 150 et qui disparaîtra deux siècles plus tard vers 68 après J.-C., a bénéficié d'une connaissance nouvelle avec la découverte, depuis 1947, d'un nombre important de manuscrits recueillis lors des fouilles du Khirbet Qumrān, sur la rive nord-ouest...

  • GRAND PRÊTRE, Israël

    • Écrit par Gérard NAHON
    • 844 mots
    • 1 média

    Titre donné dans l'ancien Israël au titulaire du sacerdoce suprême (hébr. kohen gadol, ha-kohen, kohen ha-roš). Ses attributions majeures sont définies dans l'Exode, dans le Lévitique et dans les Nombres, ainsi que dans le traité talmudique Yoma. Le grand prêtre appartient à...

  • JÉRICHO

    • Écrit par André LEMAIRE
    • 704 mots
    • 1 média

    Ville de la vallée du Jourdain, située à 7 kilomètres au nord de la mer Morte et à 37 kilomètres à l'est de Jérusalem. Jéricho, une des plus anciennes villes connues à ce jour, fut fondée vers ~ 7000, tout près d'une source pérenne très abondante qui transforme cette région desséchée...

Voir aussi