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KĀLIDĀSA (IVe-Ve s. env.)

Śakuntalā

Le sujet de Śakuntalā est tiré du Mahābhārata. On comprend tout le prix de l'art de Kālidāsa quand on voit avec quel bonheur il a transformé la légende pour la rendre plus propre à la scène et plus émouvante. Le roi Duṣyanta est entraîné, au cours d'une chasse, auprès de l'ermitage forestier de Kaṇva. Il aperçoit la fille adoptive de ce dernier, Śakuntalā. L'amour les unit. Mais le roi doit bientôt retourner dans sa capitale. Il lui laisse un anneau et la promesse de la faire chercher le plus tôt possible. Śakuntalā, plongée dans sa rêverie amoureuse, néglige de rendre les devoirs de l'hospitalité au sage Durvāsas qui, toujours irascible, la frappe d'une malédiction : son amant l'oubliera jusqu'à ce que la vue d'un anneau lui redonne la mémoire. Le roi oublie, en effet. Kaṇva envoie Śakuntalā à la cour : comme elle a égaré la bague, Duṣyanta ne la reconnaît pas et la repousse. Śakuntalā, qui était fille de la nymphe Menakā et du sage Viśvāmitra, est emmenée par sa mère au ciel où elle donne naissance à un fils, Bharata. Or, un jour un pêcheur apporte au palais l'anneau qu'il a trouvé dans le ventre d'un poisson. Le roi se souvient et longtemps il recherche son amour perdu. Le hasard lui fera rencontrer d'abord son fils, puis Śakuntalā.

Pièce d'une extrême élégance dans l'expression, d'une grande finesse psychologique, d'un métier très raffiné, parfait, Śakuntalā est le chef-d'œuvre du théâtre indien, par un équilibre qu'il réalise entre cet art pur et une certaine spontanéité. Plus que dans ses autres créations, Kālidāsa a su dans cette pièce mettre de la vie et de la fraîcheur naturelle. Et c'est peut-être ce qui a fait la célébrité de Śakuntalā, son attrait irrésistible sur des esprits aussi divers que les lettrés indiens de toutes les époques et de toutes les confessions ainsi que les romantiques d'Occident.

— Pierre-Sylvain FILLIOZAT

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Pour citer cet article

Pierre-Sylvain FILLIOZAT. KĀLIDĀSA (IVe-Ve s. env.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RĀMĀYAṆA

    • Écrit par Marie-Simone RENOU
    • 2 435 mots
    • 2 médias
    ...épico-lyrique en vingt chants (une quinzaine nous sont parvenus) reprend le sujet du Rāmāyaṇa depuis le début jusqu'au rapt de Sītā par Rāvana. Kālidāsa, le plus grand poète de l'Inde classique, dans le Raghuvamsa (poème en dix-neuf chants et quatorze cents strophes) chante la gloire de...
  • ŚAKUNTALĀ

    • Écrit par Jean VARENNE
    • 634 mots

    Le théâtre indien de langue sanskrite connut son âge d'or au temps des souverains gupta, qui régnaient sur l'Inde du Nord-Ouest entre 300 et 550. C'est justement au ive siècle que se manifeste, selon la plus sûre probabilité, le génie de Kālidāsa, dont les poèmes et les drames...

  • SKANDA, divinité hindoue

    • Écrit par Universalis
    • 456 mots

    Dieu hindou de la guerre, Skanda est le premier fils de Śiva. Il existe de nombreuses légendes, souvent divergentes, qui relatent les circonstances de sa naissance. Il faut y ajouter le récit qu'en fait le poète Kālidāsa (ive ou ve siècle) dans son épopéeKumārasambhava (La Naissance...

Voir aussi