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JAMBLIQUE (250 env.-env. 330)

L'âme et les mathématiques

L'œuvre de Jamblique, assez disparate, ne peut être ramenée à un système. L'auteur procède par compilation plutôt que par construction. Il rapporte les doctrines qu'il admire et qui, souvent, sont hétérogènes. On devra donc se borner à y discerner deux thèmes principaux et, en premier lieu, le thème à la fois néo-pythagoricien et platonicien de l'âme mathématicienne. Jamblique le développe surtout dans son De communi mathematica scientia. Comment un traité d'épistémologie mathématique peut-il être en même temps un traité de l'âme ? Il faut se souvenir ici que Platon, dans le Timée 35a, définit l'âme comme la médiation entre l'intelligible indivis et la division du sensible. Ainsi l'âme assure-t-elle la liaison de l'univers par ses connexions internes. Elle déploie l'intelligible jusqu'à former l'extraposition des corps. Inversement, elle concentre le sensible pour le réintégrer, autant que faire se peut, dans l'intelligible. Or, telle est justement la fonction des mathématiques. Parce que leurs objets sont plus divisés que les pures idées, mais moins que les phénomènes, les mathématiques sont capables de rationaliser les phénomènes en phénoménalisant la pensée. Elles ont le secret d'une multiplication et d'un espace qui demeurent immanents à leur acte constituant. La raison mathématique est donc un ordre moyen, mais actif en ce sens qu'il s'avance vers le sensible pour le ramener à l'idée. Il y a donc une nécessaire connaturalité ente l'âme et les mathématiques. « La notion de l'âme, écrit Jamblique, contient spontanément la plénitude totale des mathématiques. » Jamblique refuse de définir l'âme par un seul type d'intelligibilité mathématique, c'est-à-dire comme une figure, un nombre, un rapport ou tels mouvements astronomiques. Mais il ne veut pas davantage qu'on en fasse la somme de ces objets. L'âme est leur commun pouvoir de constitution et, à travers lui, elle s'accomplit elle-même. En projetant, à partir de sa substance, les raisons mathématiques, l'âme actualise sa fonction médiatrice. Elle se comprend et entre en possession d'elle-même.

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Pour citer cet article

Jean TROUILLARD. JAMBLIQUE (250 env.-env. 330) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MAXIME D'ÉPHÈSE (mort en 370)

    • Écrit par Richard GOULET
    • 264 mots

    Philosophe néo-platonicien du ive siècle, élève d'Aedesius, lui-même disciple de Jamblique. Parallèlement à son travail de philosophie scolaire (Simplicius mentionne un Commentaire sur les Catégories d'Aristote qu'il aurait écrit). Maxime était très versé dans la théurgie et la...

  • NÉO-PLATONISME

    • Écrit par Jean TROUILLARD
    • 2 993 mots
    ...que son maître, Porphyre serait à l'origine de ce qu'on a appelé improprement le « néo-platonisme latin », celui d'Augustin, de Boèce et du Moyen Âge. Jamblique (mort vers 330) est un élève de Porphyre. Néo-pythagoricien, mais aussi fervent adepte du paganisme en son déclin, il réagit contre le « rationalisme...
  • PERGAME ÉCOLE DE

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 149 mots

    École philosophique fondée à Pergame après la mort du philosophe Jamblique, vers 330, par son disciple Aidesios. Elle regroupe Maxime d'Éphèse, Chrysanthe, Priscus et un certain Eusèbe. C'est dans ce milieu et cette tradition jambliquienne, tout particulièrement sous la direction de Maxime...

  • PROCLUS (412-485)

    • Écrit par Jean TROUILLARD
    • 1 989 mots
    ...christianisme accentue sa pression. Porphyre, moins réservé sur ce point que son maître Plotin, a entrepris une polémique contre le christianisme. Mais Jamblique, à son tour, reproche à son prédécesseur sa timidité et tente, dans son traité des Mystères d'Égypte, de justifier les antiques...

Voir aussi