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CORTÁZAR JULIO (1914-1984)

Un conteur original

Si Cortázar a écrit des vers, donné un poème dramatique : Les Rois (Los Reyes), des études sur Keats et Poe, des traductions et de nombreux articles, il s'est d'abord fait connaître comme conteur.

Bestiaire (Bestiario), paru à Buenos Aires en 1951, marque ses débuts éblouissants. Dans un langage d'une totale simplicité, il évoque un monde irrationnel, hallucinant, des situations étranges que le lecteur ne peut oublier.

Une plus grande insistance sur le plan réaliste et une graduelle disparition de l'atmosphère fantastique caractérisent Fin du jeu (Final del juego, Mexico, 1956), qui reprend certains thèmes de l'enfance avec une tendresse ironique. Certains des leitmotive ultérieurs (le temps, le double) y sont abordés de main de maître.

Trois ans plus tard, les cinq fictions des Armes secrètes (Las Armas secretas) dessinent des personnages bien vivants, poursuivis par des obsessions, des remords, victimes de leur inconscient. Plus longs, plus structurés et médités, ces récits ont tous pour cadre Paris. L'un d'eux a servi de base au film d'Antonioni Blow-Up. Dans El Perseguidor, à travers la vie du saxophoniste noir Johnny Carter, se pose le problème de la conscience créatrice de l'artiste.

Au cours de ses séjours à Rome et à Paris, entre 1952 et 1959, Cortázar écrit un petit livre déconcertant : Historias de cronopios y de famas. Sur un fond de caricature de la vie à Buenos Aires, c'est un choix varié, insolite, de notes, de fantaisies et d'improvisations. Un humour mélancolique, ironique ou violent, plein d'une curieuse poésie s'y déploie dans un style chargé d'images intenses et de trouvailles verbales et psychologiques.

À Buenos Aires, en 1962, paraît une seconde édition de Fin du jeu ; elle contient deux fois plus de contes, et, en un sens, on peut la considérer comme un livre différent.

C'est aussi dans la capitale argentine que paraît le dernier volume de contes de Cortázar, en 1966. Tous les feux, le feu (Todos los fuegos, el fuego) apporte un enrichissement à l'unité de l'œuvre. Ses personnages sont eux aussi prisonniers de mondes clos ou artificiels. Mais un nouvel élément apparaît : la solidarité. Un des récits, « Réunion », s'inspire directement des Passages de la guerre révolutionnaire (Pasajes de la guerra revolucionaria) de Che Guevara. Ce recueil entretient des rapports plus profonds et plus humains avec la réalité.

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Écrit par

  • : agrégée de l'Université
  • : ancien maître de conférences, université de Paris-IV-Sorbonne, U.F.R. de langue et littérature espagnoles

Classification

Pour citer cet article

Jacqueline OUTIN et Jean-Pierre RESSOT. CORTÁZAR JULIO (1914-1984) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Julio Cortázar - crédits : Francois Lehr/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Julio Cortázar

Autres références

  • AMÉRIQUE LATINE - Littérature hispano-américaine

    • Écrit par Albert BENSOUSSAN, Michel BERVEILLER, François DELPRAT, Jean-Marie SAINT-LU
    • 16 898 mots
    • 7 médias
    Julio Cortázar (1914-1984), originaire d’Argentine, a d'abord campé dans les fulgurantes nouvelles de Bestiario (1951, Bestiaire) et de Lasarmas secretas (1959, LesArmes secrètes) un monde irrationnel et étrange, voire hallucinant et angoissant dans Todos los fuegos el fuego(1966,Tous...
  • FÉNELON PHILIPPE (1952- )

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 2 178 mots
    • 1 média
    ...les costumes de la création sont de Yannis Kokkos. Le livret, élaboré par le compositeur, est adapté du poème dramatique Los Reyes de l'Argentin Julio Cortázar. Cortázar et Philippe Fénelon proposent une relecture du mythe du Minotaure, de sa demi-sœur Ariane et du roi Minos. Dans Los Reyes...
  • MARELLE, Julio Cortázar - Fiche de lecture

    • Écrit par Claude FELL
    • 839 mots
    • 1 média

    S'il fallait trouver un dénominateur commun à une majorité de prosateurs argentins contemporains, on pourrait dire que nouvelles et romans nationaux combinent à la fois l'usage de l'humour et l'interrogation sur ce que Borges appelle les grandes « conjectures existentielles » et Cortázar « la gifle...

Voir aussi