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BLONDEEL LANCELOT (1498-1561)

Comme Coecke à Anvers et Lambert Lombard à Liège ou Van Orley à Bruxelles, Blondeel est le principal représentant de la première Renaissance dans la peinture brugeoise du xvie siècle. Franc-maître à Bruges en 1519, il travaille à la décoration de la ville dès l'année suivante, à l'occasion de la « Joyeuse Entrée » de Charles Quint. De fait, la partie décorative tient une grande place dans son œuvre, tendant même à la submerger par sa luxuriance. C'est là un trait encore spécifique de la vieille tradition maniériste du gothique tardif qui se maintient très vivace dans la sculpture ; l'adoption d'un nouveau vocabulaire italianisant et antiquisant ne saurait dissimuler une horreur du vide, une facilité décorative, une conception graphique du remplissage des surfaces qui viennent à l'évidence du gothique flamboyant (et qui sont attestés encore plus parfaitement dans les arts mineurs, dans la tapisserie et dans l'enluminure des manuscrits). Aussi bien Blondeel s'exerça-t-il dans des domaines fort variés, dessinant des projets de sculptures et d'architectures (la cheminée du Franc à Bruges, dont il obtint la commande en 1528 à l'issue d'un concours, reste une de ses plus célèbres créations), des vitraux et des tapisseries, sans compter qu'il fut aussi, comme tant d'artistes du xvie siècle, ingénieur et cartographe. Une de ses œuvres clés est le Saint Luc peignant la Vierge du musée de Bruges, peinture signée et datée de 1545, où la scène d'une typique suavité brugeoise (David, Isenbrandt) est entourée d'un cartouche décoratif aux entrelacs grouillants, tout Renaissance dans l'ornement mais d'une exagération et d'une prolifération qui dépassent encore les maniéristes anversois des années 1510-1520. Cette prodigalité de l'ornement peint encadrant à l'intérieur du tableau la scène principale (l'ornement, il est bien vrai, est une des grandes affirmations du xvie siècle, notamment par le cartouche) est typique de la manière de Blondeel qui renforce souvent son archaïsme crispé par l'emploi d'un fond d'or. On lui attribue encore un très curieux panneau de la Vie de la Vierge conservé à la cathédrale de Tournai où l'architecture décorative tient ici encore la première place ; cette œuvre, dont la paternité a été plusieurs fois contestée, pourrait être de l'extrême fin de la carrière de Blondeel, c'est-à-dire de 1555-1560 environ (l'influence de Pieter Coecke est manifeste).

— Jacques FOUCART

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Écrit par

  • : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre

Classification

Pour citer cet article

Jacques FOUCART. BLONDEEL LANCELOT (1498-1561) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CONSERVATION DES ŒUVRES D'ART

    • Écrit par Germain BAZIN, Vincent POMARÈDE
    • 6 744 mots
    • 4 médias
    ...anciens. Cette polémique était vaine, car, en fait, la restauration des peintures fut pratiquée dès le xvie siècle. En 1550, en effet, Jan Van Scorel et Lancelot Blondeel sont appelés à remettre en état le Retable de l'Agneau mystique de Jan Van Eyck à Gand et, conformément à l'habitude ancienne...

Voir aussi