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PALLAVA

La dynastie Pallava joua un rôle de premier plan dans l'histoire de l' Inde du Sud du viie au ixe siècle. Depuis Kāñcī (puram), sa capitale, elle régnait sur le Toṇḍaimaṇḍalam, région recouvrant sensiblement les districts modernes de Chittoor en Āndhra Pradesh, de Chingleput et d'Arcot-Nord au Tamilnadu ; mais elle contrôla à certains moments de son histoire un territoire beaucoup plus vaste. Les heures brillantes des Pallava coïncidèrent avec un mouvement d'intégration massive des traditions sanskrites dans l'extrême sud de la péninsule du Dekkan, mouvement qui, cependant, ne porta aucun préjudice à la culture régionale comme le montrent, notamment, l'institutionnalisation de vieilles coutumes méridionales et l'éclosion d'une poésie en langue tamoul due à des mystiques appelés Nāyanār (shivaïtes) et Ālvār (vichnouites). Sous le patronage des rois Pallava se développèrent une architecture en pierre et une sculpture raffinées. L'influence Pallava contribua à l'essor culturel d'autres États méridionaux de l'Inde, de Sri Lanka et, au-delà des mers, des antiques royaumes indianisés de l'Asie du Sud-Est (où les plus anciennes inscriptions furent rédigées en sanskrit mais gravées en caractères Pallava).

La dynastie Pallava, Inde du Sud - crédits : Encyclopædia Universalis France

La dynastie Pallava, Inde du Sud

Rama, avatar de Vishnu, art de l'Inde - crédits :  Bridgeman Images

Rama, avatar de Vishnu, art de l'Inde

Trois siècles de lutte pour la suprématie

Le Toṇḍaimaṇḍalam semble bien avoir été le berceau de la famille Pallava. Selon une tradition tardive, l'un de ses membres s'en serait proclamé le roi en même temps qu'il épousait la fille d'un chef de tribu aborigène. Des chartes sur cuivre écrites en moyen-indien à la fin du iiie siècle de notre ère – premiers documents sur la dynastie – font descendre celle-ci du gotra (clan brāhmanique) du sage mythique Bharadvāja ; elles indiquent aussi que Kāñcī était sa capitale et qu'elle dominait alors une partie de l'ancien État Āndhra.

Vers la fin du vie siècle les brumes de la légende se dissipent avec le règne de Simhaviṣṇu qui agrandit son territoire aux dépens de ses voisins les plus méridionaux, tandis que se consolide au nord-ouest de son royaume le domaine des Cāḷukya de Bādāmi. Sous Mahendravarman Ier (env. 600-630), fils de Simhaviṣṇu, et sous Pulakeśin II Cāḷukya commence entre les deux familles la lutte pour la suprématie politique au sud du Dekkan. Le premier acte de cette rivalité s'acheva avec la bataille de Bādāmi où périt Pulakeśin (642) et qui fut suivie de l'occupation de la ville par les Tamouls. Ce triomphe valut à Narasimhavarman Ier (env. 630-668) le titre flatteur de Mahāmalla ou Māmalla (Grand Lutteur) qu'on retrouve dans le nom du port important qui fut, sinon créé, du moins agrandi, équipé et embelli par ses soins : Māmallapuram, aujourd'hui Mahābalipuram au sud de Madras.

Le deuxième acte du conflit est marqué par des victoires incertaines de part et d'autre. Le troisième s'ouvre avec les expéditions conduites par Vikramāditya II Cāḷukya sur Kāñcī qui est occupée. Le fils de Vikramāditya II est le dernier Cāḷukya à porter les armes contre les Pallava ; il sera le dernier des rois de Bādāmi.

À la fin du viiie siècle, les Pallava sont pris en tenaille au nord par les Rāṣṭrakūṭa (ceux-là mêmes qui ont éliminé les Cāḷukya) et au sud par les Pāṇḍya de Madura. La dynastie retrouve momentanément son éclat avec Nandivarman III (844-866), qui entretient une flotte mentionnée dans une inscription trouvée en Thaïlande. À la tête d'une coalition des États menacés par Madura, et principal artisan de la défaite des Pāṇḍya à Kumbhakōṇam (env. 880), Aparājita devient l'arbitre politique de l'ensemble des pays tamouls, mais son vassal le roi Cōḷa (de la région de Tanjore) ouvre contre lui les hostilités et le tue au cours d'un engagement (897). Les institutions fondamentales du royaume de Kāñcī, pas[...]

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Écrit par

  • : chargée de recherche au CNRS, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet

Classification

Pour citer cet article

Rita RÉGNIER. PALLAVA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

La dynastie Pallava, Inde du Sud - crédits : Encyclopædia Universalis France

La dynastie Pallava, Inde du Sud

Rama, avatar de Vishnu, art de l'Inde - crédits :  Bridgeman Images

Rama, avatar de Vishnu, art de l'Inde

Dakshinamurti, le Maître de la Sagesse, art de l'Inde - crédits :  Bridgeman Images

Dakshinamurti, le Maître de la Sagesse, art de l'Inde

Autres références

  • DRAVIDA NAD

    • Écrit par Roland BRETON
    • 393 mots

    Extrémité méridionale de la péninsule indienne où apparaissent ses premiers ensembles politiques comme ses premiers centres d'activité économique ou culturelle. C'est le pays tamul au sens large (Dravida Nad) dit le pays des Trois Royaumes (ou Trarajya) parce que comportant trois unités distinctes...

  • INDE (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Universalis, Christophe JAFFRELOT, Jacques POUCHEPADASS
    • 22 936 mots
    • 25 médias
    À l'époque de Harṣa, l'ancienne dynastie des Pallava acquiert la prééminence dans l'Inde dravidienne. Cet apogée se prolonge durant le viiie siècle. Les Pallava continuent de favoriser la propagation du brahmanisme et du sanskrit, dont leur capitale Kāñcīpuram devient le grand foyer méridional....
  • MAISŪR ou MYSORE

    • Écrit par Rita RÉGNIER
    • 1 787 mots
    • 4 médias
    ...), dont la capitale fut Bādāmi puis Paṭṭadakal, et des Rāṣṭrakūṭa après que ceux-ci eurent évincé les précédents, les Gaṅga combattirent les Pallava à partir du viie siècle puis les Cōḷa, deux dynasties qui exercèrent l'une après l'autre le pouvoir sur le sud-est de la péninsule (Tamilnāḍu)....

Voir aussi