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GRAND JEU LE

La rupture avec les surréalistes

Si Breton a, dans un premier temps, accueilli avec bienveillance la naissance du Grand Jeu, il ne tarde pas à être agacé par ces jeunes gens trop soucieux de leur autonomie.

Le 11 mars 1929, les surréalistes organisent une assemblée générale. Plus que « l'examen critique du sort fait récemment à Léon Trotski », thème annoncé, l'objectif principal de cette réunion est avant tout d'envisager une action politique commune entre les surréalistes et plusieurs personnalités plus ou moins proches. Ainsi sont invités à cette réunion les membres du Grand Jeu qui souscrivent collectivement, en y mettant toutefois quelques conditions, à la perspective d'une action révolutionnaire commune avec les surréalistes. Dans les rangs de ces derniers, cependant, certains s'avouent nettement hostiles à l'idée d'une collaboration avec « les petits esthètes du Grand Jeu ». Très vite, Breton accuse le Grand Jeu de ne pas se situer clairement en matière de choix politique. Puis, il dirige sa hargne contre un seul homme, Roger Vailland, coupable d'avoir publié dans Paris-Midi un article élogieux pour le préfet de police Jean Chiappe. Tout en se déclarant choqué par cet article, le Grand Jeu, par la voix de Gilbert-Lecomte, entend ne pas se désolidariser. Breton propose que Vailland publie dans un numéro du Grand Jeu une lettre désavouant l'article incriminé. Mais Vailland, loin de publier un tel texte, adresse une lettre à Breton dans laquelle il met en doute la sincérité de ses accusateurs. La rupture entre le Grand Jeu et les surréalistes est consommée.

Certes, ce « procès » n'a pas atteint l'objectif inavoué de Breton – l'implosion d'un groupe qui avait l'audace de préférer la marge du surréalisme –, mais une fissure est apparue : Vailland s'écartera progressivement de ses anciens phrères simplistes, ouvrant la porte à d'autres dissensions.

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Pour citer cet article

Patrick KRÉMER. GRAND JEU LE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • DAUMAL RENÉ (1908-1944)

    • Écrit par
    • 1 149 mots

    Né à Reims en 1908, fils d'un instituteur qui ne dédaignera pas la plume, René Daumal semble avoir été porté très jeune à une forme d'hermétisme dont son œuvre portera toujours la trace. Il pressent que l'essentiel est ailleurs, sans doute dans les univers parallèles qu'il...

  • GILBERT-LECOMTE ROGER (1907-1943)

    • Écrit par
    • 489 mots

    Né à Reims dans un milieu bourgeois, Roger Lecomte (il ne deviendra Roger Gilbert-Lecomte qu'en 1928 pour se démarquer d'un père incompréhensif et inflexible) rencontre pendant ses années de lycée Roger Vailland et René Daumal avec lesquels il crée, encore adolescent, la revue ...

  • HENRY MAURICE (1907-1984)

    • Écrit par
    • 783 mots

    Le meilleur propagateur de l'esprit surréaliste par voie de presse fut sans doute Maurice Henry. André Breton n'a-t-il pas écrit, en 1946 : « L'idée-image surréaliste, dans toute sa fraîcheur originelle, pour moi continue à se découvrir en Maurice Henry chaque fois qu'un matin encore...

  • MAURICE HENRY, LA RÉVOLTE, LE RÊVE ET LE RIRE (N. Feuerhahn)

    • Écrit par
    • 1 092 mots

    Maurice Henry (1907-1984), authentique précurseur de l'humour nouveau qui se dessine à l'horizon avant la Seconde Guerre mondiale, fut peintre à ses heures ; il a également travaillé comme journaliste et critique d'art et de cinéma, il a illustré de nombreux ouvrages et inventé des objets surréalistes,...

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