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LE PRINTEMPS DE LA RENAISSANCE. LA SCULPTURE ET LES ARTS À FLORENCE 1400-1460 (exposition)

Le goût de l’antique

Pour saisir pleinement les enjeux de la sculpture du Quattrocento florentin, il convient de l’apprécier sur place dans le triple cadre de l’œuvre (par exemple sur les faces d’un tombeau), de l’édifice (en décor intérieur ou extérieur) et du décor urbain (au cœur d’une place). L’exposition ne pouvait pas déplacer le monumental groupe équestre en bronze du Gattamelata (1453), par Donatello, sur la place du Santo à Padoue. Mais le dessin de Paolo Uccello (1436), projet pour sa fresque du Monument équestre de John Hawkwood, à Santa Maria del Fiore à Florence, montre à quel point la peinture a été influencée par la sculpture, fascinée à la fois par l’intensité expressive du volume et par l’effet du bronze. Les visiteurs de l’exposition ont pu aussi admirer la spectaculaire Tête de cheval, dite Protomé Carafa (vers 1455) avec son 1,76 mètre de hauteur, seule partie que Donatello put mener à bien de la commande d’un gigantesque monument équestre pour le roi de Naples Alphonse V d’Aragon. Une œuvre que Vasari dit en 1568 être « si belle que beaucoup la prennent pour une antique ».

Ce nouveau rayonnement des sculptures dans l’environnement urbain a dû aider au désir de multiplication des œuvres, qui s’intensifie lorsque Luca della Robbia invente, vers 1430, la terre cuite émaillée. Cela permet, avec l’utilisation de moules, la reprise de modèles célébrés – les Vierges à l’enfant, notamment – , et d’innombrables combinaisons qui peuvent satisfaire tous les types de commande, et toucher chez l’acheteur à la fois son attachement à une dévotion privée et son goût pour le vocabulaire stylistique de la Renaissance. Car les œuvres ne sont pas destinées qu’aux édifices religieux, et le terme « nouveaux mécènes » n’est pas excessif pour désigner ces grandes familles de la bourgeoisie marchande qui emplissent leurs demeures d’œuvres nouvelles de grande qualité. Le portrait sculpté en buste renaît alors, et le portrait en marbre de Jean de Médicis (vers 1454), par Mino da Fiesole, montre la volonté du commanditaire de se faire représenter « à l’antique », en accord avec les œuvres romaines qu’il collectionnait avec passion.

Ainsi, le temps d’une exposition, la réunion d’un grand nombre de ces créations, dans différents matériaux (du bois au marbre, au bronze, à la terre cuite émaillée), leur rapprochement avec des œuvres gothiques ou antiques qui les ont préparées, des peintures de leur temps, des études préparatoires, des répliques, des arts précieux…, tout cela aide à comprendre, c’est-à-dire à voir. Miracle de beauté, cet art s’est construit sur un terreau riche, et possède toute l’épaisseur de l’histoire.

— Christian HECK

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Écrit par

  • : professeur émérite d’histoire de l’art à l’université de Lille

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Pour citer cet article

Christian HECK. LE PRINTEMPS DE LA RENAISSANCE. LA SCULPTURE ET LES ARTS À FLORENCE 1400-1460 (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Saint Georges</it>, Donatello - crédits :  Bridgeman Images

Saint Georges, Donatello

Le Sacrifice d'Isaac, L. Ghiberti - crédits : L. Mennonna, courtesy of Italian Ministry for Cultural Heritage and Activities

Le Sacrifice d'Isaac, L. Ghiberti

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