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JUPITER, religion romaine

Le nom de « Jupiter » signifie littéralement : « maître du jour lumineux ». Cette étymologie assurée ne doit pas inciter à en faire pour autant un dieu purement naturaliste. Jupiter est, certes, le maître de la foudre et de l'orage, comme l'attestent les épithètes archaïques de Lucetius, « l'éclatant » (par référence à l'éclair), et de Elicius, « qui attire » (la pluie), mais il est avant tout, selon la définition de Varron, le dieu des summa, de ce qu'il y a de plus haut. Il occupe le sommet du Capitole et les ides lui sont consacrées au terme de la quinzaine croissante de la lune, sommet du mois. En ce sens, il est à Rome le garant de la souveraineté.

À l'époque archaïque, associé à Mars et à Quirinus dans une triade qui exprime les trois aspects essentiels de la société, il entretient des rapports directs avec le roi. Son flamine est particulièrement chargé de s'acquitter des offices religieux de la royauté. Jupiter est de ce point de vue le maître des auspices, instrument religieux du pouvoir, et le garant des contrats. Il se pourrait qu'il ait été plus particulièrement le représentant des aspects magiques de la souveraineté : il est capable de renverser miraculeusement le cours d'une bataille (Jupiter Stator, « celui qui arrête la fuite des Romains ») et le vin lui est consacré en raison de ses vertus enivrantes. L'aspect juridique était peut-être confié à Dius Fidius, dont le nom évoque à la fois le jour lumineux et la fides, la force des engagements. Mais ce dédoublement n'a pas survécu et Jupiter est à Rome le maître des serments.

Vers la fin du vie siècle avant notre ère, au temps de l'expulsion des Étrusques, il fut associé à Junon et Minerve au sein de la triade capitoline qui devait rester l'expression théologique essentielle de la cité romaine. Dans cette triade qui correspond à une nouvelle conception de la société (d'où la fonction royale a été éliminée au profit d'une aristocratie militaire), les deux déesses ne jouent qu'un rôle assez effacé, reléguées dans les chapelles latérales du sanctuaire principal dédié au seul Jupiter. Sous le vocable d'Optimus Maximus, « éminent en générosité et en grandeur », il n'est plus le représentant de la première des fonctions sociales, mais du pouvoir des magistrats dans la cité et surtout de la majesté du peuple-roi. Il reste le maître des auspices détenus par les seuls magistrats, sous le contrôle des augures en leur qualité d'« interprètes » de Jupiter ; d'autre part, la tête humaine découverte dans les fondations de son temple avait été interprétée comme un présage de la domination de Rome sur l'Italie. Dans les nouvelles perspectives de la Rome républicaine, il demeure le dieu souverain.

Très tôt, peut-être dès l'institution de la triade capitoline, il a été ressenti comme l'homologue du Zeus grec, lui aussi garant de la souveraineté. Cette assimilation a sans doute permis de dégager sa théologie des conceptions de la triade primitive et de lui donner le relief qu'il prend sur le Capitole. Mais la mythologie du Zeus grec n'a été étendue au Jupiter romain que dans la littérature. Le Jupiter honoré sur le Capitole n'a jamais habité l'Olympe ni été le fils de Saturne-Cronos ou l'époux de la Junon qui siégeait à ses côtés.

— Jean-Paul BRISSON

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