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BLAIN GÉRARD (1930-2000)

Né le 23 octobre 1930 à Paris, Gérard Blain écourte très vite ses études et, dès 1943, fait de la figuration dans de nombreux films, comme Les Enfants du Paradis (1945), de Marcel Carné, ou Le Carrefour des enfants perdus (1944), de Léo Joannon. Il joue également au théâtre. Après son service militaire dans les parachutistes, on le voit en 1953 dans Avant le déluge, d'André Cayatte. Il trouve son premier rôle important en 1956 avec Voici le temps des assassins, de Julien Duvivier. François Truffaut l'y remarque, et l'écrit. Ému, Blain le rencontre et lui présente celle qui est alors son épouse, Bernadette Lafont. Truffaut va employer le couple dans son premier court-métrage, Les Mistons (1957).

C'est Claude Chabrol qui fait de Gérard Blain une vedette en lui confiant le rôle-titre du Beau Serge et des Cousins, réalisés en 1958. Face à l'aisance affectée de Jean-Claude Brialy, Blain touche par son côté brut dans le premier film, par sa naïveté provinciale dans le second. Sa sincérité et ce que l'on devine en lui de révolte sourde séduisent. Celui dont la publicité tente de faire « le James Dean français » ne fait pas ensuite une très grande carrière en France, si l'on excepte un rôle de composition dans Les Vierges (1963), de Jean-Pierre Mocky, et, surtout, dans La Peau et les os (1960), de Jean-Paul Sassy. En Italie, il mène une carrière plus fructueuse, commencée avec Les Jeunes Maris (Mauro Bolognini, 1957). Le Bossu de Rome (1960) et L'Or de Rome (1961), de Carlo Lizzani, où il incarne l'esprit de rébellion contre le fascisme, lui valent d'être appelé à Hollywood. Là il tourne Hatari (1962), sous la direction de Howard Hawks. Mais au lieu de continuer à jouer paisiblement le « frenchy », Gérard Blain choisit de faire des films libres, dotés d'une écriture qui leur soit propre, à l'image de son maître, Robert Bresson. Il ne fera plus désormais, comme acteur, que des apparitions, souvent dans des films d'amis.

Lorsque sort en 1971 Les Amis, relation d'amitié entre un homme mûr et un adolescent instable, Truffaut en salue la « totale justesse de ton ». Le Pélican (1973) décrit une passion absolue : un homme condamné à dix ans de prison, déchu de ses droits paternels, tente en vain de reconquérir son fils. Blain traite un sujet propice aux pires épanchements dans des images volontairement froides, comme aplaties. Un enfant dans la foule (1976) est son film le plus autobiographique : durant l'Occupation, un adolescent se cherche, à travers des relations homosexuelles, un père de substitution. Comme dans Le Rebelle (1980), c'est également un amour pur et radical qui lie les héros de Pierre et Djemila (1986), aux antipodes du film à thèse sur les relations de deux cultures. Le plus touchant de ses films est certainement Un second souffle (1978), où un quinquagénaire, incarné par un étonnant Robert Stack, prend conscience des ravages de l'âge sur son corps. Se sachant malade et condamné, Gérard Blain a livré, avec Ainsi soit-il (2000), une œuvre testamentaire, de bout en bout pénétrée par la mort. Ses films sont les tragédies d'un écorché vif, traversées par un esprit de révolte bouillonnant et brouillon, ciselées par une écriture qui se refuse à toute sensiblerie formelle.

— Joël MAGNY

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

Classification

Pour citer cet article

Joël MAGNY. BLAIN GÉRARD (1930-2000) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LE BEAU SERGE, film de Claude Chabrol

    • Écrit par Michel MARIE
    • 945 mots
    Le scénario est assez mélodramatique. Il oppose deux anciens amis, figures du « rat des villes et du rat des champs » que Chabrol reprend dans son deuxième film, Les Cousins, avec les mêmes acteurs, Jean-Claude Brialy et Gérard Blain. François est l'étudiant sage, un peu timide et il veut aider...

Voir aussi