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FUGGER LES

Le déclin

L'esprit d'entreprise disparaît avec Anton. Ni les nouvelles circonstances économiques – Augsbourg est entrée dans l'« ère des grandes faillites » –, ni le caractère des héritiers ne se prêtent à une politique d'envergure. Hans Jacob, qu'Anton a désigné pour lui succéder, est écarté et meurt à Munich. Marx, fils aîné d'Anton, reprend l'affaire en homme prudent ; associant les fils d'Anton, la firme devient « Marx Fugger et ses Frères », la vie de l'entreprise est rythmée par le jeu des faillites espagnoles, celle de 1557 qui atteint toute l'Europe et contraint les belligérants à la paix, celle de 1575 suivie du sac d'Anvers, l'année suivante, et de la chute de la place financière, celles de 1607, de 1627, de 1647 en pleine guerre de Trente Ans. À la fois banqueroute et réduction de dettes, ces opérations entraînent pour les banquiers des pertes importantes. Périodiquement, le pouvoir renouvelle ses demandes de fonds et, pour obtenir le paiement des créances antérieures, la banque doit les accepter en partie. Les transferts de fonds hors d'Espagne deviennent difficiles, la confiance s'amenuise, la guerre des Pays-Bas engloutit les ressources de la monarchie de Madrid. Sur les grandes places financières se dessinent les linéaments d'un monde nouveau dominé par les banquiers génois. « La richesse des Fugger est imaginaire », écrit alors Octavio Centurini. La famille, composée d'une centaine de personnes, subit les conséquences des dettes contractées par les Habsbourg. Ses activités, depuis longtemps limitées aux domaines fonciers, se restreignent encore après la troisième faillite espagnole, après l'inflation du billon et les premiers ravages de la guerre de Trente Ans qui rompt les circuits commerciaux. Favorisés par la règle d'inaliénabilité du patrimoine, élevés à la noblesse par les empereurs, les descendants des bourgeois d'Augsbourg, administrateurs tatillons, s'insèrent dans le régime seigneurial.

Ascension, apogée, déclin, trois éléments qu'unit un style de vie. À l'existence besogneuse des premiers Fugger a succédé, dès Jacob le Riche et surtout avec Anton et ses successeurs, la vie fastueuse du grand négociant de la Renaissance, comte d'Empire, banquier du monarque et du pape, premier à Augsbourg sinon à Vienne, à Anvers et à Francfort.

— Georges LIVET

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Écrit par

  • : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Strasbourg

Classification

Pour citer cet article

Georges LIVET. FUGGER LES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne du XVIe et du XVIIe s.

    • Écrit par Georges LIVET
    • 6 506 mots
    • 7 médias
    L'essentiel de la richesse, sinon de la puissance, demeure dans les villes : celles du Sud, avec Augsbourg et les Fugger, issues du trafic avec l'Italie, pénétrées des influences d'outre-monts, Nuremberg, patrie de Dürer, de Fischer, de Hans Sachs, de Martin Behaim ; celles du Nord, Hambourg,...
  • ZOOLOGIE (HISTOIRE DE LA)

    • Écrit par Valérie CHANSIGAUD
    • 9 226 mots
    • 7 médias
    ...animaux nouveaux qui arrivent en Europe, que l'on collectionne, que l'on cultive ou que l'on élève pour le plaisir et pour marquer son niveau social. C'est le cas des Fugger d'Augsbourg (actifs durant le xvie siècle et jusqu'à la fin de la guerre de Trente Ans), qui tirent leur richesse du...

Voir aussi