Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

JEUNES-FRANCE

Terme désignant la jeunesse de 1830 gagnée à l'art romantique et aux idées libérales. Cette expression a été empruntée à un journal, La Jeune France, auquel collabore Gozlan en 1829 ; ce même journaliste publiera deux ans plus tard, de mars à octobre 1831, toute une série d'articles où il se retourne contre le nouveau mouvement et ses adeptes pour les ridiculiser.

Les Jeunes-France marquent leur opposition au conformisme de l'époque par la singularité de leur mise : port de la barbe, surabondance de la chevelure (défi jeté aux crânes chauves des académiciens — on se rappelle l'invective jetée par l'un des leurs aux siffleurs d'Hernani : « À la guillotine, les genoux ! »), costume qui traduit l'amour de la vie et de la couleur. Le célèbre gilet — ou plutôt pourpoint médiéval — rouge que Théophile Gautier arbora à la stupeur de toute la salle le soir de la première d'Hernani fait maintenant partie de l'histoire littéraire.

Passionnés d'art, ces jeunes gens furent, dans la guerre opposant les classiques aux romantiques, les soutiens fidèles des drames de Hugo et de Dumas. Ils emportèrent de haute lutte la victoire, non seulement lors de la décisive première d'Hernani, mais durant les trente-cinq autres représentations, livrant chaque soir fidèlement bataille.

Les plus illustres des Jeunes-France, appelés aussi bousingots (mais ce terme insiste davantage sur l'aspect politique), furent les membres du « petit cénacle » et devinrent presque tous des artistes et des poètes de renom. Mais le mouvement se transforma en véritable mode, avec tous les ridicules qui s'y attachent, et consacra le triomphe d'une extravagance trop facile, au point que Théophile Gautier, se retournant contre ses congénères — et sans doute contre ses propres ridicules —, publia en 1833 un livre, Les Jeunes-France, qui est un témoignage précieux et savoureux de la petite histoire du romantisme. Le « bon Théo », l'homme au gilet rouge a bien pu se moquer : presque quarante ans plus tard, il avouera sa nostalgie de son enthousiasme de jeune homme.

— France CANH-GRUYER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

France CANH-GRUYER. JEUNES-FRANCE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CÉNACLES ROMANTIQUES

    • Écrit par France CANH-GRUYER
    • 2 432 mots
    • 1 média
    ...appétit de vie, leur haine de la mesure et de la grisaille des classiques. Leur anticonformisme s'affiche par la singularité d'un costume volontiers médiévalisant et par une surabondance de chevelure qui seront bientôt le signe de ralliement de tous lesJeune-France et de tous les bousingots de Paris.
  • DEVÉRIA ACHILLE (1800-1857) & EUGÈNE (1805-1865)

    • Écrit par Bernard PUIG CASTAING
    • 1 111 mots

    Dans la préface d'Hernani, Victor Hugo définit le romantisme comme « la liberté dans l'art ». Le peintre Achille Devéria ne manqua pas de prendre part à la bataille du romantisme. Dès 1824, l'artiste fréquente le salon de l'Arsenal tenu par Charles Nodier ; il y retrouve le dimanche...

  • LASSAILLY CHARLES (1806-1843)

    • Écrit par France CANH-GRUYER
    • 521 mots

    Charles Lassailly fut l'une des figures les plus représentatives du phénomène des Jeunes-France (ou Bousingots), qui accompagna la révolution romantique. Son enfance fut assombrie par une série d'épreuves (mort tragique du père noyé dans la Loire) qui influèrent fortement sur un tempérament...

  • MAQUET AUGUSTE (1813-1888)

    • Écrit par France CANH-GRUYER
    • 225 mots

    Avant d'être le collaborateur d'Alexandre Dumas, Auguste Maquet fut d'abord l'un de ses plus fervents admirateurs. Il fait partie de cette jeunesse de 1830, dite Jeune-France ou bousingot, qui s'enrôle sous la bannière du drame romantique. Il est du Petit Cénacle, et ses premières...

Voir aussi