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HARVEY JONATHAN (1939-2012)

Le compositeur britannique Jonathan Dean Harvey naît le 3 mai 1939 à Sutton Coldfield, dans le Warwickshire. Il doit ses premières impressions musicales à son passage au St Michael's College de Tenbury, où il est choriste de 1948 à1952. « Auditeur fanatique », comme il se surnomme alors lui-même, l'adolescent fait feu de tout bois, se passionnant pour la musique sacrée du xvie siècle, pour Monteverdi, Mozart, Wagner... Sur les conseils de Benjamin Britten, il étudie en privé avec Erwin Stein – un proche d'Arnold Schönberg – puis, à la mort de ce dernier, en 1958, avec Hans Keller, qui l'initie au langage sériel. Harvey obtiendra en 1972 un doctorat de musique de l'université de Cambridge.

En 1966, c'est la « révélation » de Darmstadt : il découvre la musique de Karlheinz Stockhausen, qui va exercer une profonde influence sur lui (Harvey publiera une monographie sur le compositeur allemand, The Music of Stockhausen : An Introduction, Faber, Londres, 1975). Harvey va également rapidement investir les nouveaux univers sonores rendus possibles par les progrès de l'électronique et devenir un adepte de l'école spectrale ; il use de la magie que ces univers recèlent avec la subtilité toute particulière qui caractérise sa création. À la fin des années 1960, sa rencontre avec Milton Babbitt à Princeton est « aussi brève que fascinante », selon ses propres dires.

Beaucoup de ses œuvres des années 1970 (le poème symphonique Persephone Dream, 1972 ; Inner Light 1, pour sept instrumentistes et bande magnétique, 1973 ; Inner Light 2, pour voix, ensemble instrumental et bande magnétique, 1977 ; Premier Quatuor à cordes, 1979) reflètent des préoccupations philosophiques (notamment l'influence des écrits de Rudolf Steiner, dont la mystique spiritualiste a aussi marqué Giacinto Scelsi, Alvin Curran ou Phill Niblock), tout en mettant à profit les potentialités de l'électronique (envisagée comme technique de la densité sonore) au sein d'une écriture « traditionnelle ». Cette application instrumentale de techniques propres à l'électro-acoustique donne naissance à des œuvres où une note individuelle « s'élargit en une mélodie et une harmonie conduisant tout droit au monde spirituel » (selon le précepte de Steiner). Ces pages se rattachent de fait bien plus à la musique spectrale pratiquée par Gérard Grisey, Tristan Murail ou Michaël Lévinas qu'à l'univers sonore de Stockhausen.

Une invitation de Pierre Boulez à venir travailler à l'I.R.C.A.M. au début des années 1980 marque la deuxième période créatrice de Jonathan Harvey, qu'inaugure l'une de ses œuvres les plus connues, Mortuos plango, vivos voco, pour sons concrets – une voix d'enfant (multipliée) associée aux sons de la grande cloche de la cathédrale de Winchester – traités par ordinateur (1980). S'ouvre alors un cycle d'œuvres où prime l'électronique : Bhakti, pour quinze instrumentistes et bande magnétique (1982), Madonna of Winter and Spring, pour orchestre, synthétiseurs et électronique (1986), Valley of Aosta, pour ensemble de chambre et deux synthétiseurs pilotés par ordinateur (1988), Ritual Melodies, pour sons manipulés par ordinateur (1990). Il faut également citer, pour cette période, deux œuvres qui ne font appel ni à l'ordinateur, ni au synthétiseur, ni à la bande magnétique mais dont le traitement sonore aboutit – par le seul biais d'instruments traditionnels – à une impression de sons électroniques : Song Offerings, pour soprano et huit instruments, d'après L'Offrande lyrique de Rabindranath Tagore (1985), et le Deuxième Quatuor à cordes (1989), créé, comme le premier, par le Quatuor Arditti.

Un complexe et virtuose Concerto pour violoncelle et orchestre (1990) est bientôt suivi par ce qui représente la somme[...]

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Écrit par

  • : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio

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Pour citer cet article

Alain FÉRON. HARVEY JONATHAN (1939-2012) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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