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RUEFF JACQUES (1896-1978)

Né à Paris, Jacques Rueff est ancien élève de l'École polytechnique. Après avoir publié à vingt-cinq ans son premier ouvrage, Des sciences physiques aux sciences morales, il est reçu en 1923 au concours de l'inspection des Finances. Chargé de mission dans le cabinet de Raymond Poincaré (1926), il est l'auteur d'un rapport sur le franc, dans lequel il préconisait les parités finalement retenues dans la loi du 25 juin 1928, qui consacrait le retour à la convertibilité or. De 1927 à 1930, il est membre de la section financière de la Société des Nations, où il s'occupe de mettre en place les plans d'assainissement monétaire de plusieurs pays européens. Après un séjour à l'ambassade de France à Londres en qualité d'attaché financier (1930-1933), il regagne en 1934 le ministère des Finances : sous-directeur à la direction du mouvement général des fonds, ancêtre de l'actuelle direction du Trésor, il en devient directeur au moment de l'arrivée au pouvoir du Front populaire. Parallèlement, il est nommé conseiller d'État en service extraordinaire et enseigne l'économie politique à l'École libre des sciences politiques (1930-1940).

Après la Conférence de Paris de 1944, il devient président de l'Agence interalliée des réparations, poste qu'il occupera jusqu'à sa nomination en 1952 à la Cour de justice de la C.E.C.A. Président du comité des experts chargé par Antoine Pinay d'étudier la situation financière de la France, il est à l'origine du plan de redressement de la fin 1958. L'ensemble des mesures préconisées furent acceptées par le général de Gaulle, alors président du Conseil : remise en ordre des finances publiques et suppression des indexations (exception faite du S.M.I.G.) à l'intérieur ; dévaluation du franc, libération des échanges et retour à la convertibilité externe du franc (devenu « lourd ») à l'extérieur. Juge à la Cour de justice des Communautés européennes (1958-1962), il est nommé en novembre 1959 par Michel Debré co-vice-président (avec Louis Armand) du Comité pour la suppression des obstacles à l'expansion économique.

À partir de juin 1961, date de publication dans Le Monde des premiers articles dans lesquels il met l'accent sur les dangers du Gold Exchange Standard, Rueff va consacrer l'essentiel de ses efforts à exposer ses vues en faveur d'un retour à l'étalon-or ; ses thèses seront très largement reprises par le général de Gaulle dans sa conférence de presse du 4 février 1965 où il dénonce l'hégémonie de la monnaie américaine. C'est ainsi que Rueff prend position contre les droits de tirage spéciaux (D.T.S.), qu'il qualifie de « néant habillé en monnaie » (sept. 1967), et pour une réforme en profondeur du système monétaire international dont une première présentation d'ensemble est donnée dans Le Lancinant Problème des balances des paiements (1966). Les principaux volets de la refonte qu'il préconise, précisés à mesure que s'accélère la dégradation du système international de paiements, sont : la suppression de l'étalon de change-or ; une forte réévaluation du prix du métal jaune ; le rétablissement de la convertibilité du dollar ; l'octroi de prêts à long terme et à bas taux d'intérêt des pays européens et du Japon aux États-Unis pour permettre le remboursement des balances dollar accumulées pendant plus de vingt ans...

Élu en 1964 à l'Académie française, où il succède à Jean Cocteau, il a également été membre de l'Académie des sciences morales et politiques, président du Collège des sciences sociales et économiques et membre du Conseil économique et social.

— François ECK

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Classification

Pour citer cet article

François ECK. RUEFF JACQUES (1896-1978) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHANGE - Le système monétaire international

    • Écrit par Henri BOURGUINAT, Gunther CAPELLE-BLANCARD
    • 6 604 mots
    • 3 médias
    ...bienveillante » (benign neglect policy), de continuer parallèlement à conquérir des positions en Europe ou au Japon, par l'investissement extérieur. Ce que Jacques Rueff devait, à son tour, appeler le « déficit sans pleurs » contribuait aussi à nourrir l'inflation mondiale par une duplication...
  • MONNAIE - Histoire de la monnaie

    • Écrit par Michel BRUGUIÈRE
    • 9 774 mots
    • 7 médias
    ...disparaître comme signe monétaire et qu'il n'existe pas de différence entre monnaie et crédit. À l'inverse, les « monétaristes » de l'école française, tel Jacques Rueff, ont affirmé qu'il n'est pas possible de prolonger à l'excès une falsification du cours commercial des métaux, et qu'il faudra bien, un jour...

Voir aussi