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COPLEY JOHN SINGLETON (1738-1815)

Watson and the Shark (<it>Watson et le requin</it>), J. S. Copley - crédits : Founders Society purchase, Dexter M. Ferry Jr. Fund,  Bridgeman Images

Watson and the Shark (Watson et le requin), J. S. Copley

Peintre américain. Copley joue un rôle essentiel dans l'histoire de la peinture américaine, car c'est lui qui la fait passer de la tradition archaïque des « primitifs », caractérisée par un style linéaire à deux dimensions, de caractère idéographique, et par des formules stéréotypées, à une vision beaucoup plus réaliste, remarquablement accordée au génie et au goût de l'Amérique coloniale. Lui-même débute dans la manière primitive (Charles Pelham, env. 1754, coll. part.), mais sans la naïveté des artistes populaires : ses modèles sont plutôt des peintres tels que Robert Feke, qui cherchent à adapter la raideur du style primitif au type du portrait aristocratique à l'anglaise, mis au point par Van Dyck et Kneller et abondamment diffusé par les mezzotintistes. Très vite, cependant, Copley se dégage de cette manière, où l'idée l'emporte sur la perception, pour s'attacher à la représentation du réel avec une objectivité sans précédent dans la peinture américaine. Il décrit chaque objet, chaque personnage, dans ses propriétés concrètes, faisant saillir fortement les volumes, traduisant la texture des étoffes, le velouté des fruits... Il inaugure ainsi une veine illusionniste qu'illustreront après lui Raphaelle Peale et les maîtres du trompe-l'œil américain, William Harnett et John F. Peto. Par l'importance donnée à chaque détail, par l'écriture à la fois analytique et compacte, par les compositions que structure la géométrie des objets même, ces portraits diffèrent sensiblement de leurs modèles anglais, qui subordonnent généralement les effets particuliers à l'effet d'ensemble et représentent les modèles de façon plus frivole et plus fluide. Mais dans leur gravité, leur densité, leur empirisme un peu naïf, si éloignés de la sophistication du portrait contemporain en Europe, ils composent l'image par excellence de la bourgeoisie pragmatique et puritaine qui forme la classe dirigeante de l'Amérique du temps (Mrs. Nathaniel Allen, env. 1763, Minneapolis Institute of Arts ; Henry Pelham, 1765, coll. part. ; Mrs. Thomas Boylston, 1766, Harvard University ; Paul Revere, 1768-1770, Museum of Fine Arts, Boston ; Mrs. Ezechiel Goldthwait, 1770-1771, même musée). Pourtant, Copley, comme d'autres peintres américains que le prestige de l'art européen a poussés à s'expatrier en Italie ou en Angleterre, subit à son tour l'attrait du « grand style ». Il s'applique à peindre des portraits dans le genre de Batoni et de Reynolds (Thadeus Burr, 1758-1760, City Art Museum, Saint Louis ; Jeremiah Lee et Mrs. Jeremiah Lee, 1769, Wadsworth Atheneum, Hartford). En 1774, il quitte l'Amérique pour un « grand tour » au cours duquel il voyage en Italie et assimile l'art de la tradition raphaélesque (L'Ascension du Christ, 1775, Museum of Fine Arts, Boston, tableau admiré par Piranèse et par Gavin Hamilton) aussi bien que le style international de la Rome néo-classique. Il s'établit ensuite à Londres, où, dès 1776, il devient membre de la Royal Academy. Il peut y suivre directement l'exemple de Reynolds et de son compatriote West. Ses portraits, toujours marqués par des dons éclatants, se fondent désormais dans la brillante production de l'âge de Reynolds et de Gainsborough (Mr. and Mrs. Ralph Izard, 1775, Museum of Fine Arts, Boston ; La Famille Copley, 1776-1777, National Gallery, Washington ; Augustus Brine, 1782, Metropolitan Museum, New York ; Les Trois Princesses, coll. de la reine d'Angleterre, Londres). C'est surtout dans le domaine de la peinture d'histoire que Copley apporte une contribution remarquable. Non par ses tableaux religieux (La Drachme du tribut, 1782, Royal Academy, Londres), ni par ses tableaux à sujets littéraires, où il reste trop directement influencé par Romney et peut-être[...]

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Pour citer cet article

Pierre GEORGEL. COPLEY JOHN SINGLETON (1738-1815) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Watson and the Shark (<it>Watson et le requin</it>), J. S. Copley - crédits : Founders Society purchase, Dexter M. Ferry Jr. Fund,  Bridgeman Images

Watson and the Shark (Watson et le requin), J. S. Copley

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques

    • Écrit par François BRUNET, Éric de CHASSEY, Universalis, Erik VERHAGEN
    • 13 464 mots
    • 22 médias
    ...académique n'infirme pas la prééminence du portrait, seule forme d'art légitime et viable dans une société encore très provinciale. Ainsi Benjamin West et John Singleton Copley furent-ils d'abord des portraitistes, avant de s'exiler à Londres, justement pour échapper à ce qu'on a appelé « la corvée du portrait...
  • STUART GILBERT (1755-1828)

    • Écrit par Pierre GEORGEL
    • 519 mots
    • 2 médias

    Peintre américain, Stuart est formé auprès d'un maître écossais, le portraitiste Cosmo Alexander, qu'il accompagne en Écosse en 1772 ; il s'expatrie en Angleterre et en Irlande de 1775 à 1792. Si ses premiers portraits relèvent directement de la tradition archaïque des « primitifs » américains...

Voir aussi