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SACHS HANS (1494-1576)

Cordonnier poète, célèbre maître chanteur, Hans Sachs fut un des écrivains les plus productifs de l'époque de la Réforme. Né et mort à Nuremberg, il y passa la plus grande partie de sa vie. Fils d'un tailleur, il commence par fréquenter l'école latine jusqu'à quinze ans, avant d'être mis en apprentissage chez un cordonnier. Au cours de son « tour d'Allemagne » comme compagnon de 1511 à 1516, il entre en contact avec les sociétés de chant des villes qu'il traverse et décide de devenir maître chanteur ; il apprendra la technique du Meistergesang chez Nunnenbeck à Munich. Il revient s'installer dans sa ville natale après avoir parcouru toute l'Allemagne du Sud. Admis en 1518 dans la corporation des maîtres chanteurs, il est reçu en 1523 maître cordonnier. Marié deux fois, père de sept enfants, il mène une existence de bourgeois aisé. Il sera reconnu comme écrivain et renoncera à sa profession de cordonnier pour se consacrer entièrement à la poésie. Il mourra à l'âge de quatre-vingt-deux ans, riche et célèbre. Sa longue vie et sa facilité d'écriture lui permettront de laisser une œuvre immense (plus de six mille titres) de valeur assez inégale.

Dès ses débuts, Hans Sachs introduit des rythmes et des mélodies nouvelles dans les formes anciennes : il allie maîtrise technique et talent inventif, amenant ainsi la tradition du Meistergesang à son achèvement. Il compose, selon l'usage, des chants religieux, puis des œuvres profanes, inspirées de Boccace, qu'il avait lu dans la traduction populaire de Steinhöwel. Il déploie également son humour dans des Jeux de carnaval, genre dans lequel il excellera. À partir de 1520, il met son talent au service de la Réforme à laquelle il adhère ouvertement. Il écrit des œuvres polémiques, dont la plus célèbre, Le Rossignol de Wittenberg, de 1523, utilise une allégorie qui peut aujourd'hui paraître un peu artificielle pour mettre les idées de Luther à la portée de ses contemporains. Aux attaques du clergé, Sachs riposte en 1524 par quatre dialogues en prose où se révèle son indépendance d'esprit et de langage : dans la fameuse Dispute entre un chanoine et un cordonnier, il se met lui-même en scène, donnant ainsi couleur et vie à des discussions religieuses abstraites. Luthérien convaincu, il compose aussi des cantiques et des psaumes. Après la Prophétie sur la papauté de 1527, saisie par la censure, il est réduit au silence pendant trois ans. Mais le Conseil de Nuremberg passe à la Réforme, et Hans Sachs peut se remettre à publier dès 1530. Il produit désormais en quantité massive, dans les genres les plus variés : plus de 4 000 Meistergesänge, 1 800 Spruchgedichte (poèmes gnomiques), environ 200 drames, un grand nombre de mystères, de comédies, de facéties, de narrations, de chroniques et de fables. Pour cette œuvre énorme, Sachs emprunte ses sujets aux auteurs de l'Antiquité ou aux humanistes, mais il crée cependant des personnages vivants en caricaturant certains types représentatifs de la société de son temps : la mégère, le paysan lourdaud, le prêtre lubrique ou l'étudiant rusé. Hans Sachs, à la charnière entre deux époques, a donné naissance à une nouvelle forme de poésie, libérée de l'Église et des idéaux courtois. Son autonomie et son indépendance d'esprit illustrent l'essor de la bourgeoisie de Nuremberg et le rayonnement culturel de cette ville, au même titre que Pirckheimer, Adam Krafft, Peter Vischer ou Albrecht Dürer. Très apprécié de son vivant comme auteur comique, Hans Sachs fut un peu oublié à l'époque baroque à cause de ses faiblesses (schématisme, grossièreté, manque d'élégance). Redécouvert au xviiie siècle, il fut admiré par Goethe et idéalisé par les romantiques. Sa figure sera immortalisée par Wagner dans son opéra Les Maîtres[...]

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Écrit par

  • : agrégée d'allemand, maître de conférences à l'université Paris-IV

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Pour citer cet article

Hélène FEYDY. SACHS HANS (1494-1576) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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