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JANSEN JACQUES (1913-2002)

Rares sont les chanteurs d'opéra à s'être totalement identifiés à un personnage : Jacques Jansen était Pelléas, un rôle qu'il a tenu pendant une quarantaine d'années à l'Opéra-Comique et sur les plus grandes scènes du monde.

De son vrai nom Jacques Toupin, il naît à Paris le 22 novembre 1913. Il étudie le violon et le violoncelle avant d'entrer au Conservatoire de Paris, où il reçoit une double formation de chanteur et de comédien : il fréquente les classes du baryton Charles Panzéra, de la mezzo-soprano Claire Croiza, de Raymond Rouleau et de Louis Jouvet. En 1937, il participe, à la Comédie des Champs-Élysées, aux créations de la comédie musicaleLa Poule noire, de Manuel Rosenthal, et de l'opéra Philippine, de Marcel Delannoy. En 1939, il est engagé à la Comédie-Française ; un an plus tard, il obtient un premier prix de chant. Il opte pour le chant, mais sa formation de comédien lui servira beaucoup dans le répertoire de l'opérette, où il excelle.

En 1941, il débute dans le rôle-titre de Pelléas et Mélisande de Debussy au Grand Théâtre de Genève, sous la baguette d'Ernest Ansermet et il est au côté d'Irène Joachim dans le célèbre enregistrement réalisé cette même année sous la direction de Roger Désormière, et qui reste une version référence. À partir de 1942, il incarne le prince Danilo dans La Veuve joyeuse de Franz Lehár au théâtre Mogador, un rôle qu'il tiendra plus de mille cinq cents fois. Salle Favart, il participe aux premières locales de Malvina de Reynaldo Hahn en 1945 (rôle de Valérien) et de Fragonard de Gabriel Pierné en 1946 (rôle-titre, auprès de Fanely Revoil, qui interprète La Guimard). Il chante également dans Véronique d'André Messager, Ciboulette de Reynaldo Hahn, Les Caprices de Marianne de Henri Sauguet, La Fille de Madame Angot de Charles Lecocq, Mârouf, savetier du Caire, de Henri Rabaud (rôle-titre). Mais sa carrière est désormais indissociable de son rôle fétiche, Pelléas. Il le chante au Theater an der Wien de Vienne en 1946, au festival de Hollande en 1948, au Covent Garden de Londres et au Metropolitan Opera de New York en 1949.

Il débute en 1952 sur la scène du Palais-Garnier, dans Les Indes galantes de Rameau (Ali), un répertoire qu'il retrouve au festival d'Aix-en-Provence en 1956, dans Cithéron de Platée, sous la baguette de Hans Rosbaud. Il chante Pelléas à la Scala de Milan, au Teatro Colón de Buenos-Aires, à l'Opéra de Rome, à la Monnaie de Bruxelles, etc. Au Teatro Colón, il participe aussi à la création locale de Christophe Colomb de Darius Milhaud. Entre 1969 et 1982, il est professeur d'art lyrique au Conservatoire de Paris. Après avoir quitté la scène lyrique, il continue à chanter la mélodie française jusqu'à un âge avancé. Il meurt à Paris le 13 mars 2002.

Jacques Jansen possédait une voix de baryton Martin, légère mais très bien placée, qui se projetait admirablement. Par sa diction et son style, il a montré qu'il n'existait pas de frontière entre les répertoires de l'opérette et de l'opéra-comique. Il a tourné dans quelques films, notamment dans La Malibran, de Sacha Guitry (1944), où il incarnait le violoniste Charles de Bériot. En 1942, dans Le Lit à colonnes de Roland Tual, il doublait Jean Marais pour les parties lyriques de son rôle.

— Alain PÂRIS

Discographie sélective

C. Debussy, Pelléas et Mélisande, avec Irène Joachim (Mélisande), Henri Etcheverry (Golaud), Germaine Cernay (Geneviève), Paul Cabanel (Arkel), Leïla Ben Sedira (Yniold), chorale Yvonne Gouverné, direction Roger Désormière (enregistré en 1941) ; avec Victoria de Los Angeles, Gérard Souzay, Janine Collard, Pierre Froumenty, Françoise Ogéas, chœur Raymond St. Paul, Orchestre national de la radiodiffusion française, direction André Cluytens (enregistré en 1956) ; avec Micheline Grancher,[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Pour citer cet article

Alain PÂRIS. JANSEN JACQUES (1913-2002) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )