Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

KALMOUKS

L'exode

Sans doute cette mission de Tulišen avait-elle contribué à réveiller la nostalgie de la terre ancestrale ; car, de ce moment, les Kalmouks supportent de moins en moins bien les intrusions des Russes dans le gouvernement du khānat et redoutent de plus en plus une sédentarisation obligatoire. Finalement, en janvier 1771, le khān Ubaši, petit-fils d'Ayuqa, décide, sous la pression de ses conseillers, la rupture des relations avec la Russie et le retour en Djoungarie (le futur Xinjiang septentrional). Quelque 170 000 Kalmouks, à ce que l'on dit, reprennent en sens inverse la route parcourue par leurs ancêtres un siècle et demi auparavant. Cependant, le harcèlement des Kirghiz-Qazaq est plus dur encore, la traversée des déserts, où les malheureux s'enfoncent pour échapper à leurs ennemis, plus pénible. La moitié à peine des fuyards réussit à atteindre les frontières de l'Empire chinois. Au départ, il n'était certainement pas dans leur intention de venir se livrer aux Qing. Mais, à l'arrivée, ils virent qu'ils n'avaient pas d'autre solution. Pour Qianlong, leur soumission ajoutait un prestige considérable à la conquête de la Djoungarie, qu'il avait consommée quinze ans plus tôt, et le consacrait chef temporel des lamaïstes. Pourtant, même affaiblis comme ils l'étaient, il se méfiait d'eux. Aussi les dispersa-t-il dans les marches de son Empire : un groupe seulement retourna dans la vallée de l'Ili, où il retrouva les survivants des massacres de 1757 ; d'autres, au contraire, furent envoyés dans l'Est. Certains aussi rejoignirent, dans l'extrême ouest de la Mongolie Extérieure (dans la région de Khovdo), leurs compatriotes réfugiés là depuis la chute de l'empire ǰü–ngar (ou djoungar).

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S. et à la Fondation nationale des sciences politiques (C.E.R.I)

Classification

Pour citer cet article

Françoise AUBIN. KALMOUKS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • OÏRAT

    • Écrit par
    • 2 087 mots
    • 1 média

    En 1207, Gengis-khan, proclamé depuis l'année précédente empereur, envoyait son fils aîné J̌öči à la conquête des peuples de la forêt de la Sibérie méridionale (cf. mongolie - Histoire). C'est ainsi que les Oirat, qui nomadisaient le long de l'Enisei à l'ouest du lac Baikal, entrèrent...

  • SIBÉRIE

    • Écrit par , et
    • 14 170 mots
    • 6 médias
    Bientôt les Oïrats, à leur tour, sous la conduite d'Esentaidji (1439-1455), fondèrent un empire oïrat ou kalmouk qui s'étendit du lac Balkach au fleuve Jaune, et dont les chefs s'allièrent avec le khan de Sibir en 1620. Ils furent à leur tour dominés par les Mandchous qui occupèrent toute la Chine,...
  • TURCO-MONGOLES LANGUES ET LITTÉRATURES

    • Écrit par
    • 10 204 mots
    ...etc., en même temps que deux vastes chants épiques d'origine populaire étaient composés l'un en mongol, La Geste de Guessar, d'après le texte tibétain qui constitue L'Épopée de Guésar de Ling, l'autre enkalmouk, La Geste de Djanggar, qui célèbre les prouesses du héros kalmouk.