Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DEVÉRIA ACHILLE (1800-1857) & EUGÈNE (1805-1865)

Dans la préface d'Hernani, Victor Hugo définit le romantisme comme « la liberté dans l'art ». Le peintre Achille Devéria ne manqua pas de prendre part à la bataille du romantisme. Dès 1824, l'artiste fréquente le salon de l'Arsenal tenu par Charles Nodier ; il y retrouve le dimanche soir, parmi tant d'autres, ses amis Victor Hugo et Théophile Gautier qui lui consacrèrent des odes célèbres. À partir de 1828, Devéria participe aux discussions ardentes dans le Cénacle fondé par Hugo. Après la dislocation de celui-ci, les frères Devéria formèrent leur propre cénacle où se réunissaient, au lendemain de 1830, de nombreux poètes et artistes bohèmes que l'on appelait alors bousingots ou Jeunes-France. Dans son ouvrage De l'Allemagne (1810) Mme de Staël écrivait déjà : « Si, dans un temps quelconque, l'imagination créatrice renaît chez les hommes, ce ne sera sûrement pas en imitant les anciens qu'elle se fera sentir. » — D'où cette opposition du gothique à l'antique tant prônée par les romantiques. Le choix des sujets dans les chroniques du Moyen Âge et de la Renaissance, le remplacement de la notion de beau par celle de caractère sont autant de principes revendiqués par la jeune école, et sans doute faut-il souligner cette totale adhésion des Devéria au mouvement pour comprendre leur œuvre.

Achille Devéria, peintre de genre, étudia chez le vignettiste Lafitte et dans l'atelier du peintre Girodet. Il fait son entrée au Salon en 1822 avec des vignettes et plusieurs portraits au crayon enlevés d'une main déjà très sûre, et en 1827 il présente une aquarelle Philippe le Bon, duc de Bourgogne, passant au cou de sa maîtresse le collier de la Toison d'or. Dans son Salon de 1845 Baudelaire évoque le tableau d'Achille Devéria Sainte Anne instruisant la Vierge, il y trouve des qualités d'élégance et de composition habile. L'année suivante, le poète attira l'attention du public sur Le Repos de la Sainte Famille, le tableau « dont la composition est excellente, écrivait-il, frappe en outre l'esprit par un aspect doux et harmonieux ». Le peintre parut pour la dernière fois au Salon en 1850 avec Périclès, chez Aspasie, reçoit de Phidias son esquisse de la Minerve du Parthénon. L'œuvre peint d'Achille Devéria fut somme toute assez médiocre et ne tarda pas à vieillir ; on se lassa tôt de son maniérisme et de son inspiration puisée dans le répertoire des « ruines ». Il excella par contre dans l'art de la lithographie. Artiste émérite en ce domaine et doué d'un esprit d'observation remarquable, il lithographia plusieurs milliers de pièces comprenant des scènes de tous genres, aussi bien romantiques qu'historiques ou religieuses. Parmi ses meilleures lithographies figurent : Une soirée musicale, Une soirée travestie, et un certain nombre de recueils : Les Heures du jour, 1829 ; Types de femmes de différents pays, 1831 ; Le Langage des fleurs, 1832 ; Costumes historiques pour travestissements, 1831-1839. Ces lithographies représentaient avec fidélité la vie élégante de la Restauration, l'artiste prenant pour modèles ces « femmes coquettes et doucement sensuelles que l'on avait vues et désirées le soir à l'Opéra ou dans les grands salons ». En 1845, Baudelaire s'étonnait de l'ingratitude des critiques envers Achille Devéria : « Pendant de longues années, écrivait-il, celui-ci a puisé, pour notre plaisir, dans son inépuisable fécondité, de ravissantes vignettes, de charmants petits tableaux d'intérieur, de gracieuses scènes de la vie élégante, comme nul n'en a édité depuis. » Nous devons en outre à Devéria de très nombreux portraits lithographiés des célébrités de son temps, notamment Victor Hugo, Chateaubriand, Alexandre Dumas père, Alfred de Vigny, Liszt, Mérimée, Casimir Périer. Il illustra avec génie les œuvres des écrivains[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Bernard PUIG CASTAING. DEVÉRIA ACHILLE (1800-1857) & EUGÈNE (1805-1865) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi