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TRICHET JEAN-CLAUDE (1942- )

Haut fonctionnaire français, il a dirigé la Banque centrale européenne de 2003 à 2011.

Jean-Claude Trichet - crédits : BCE

Jean-Claude Trichet

En novembre 2003, couronnement de sa carrière d'inspecteur des finances, Jean-Claude Trichet passe du siège de gouverneur de la Banque de France à celui de gouverneur de la Banque centrale européenne (B.C.E.). Cette promotion ne semble avoir changé ni sa philosophie économique, ni le type de relations qu'il entretient avec la classe politique française, ce constant défenseur de la rigueur monétaire continuant d'affronter l'hostilité de certains dirigeants français. Si, malgré ces critiques, il mène une carrière brillante, c'est grâce à un comportement courtois et distancié, très représentatif de la haute fonction publique française, mais aussi parce que la politique qu'il incarne est conforme à la pensée économique devenue dominante au sommet des pays industrialisés de Tōkyō en 1979. Le président américain Jimmy Carter avait alors fait entériner l'abandon des politiques keynésiennes et la nécessité de politiques monétaires restrictives pour lutter contre l'inflation. À l'époque, dans l'équipe élyséenne, on trouve Jean-Claude Trichet.

Il est né le 20 décembre 1942 à Lyon, dans une famille d'universitaires. Élève doué, il passe les concours des grandes écoles d'ingénieur. Mais ses résultats le déçoivent. Diplômé de l'École des mines de Nancy, il prépare l'E.N.A., qu'il intègre en 1969. S'il y affirme une sensibilité socialisante, celle-ci se dissout dans le vécu de ses premières années de haut fonctionnaire et dans les tumultes d'une gauche qui semble condamnée à l'opposition. À la fin de 1978, il est conseiller technique au secrétariat général de l'Élysée après un bref passage au cabinet du ministre des Finances de René Monory.

L'alternance politique de mai 1981 le renvoie à la direction du Trésor, où il attend son heure. Elle vient en 1986, quand le nouveau ministre des Finances, Édouard Balladur, lui confie la direction de son cabinet.

Depuis le second choc pétrolier, la politique économique française se cherche : elle a connu l'austérité modérée de Raymond Barre, la relance de Pierre Mauroy, la rigueur de Jacques Delors, le franc fort de Pierre Bérégovoy. Pour Jean-Claude Trichet, toutes ces politiques souffrent d'être à courte vue : la relance keynésienne a sombré en un an dans l'inflation et le déficit extérieur ; la contraction de la demande par la rigueur budgétaire ne pouvait que répondre aux efforts entrepris pour redresser les comptes extérieurs ; le franc fort était le moyen de sauver le système monétaire européen. Il propose donc une politique de long terme qu'il baptise la « désinflation compétitive ». Si cette politique repose sur la politique monétaire, comme celle du franc fort, elle n'est pas tournée vers un objectif de change (d'ailleurs, le franc est dévalué en 1986). Son but premier est la disparition de l'inflation et son but ultime, un taux d'intérêt à long terme peu élevé. En effet, une croissance durable suppose un niveau significatif d'investissements. Ces derniers sont d'autant plus importants que leur coût est faible, c'est-à-dire que les taux d'intérêt sont bas. Or une politique continue de lutte contre l'inflation rassure les opérateurs financiers, qui sont prêts à accepter des taux faibles. Cette politique, Jean-Claude Trichet la fonde sur les théories dites de la nouvelle macroéconomie classique, selon lesquelles les anticipations rendent vaine la politique conjoncturelle. Il en trouve la justification concrète dans une courbe représentant l'évolution comparée des taux longs américain et français, qu'il fait régulièrement distribuer à la presse. De 1914 à 1995, le taux français est le plus élevé. Sur les années récentes, la différence la plus grande apparaît en[...]

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Pour citer cet article

Jean-Marc DANIEL. TRICHET JEAN-CLAUDE (1942- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jean-Claude Trichet - crédits : BCE

Jean-Claude Trichet

Autres références

  • DRAGHI MARIO (1947- )

    • Écrit par Jean-Marc DANIEL, Universalis
    • 1 151 mots
    • 1 média
    ...de la dette italienne. Son habileté et sa fermeté, y compris vis-à-vis du gouvernement italien, lui permettent de se porter candidat à la succession de Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE, alors que le poste semblait promis à l’Allemand Axel Weber. Choisi lors du sommet européen de juin 2011, il est...

Voir aussi