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KARNATAKA

Inde : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Inde : carte administrative

Partie du plateau du Deccan habitée par l'ethnie dravidienne de parler kannada. Au début du vie siècle, des conquérants venus du Nord fondent au Karnataka, sur des sites voisins dominant la Malprabha, trois villes qui seront le centre d'un puissant État : Aiholle (Aryapura : la ville des Aryens), Pattadakal et Vâtâpi (moderne Bâdâmi). C'est la première dynastie des Chalukya dits, par la suite, « occidentaux », pour les différencier de leurs héritiers « orientaux » et « postérieurs ». Ils conquièrent la plus grande partie du Deccan et atteignent leur apogée avec Pulakeshin II (609-642) dont le prestige égale aux yeux du monde extérieur celui de son contemporain Harsha, l'empereur du nord de l'Inde. Leurs seuls rivaux sont les Pallava du pays tamoul, qui parviennent à prendre Vâtâpi (642). Les Chalukya s'emparent à leur tour (674) de Kamchi, la capitale pallava, mais sont renversés (757) par une nouvelle dynastie du Karnataka : les Rashtrakuta de Manyakheta (moderne Malked, sur la Bhima).

Ceux-ci unifient à leur tour le Deccan où ils patronneront des chefs-d'œuvre architecturaux comme le Kailasa d'Ellora. Le rayonnement du principal d'entre eux, Amoghavarsha (815-877), en l'absence de tout pouvoir impérial au nord du subcontinent, n'est comparé alors qu'avec celui du calife de Bagdad, du basileus de Constantinople ou de l'empereur de Chine.

Mais les Chalukya n'ont pas tous disparu. La branche dite des Chalukya « orientaux » s'est maintenue dans le royaume de Vengi (viie-xiiie s.) en pays andhra. Celle des Chalukya « postérieurs » est fondée (973) à Kalyani, au nord de Malked, d'où elle déloge le dernier Rashtrakuta.

Aux xie et xiie siècles, l'antagonisme principal au Deccan oppose ces Chalukya « postérieurs » aux Chola dont le roi Rajadhiraja est battu et tué par le Chalukya Someshvara à la bataille de Koppam sur la Krishna, en 1052 ou 1053. Le Chalukya Vikramaditya (1076-1126) occupe plusieurs fois Kanchi, la ville sainte tamoule. Mais à la fin du xiie siècle, après l'usurpation de Bijjala Kalachurya qui voit naître la secte du Lingayats, le pouvoir des Chalukyas s'effrite et est éclipsé par deux nouvelles dynasties : au nord, ce sont les Yadava de Devagiri (entre Ellora et l'actuelle Aurangabad) qui, au début du xiiie siècle, avec Singhana, poussent vers le nord en occupant le Goujarat. Mais bientôt les Yadava, qui supportent le plus fort de la pression musulmane, doivent se soumettre ou s'enfuir vers le sud (1318) où leurs rescapés se joindront aux fondateurs de Vijayanagar. Dans le sud de Karnataka, la dynastie autochtone des Ganga, à forte sympathie jaina (colosse de Shravana Belgola, xe s.), règne du iie au xie siècle dans ses capitales successives de Kolar et Talakad ; tandis que la branche des Ganga « orientaux » est allée se fixer au pays de Kalinga et d'Orissa.

Shiva - crédits : Dinodia Picture Agency, Bombay,  Bridgeman Images

Shiva

Après la suprématie des Chalukya « postérieurs », une nouvelle dynastie locale émerge dans le sud du Karnata : les Hoysala de Dvarasamudra (ou Halebid, près de Belur). Elle est fondée par le jaina Bittiga (1110 ?-1141) qui, sous l'influence du philosophe vishnouite Ramanuja, prend le nom de Vishnuvardhana. Avec son successeur Vira Ballala, les Hoysala unifient le Karnataka, repoussent les Yadaya vers le nord, et deviennent (fin du xiie s.) la première puissance du Deccan. Leur mécénat suscite l'éclosion de l'école originale d'architecture hindoue illustrée par les temples de Halebid et Somnathpur (xiie-xiiie s.). Mais la conquête musulmane balaye le pouvoir des Hoysala comme celui des Yadava et des Kakatya.

— Roland BRETON

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, maître assistant à l'université d'Aix-Marseille

Classification

Pour citer cet article

Roland BRETON. KARNATAKA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

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Autres références

  • AIHOLE

    • Écrit par Bruno DAGENS, Anne-Marie LOTH
    • 863 mots

    Situé dans l'État du Karnataka à une trentaine de kilomètres de Bādāmi, Aihole est un des centres de l'art des Chālukya de Bādāmi (milieu du vie-milieu du viiie siècle environ), probablement celui où se sentent le mieux la diversité de cet art, l'originalité de ses partis architecturaux...

  • INDE (Arts et culture) - L'art

    • Écrit par Raïssa BRÉGEAT, Marie-Thérèse de MALLMANN, Rita RÉGNIER
    • 49 040 mots
    • 67 médias
    Sensiblement plus au sud, dans l'actuel Karṇāṭaka, il existe une autre série de monuments rupestres, due au patronage des Cālukya de Bādāmi, une dynastie dont l'histoire est connue dans ses grandes lignes entre 543 (fortification de la capitale) et environ 740 (défaite face aux Rāṣṭrakūṭa). Des premières...
  • INDO-PAKISTANAISE ARCHÉOLOGIE

    • Écrit par Jean-François JARRIGE
    • 16 935 mots
    • 11 médias
    Les premiers établissements néolithiques du Karnataka, au sud du plateau du Deccan (Mysore et Andhra Pradesh), dont les plus anciens pourraient dater de 3000 avant J.-C., sont constitués par des tertres de cendre (ash-mounds), comme ceux d'Utnur, Kupgal, Kodekal ou Pallavoy. Ces tertres marquent l'emplacement...
  • KANNARA ou KANNADA LANGUE & LITTÉRATURE

    • Écrit par François GROS
    • 2 768 mots

    Le kannara (kannaḍa) est la langue du Karnāţaka, soit, au sud-ouest de la péninsule du Dekkan, la totalité de l'État de Mysore depuis qu'en 1956 on y a rattaché les districts limitrophes où le kannara était majoritaire. La majorité des quarante-deux millions de locuteurs vit dans le Mysore, le reste...

Voir aussi