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KOLLWITZ KÄTHE SCHMIDT (1867-1945)

<em>Les Mères</em>, K. Kollwitz - crédits : Sepia Times/ Universal Images Group/ Getty Images

Les Mères, K. Kollwitz

Une des artistes les plus représentatives de l'expressionnisme allemand par la violence dramatique des thèmes qu'elle traite dans un style puissant, avec une sincérité passionnée. Née à Königsberg dans un milieu profondément socialiste, Käthe Schmidt épousa en 1891 le docteur Kollwitz. Très tôt passionnée de dessin, elle étudia d'abord avec le graveur Rudolf Maurer, puis à Berlin avec Stauffer-Bern. Ses maîtres sont alors Klinger, dont elle admire la puissance et le symbolisme évocateur, Emil Neide, disciple de Courbet. Elle fréquente assidûment les milieux d'artistes de gauche et le jeune lithographe Heinrich Zille. Elle admire Zola, et l'un de ses premiers travaux consiste à illustrer Germinal ; mais c'est avec l'illustration des Tisserands (Die Weber) de Gerhardt Hauptmann que commencent vraiment ses succès dans l'art graphique : six gravures violentes (trois lithos et trois eaux-fortes). Son art est alors controversé : en 1897, tandis que le Kaiser lui refuse une médaille, le conservateur du musée de Dresde, Max Lehrs, achète ses œuvres pour les collections publiques. Avec le groupe des « peintres d'ouvriers », elle travaille au journal socialo-artistique La Nef des fous. Elle reconnut plus tard, dans son journal intime, qu'elle traita le thème de la misère des travailleurs et de la violence des répressions d'abord par sympathie sentimentale, ensuite par volonté de faire œuvre de combat aux côtés du prolétariat. Elle fut alors nommée professeur d'art graphique dans une école spécialisée de Berlin. En 1902, elle produisit une nouvelle suite de gravures : La Révolte des paysans, et dessina pour Simplicissimus. La mort de son fils en 1914 l'ébranla fortement et suscita une nouvelle iconographie contre la guerre. Elle commença un groupe de sculptures qui fut terminé en 1931 : deux personnages de granit, pour le cimetière militaire (près de Dixmude) où reposait son fils. Elle soutint par des affiches la révolution soviétique, et son œuvre fut plusieurs fois exposée en U.R.S.S. bien que Lounatcharski trouvât son réalisme « outré ». En revanche, elle est de plus en plus inquiétée par le gouvernement de son pays, et dans les années trente elle est interrogée par la Gestapo. Ses œuvres sont retirées de tous les musées officiels. Elle s'opposa alors avec une fermeté lucide à tout essai de récupération de son art par les nazis, qui voulaient l'utiliser pour leur propagande : « Je dois rester parmi les victimes », écrivait-elle courageusement (Otto Nagel, Käthe Kollwitz, 1963). Elle traite alors plus de scènes atroces d'enfants morts, de mères affligées, et produit sa dernière grande suite de lithographies en 1927 avec La Mort, toujours mêlée au thème de la maternité. Elle meurt moralement épuisée par une guerre qu'elle n'avait cessé de craindre et de dénoncer.

— Michel MELOT

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Écrit par

  • : directeur de la bibliothèque publique d'information, Centre Georges-Pompidou

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Pour citer cet article

Michel MELOT. KOLLWITZ KÄTHE SCHMIDT (1867-1945) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<em>Les Mères</em>, K. Kollwitz - crédits : Sepia Times/ Universal Images Group/ Getty Images

Les Mères, K. Kollwitz

Autres références

  • GRAVURE

    • Écrit par Barthélémy JOBERT, Michel MELOT
    • 8 567 mots
    • 3 médias
    ..., furent des graveurs. De même c'est par la gravure que l'on saisit le mieux la naissance de l'expressionnisme, avec les œuvres des Allemands Käthe Kollwitz, Ernst Barlach ou de l'Autrichien Alfred Kubin. Dans un sens tout à fait différent, les déformations graphiques inspirées par la...

Voir aussi