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BRIALY JEAN-CLAUDE (1933-2007)

Né à Aumale (aujourd'hui Sour El-Ghozlan, Algérie), Jean-Claude Brialy débute sur scène au milieu des années 1950 après une rencontre décisive avec Jean Marais. Mais c'est au cinéma que l'acteur va connaître une popularité jamais démentie durant un demi-siècle, d'abord en tant que vedette représentant un personnage caractéristique du temps (les années 1960) puis comme talentueux comédien de composition (depuis la décennie de 1980). Tout au long d'une carrière de plus de cent cinquante films, il fera toujours preuve d'une indéniable présence, créant chaque rôle lors du tournage par la rencontre pleine de sens entre son propre tempérament et la vision du cinéaste. Il y faut à la fois assurance et modestie, affirmation de soi et goût de la confrontation avec l'autre, qualités contradictoires auxquelles Brialy ajoute au début une apparente nonchalance. Évitant tout débordement, l'acteur cultivera la retenue dans le drame et la légèreté dans la comédie, aussi loin du « sur-jeu » d'un Pierre Brasseur que du « sous-jeu » d'un Jean Gabin, qui triomphaient à l'époque où il faisait ses études au conservatoire de Strasbourg.

Alors qu'il fréquente la Cinémathèque de la rue d'Ulm, Jean-Claude Brialy rencontre les critiques des Cahiers du cinéma, qui le font jouer dans leurs premiers courts-métrages. Le public le découvre face à Gérard Blain dans Les Cousins (C. Chabrol), sorti au printemps de 1959. Il prend place tout naturellement aux côtés d'une poignée d'autres jeunes comédiens, nés entre 1931 et 1935 et qui s'imposent dans les années 1959-1960 : Jean-Paul Belmondo (À Bout de souffle, J.-L. Godard), Alain Delon (Plein Soleil, R. Clément), Jean-Pierre Cassel (Les Jeux de l'amour, P. de Broca), Philippe Noiret (Zazie dans le métro, L. Malle), Laurent Terzieff (Les Tricheurs, M. Carné). Chacun suivra son propre parcours, Jean-Claude Brialy étant pour sa part rapidement identifié à l'esprit Nouvelle Vague qu'il incarne en jeune premier chez quelques tenants du mouvement (C. Chabrol : Le Beau Serge, 1958 ; Les Godelureaux, 1960 ; P. Kast : Le Bel Âge, 1959 ; J.-L. Godard : Une femme est une femme, 1961 ; A. Astruc : L'Éducation sentimentale, 1961 ; F. Truffaut : La mariée était en noir, 1967 ; J. Aurel : Lamiel, 1967 ; É. Rohmer : Le Genou de Claire, 1970...) ou comme simple silhouette chez d'autres (L. Malle, A. Varda, J. Rivette ou J. Rozier). Mais il promène aussi son personnage chez des metteurs en scène n'ayant rien à voir avec la Nouvelle Vague (M. Boisrond, M. Bolognini, J. Deray, H. Verneuil, J. Duvivier, É. Molinaro, A. Cayatte, R. Vadim, A. Lattuada, C. Costa-Gavras et M. Allégret) et pour lesquels il représente la jeunesse dorée, le dandy tour à tour cynique, insolent ou désabusé, frivole et heureux de paraître.

Lassé de cette image récurrente de séducteur professionnel, Jean-Claude Brialy s'engage alors dans la réalisation d'œuvres nostalgiques et peaufine les clichés d'une douceur de vivre d'un autre siècle, embrassant aussi bien l'univers de l'enfance que celui des maisons closes. Les films pour le grand écran Églantine (1971), Les Volets clos (1972), L'Oiseau rare (1973), Un amour de pluie (1974), suivis de huit téléfilms (1981-1997) dont notamment Les Malheurs de Sophie (1981) et Un bon petit diable (1983) sont des œuvres plaisamment désuètes, mais négligées par la critique parce que souvent d'un ton et d'une forme aux antipodes du cinéma d'auteur de l'époque.

L'élégant charmeur qu'il fut n'occupant plus le haut de l'affiche depuis qu'il a dépassé la quarantaine, Jean-Claude Brialy excelle dorénavant dans des seconds rôles d'homme mûr au passé obscur et au présent trouble auxquels il donne beaucoup d'intensité dans des films[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

Classification

Pour citer cet article

René PRÉDAL. BRIALY JEAN-CLAUDE (1933-2007) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LE BEAU SERGE, film de Claude Chabrol

    • Écrit par Michel MARIE
    • 945 mots
    Le scénario est assez mélodramatique. Il oppose deux anciens amis, figures du « rat des villes et du rat des champs » que Chabrol reprend dans son deuxième film, Les Cousins, avec les mêmes acteurs, Jean-Claude Brialy et Gérard Blain. François est l'étudiant sage, un peu timide et il veut aider...

Voir aussi