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DIENTZENHOFER LES

Le nom des Dientzenhofer est attaché à une série de monuments qui comptent parmi les plus notables de la Bohême et de la Franconie. C'est de cette dernière région que la famille est originaire, mais on en trouve des représentants à Prague dès les années 1680. Les deux membres les plus importants sont Christoph (1655-1722) et son fils Kilian Ignaz (1689-1751). S'opposant au goût français, dont le propagateur en Bohême était l'architecte Jean-Baptiste Mathey, Christoph Dientzenhofer choisit de développer les idées issues de Guarini : plans reposant sur l'intersection de volumes ovales, piliers placés en diagonale, voûtements complexes faisant appel à l'usage systématique des arcs gauches.

Ces principes sont mis en œuvre avec une maîtrise parfaite à Saint-Nicolas de Malá Strana, à Prague, dont Christoph Dientzenhofer construit la nef entre 1703 et 1711. L'effet d'ondulation, déjà sensible sur la façade, se propage le long du vaisseau principal ; les piliers font saillie entre les chapelles comme des proues de bateaux. La structure de la voûte est rendue peu perceptible par la grande fresque dont Lukas Kracker l'a décorée en 1761. Mais dans une église comme celle du couvent de Banz (1710-1718), située entre Bamberg et Bayreuth, on peut apprécier pleinement l'extraordinaire jeu des arcs gauches, qui viennent comme s'appuyer les uns sur les autres, telles d'immenses accolades entre lesquelles se déploient les segments de voûte.

À Saint-Nicolas de Malá Strana, Kilian Ignaz compléta l'œuvre de son père en ajoutant une coupole et un clocher dans les années 1740-1750. Il en résulte un effet quelque peu contradictoire, car Kilian Ignaz, loin de jouer sur la souplesse des incurvations, semble au contraire vouloir accuser la massivité des volumes qu'il encastre, pourrait-on dire, les uns dans les autres. Son église de Saint-Jean-Népomucène, dite Saint-Jean-sur-le-Rocher, à Prague, en 1730, présente des caractères analogues : la façade paraît s'incurver vers l'extérieur sous la pression des deux tours placées en diagonale qui la flanquent.

— Georges BRUNEL

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres, conservateur des objets d'art des églises de la Ville de Paris

Classification

Pour citer cet article

Georges BRUNEL. DIENTZENHOFER LES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BAROQUE

    • Écrit par Claude-Gilbert DUBOIS, Pierre-Paul LACAS, Victor-Lucien TAPIÉ
    • 20 831 mots
    • 23 médias
    ...l'élément régulateur à la jonction des bâtiments conventuels, très sobres, et de l'église aux volumes mouvementés. Plus tard, à Prague, l'architecte K. I. Dientzenhoffer élève, auprès du dôme majestueux de Saint-Nicolas, de Mala Strana, un gracieux campanile, comme un contrepoint de la pesanteur et de...
  • GRÜSSAU ÉGLISE DE

    • Écrit par Georges BRUNEL
    • 236 mots

    La Silésie est l'une de ces régions marginales où l'écho des modes pratiquées dans les grands centres arrive tardivement, et avec quelques altérations. On y rencontre pourtant des constructions baroques intéressantes, en dehors même de Wrocław (anc. Breslau), la capitale de la province. C'est ainsi...

  • PRAGUE

    • Écrit par Universalis, Marie-Claude MAUREL, Victor-Lucien TAPIÉ
    • 5 215 mots
    • 5 médias
    Le monument le plus remarquable de l'époque est peut-être l'église que, de 1711 à 1740, les architectes Dientzenhofer, le père et le fils, construisirent pour la maison professe des jésuites, Saint-Nicolas de Malá Strana, avec son dôme à nervures et le haut campanile chantourné qui l'assiste....

Voir aussi