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LEQUEU JEAN-JACQUES (1757-1826)

Presque tous les renseignements que l'on possède sur la vie et l'œuvre de l'architecte Jean-Jacques Lequeu proviennent de sa propre collection de papiers et de dessins, qu'il a donnée à la Bibliothèque royale en 1825 et qui est actuellement conservée au cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale de France. Ce fonds a subi plusieurs altérations assez radicales depuis son entrée à la Bibliothèque nationale : non seulement ses différentes parties ont été réorganisées et certains de ses éléments dispersés dans d'autres fonds, mais il y a lieu de croire que des ajouts ont été faits aux dessins par Marcel Duchamp lui-même ! Par conséquent, Lequeu est une énigme pour l'historien, et la reconstitution de la vie et de la pensée de ce brillant dessinateur est particulièrement compliquée.

Fils d'un maître menuisier, Lequeu suivit les cours du peintre Jean-Baptiste Descamps et de l'architecte Le Brument à l'École gratuite de dessin, peinture et architecture de Rouen, sa ville natale, où il gagna plusieurs prix de 1772 à 1778. Ayant reçu une bourse de son oncle, Lequeu s'installa à Paris en 1779. Il devint l'élève de Jacques Germain Soufflot à l'Académie d'architecture et entra dans son atelier, où il travailla avec François Soufflot le Romain, un parent du grand architecte, sur le projet de l'église Sainte-Geneviève (l'actuel Panthéon). Pour le jardin du secrétaire d'État Henri-Léonard Bertin à Chatou (Yvelines), Lequeu dessina un pavillon chinois, et il aurait complété le château de ce même domaine, commencé par Soufflot en 1779. L'admiration de Lequeu pour Soufflot fut telle que, pendant la Révolution, il aurait aidé Soufflot le Romain à protéger du vandalisme les restes de cet illustre architecte : « Nous fîmes dans une nuit obscur exhumer le cercueil des cendres de cet habile Architecte, pour le porter dans un petit caveau dont il [Soufflot le Romain] fit tout de suite murer sa petite baye inconnue. Soufflot était l'architecte seul du Panthéon. » Cette dernière remarque souligne l'antipathie qu'éprouvait Lequeu envers plusieurs des architectes de l'époque, notamment Jean-Baptiste Rondelet qui acheva le Panthéon de 1791 à 1812.

Sous la direction de Soufflot le Romain, Lequeu travailla à l'hôtel de Montholon, boulevard Poissonnière à Paris, bâti pour le premier président du parlement de Rouen (1785). Le Recueil d'architecture civile de J. Krafft (1813) contient des planches illustrant deux maisons de campagne attribuées à Lequeu, l'une appelée « Cazin de Terlinden » pour madame de Meulenaer à Grawensel en Belgique, l'autre appelée le « Temple du silence » pour le comte de Bouville. Rien ne prouve que ces deux projets ont été réalisés. Lequeu indique qu'il a voyagé en Italie avec ce même comte de Bouville et qu'ils ont visité des maisons de plaisance dessinées par Palladio et Scamozzi. Les dates de ce séjour sont inconnues et il s'agit peut-être d'un voyage imaginaire. Alors que Lequeu avait été admis comme adjoint associé à l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen en 1786, l'état de ses affaires était tel en 1788 qu'il écrivit au comte d'Angiviller, directeur des Bâtiments du roi, pour solliciter sa bienveillance, indiquant que les vicissitudes de la fortune l'avaient privé de son patrimoine familial, qu'il était sans emploi et qu'il n'espérait rien d'autre que « d'Être connu ».

Pendant la Révolution, Lequeu travailla sous la direction de Jacques Cellerier à l'aménagement du Champ-de-Mars pour la fête de la Fédération (1791) et dessina plusieurs projets pour des monuments, notamment un « monument destiné à l'exercice de la souveraineté du peuple en assemblées primaires » (1793) et un projet pour transformer[...]

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Écrit par

  • : diplômé en architecture de l'université de Toronto, Master of Philosophy de l'université Columbia, New York

Classification

Pour citer cet article

Christopher Drew ARMSTRONG. LEQUEU JEAN-JACQUES (1757-1826) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • COLOSSAL, art et architecture

    • Écrit par Martine VASSELIN
    • 3 262 mots
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    ...des masses murales aveugles et unies, et en réfléchissant sur la perception relative des dimensions. Le projet dessiné de la Porte du Parisis, de J.-J.  Lequeu (1793), reprend l'image héroïque d'un immense Hercule à la massue assis à cheval sur une porte triomphale, image du peuple libre. Dans son ...
  • NÉO-CLASSICISME, arts

    • Écrit par Mario PRAZ, Daniel RABREAU
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  • RÉVOLUTION FRANÇAISE ARTS SOUS LA

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