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WHITE JOSH (1915-1969)

Josh White est avec Blind Blake un des grands fondateurs du blues de la côte est, ou Piedmont blues. Son jeu de guitare, qui mêle avec bonheur l'influence évidente de Lonnie Johnson avec le fingerpicking de sa Caroline natale, est remarquable, caractérisé par un son cristallin et un splendide vibrato. Certaines de ses pièces – Jesus Gonna Make up my Dying Bed, Little Brother Blues, Jet Black Woman... – comptent parmi les chefs-d'œuvre de la musique populaire américaine. Devenu un des hérauts du courant folk new-yorkais et progressiste, il a considérablement influencé les folksingers des années 1950 et 1960, Pete Seeger, Woody Guthrie et Bob Dylan inclus.

Joshua White naît à Greenville, en Caroline du Sud, peut-être le 11 février 1915, dans une famille très pauvre et très chrétienne. À l'âge de huit ans, ses parents le confient à un prédicateur itinérant et aveugle dont il doit guider les pas. Josh s'occupe du gîte et du couvert de son employeur, lui fait la lecture de la Bible et d'autres publications, choisit au mieux l'endroit où le guitariste va se mettre à chanter et jouer ses sermons. Avant que le spectacle ne commence, Josh rameute les badauds, chante et joue du tambourin. À l'adolescence, Josh possède ainsi toutes les ficelles du show-business ; il a aussi pris conscience de la vie réelle des Noirs dans le Sud : racisme, mépris, lynchages, Ku Klux Klan. Cela forge chez lui une conviction politique qui guidera toute sa vie. Au mois d'octobre 1928, à peine âgé de treize ans, Josh est jugé assez bon guitariste pour enregistrer, débutant ainsi une carrière qui se prolongera sans interruption jusque en 1964. Le public noir lui fait un petit triomphe et Josh, que ce soit dans le domaine du gospel (sous le sobriquet de The Singing Christian) ou dans celui du blues, devient une des grandes vedettes des années 1930.

Josh White décide en 1935 de se fixer définitivement à New York. Il s'y produit dans les meilleurs cabarets de Harlem, en compagnie de la formation jazz de Clarence Williams. Il enregistre dans une veine urbaine, avec le pianiste Walter Roland. Mais ce sont ses qualités de chanteur et de guitariste soliste qui attirent l'attention d'un petit groupe de folkloristes new-yorkais (Charles Louis Seeger, Alan et John Lomax), qui font ainsi adhérer Josh au mouvement folk dès ses débuts. White se produit à Greenwich Village, enregistre de vieux folksongs de protestation revus et corrigés par sa sensibilité.

Josh White rencontre l'acteur et chanteur Paul Robeson, une des rares grandes vedettes noires du cinéma, aussi populaire en Amérique qu'en Grande-Bretagne et en Union soviétique. Celui-ci le fait embaucher dans diverses pièces de théâtre à forte connotation progressiste qui, jouées à Broadway, devant un public essentiellement blanc, élargissent considérablement l'auditoire de Josh. Après un grave accident qui diminue quelque peu ses capacités de guitariste, White forme The Carolinians, un groupe vocal de folksong destiné à son nouveau public. Il enregistre ainsi en 1940 un coffret de 78-tours, Chain Gang Bound, sur le thème de la vie des Noirs dans le Sud avec des textes antiségrégationnistes très puissants. Chain Gang Bound donne lieu dans le Sud à une violente campagne hostile des ligues racistes. Les disques sont brisés en public, écrasés par des camions, ceux qui les vendent reçoivent des menaces. La maison de Josh White est incendiée. Mais la presse nordiste consacre à Josh White une large place, très laudative, et ses disques finissent par connaître un succès considérable, bien au-delà des milieux musicaux. Coqueluche noire des intellectuels libéraux, Josh White passe dès lors dans les cabarets les plus en vue de New York et sur les grandes scènes chics, qui accueillent très rarement des artistes noirs.

En 1941, Josh récidive avec Southern Exposure : an Album[...]

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Gérard HERZHAFT. WHITE JOSH (1915-1969) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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