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IVOIRE

La tabletterie

Dans l'ivoirerie, la tabletterie apparaît au cours de la seconde moitié du xvie siècle, et elle se maintient jusqu'au début du xixe siècle. Ces objets, considérés aujourd'hui comme des pièces curieuses, étaient alors très prisés et beaucoup plus rares que les objets taillés. Il ne faut pas juger ces pièces selon une optique moderne et ne voir en elles que des produits de série faits à la machine. Elles ne l'étaient en aucun cas, on les fabriquait avec un tour, instrument rare et coûteux, qui fut souvent manié par des princes. La création de ces objets en ivoire, fabriqués mécaniquement, coïncide avec la publication, dans la seconde moitié du xvie siècle, de recueils de planches présentant des modèles en perspective. Les tourneurs ne fabriquaient pas seulement des objets de pure curiosité, mais aussi des reliefs, portraits, paysages, armoiries, devises. Pour réaliser ces travaux, il fallait un patron qui guidait le tour. Ces patrons étaient en bois dur, en cuivre ou en acier. Les bas-reliefs ainsi créés sont reconnaissables à leurs stries. Ces objets étaient donc produits mécaniquement, mais il était très rare de voir plus de deux reliefs identiques. Dans la tabletterie d'art, l'Allemagne eut une place prépondérante, le centre le plus renommé étant Nuremberg avec la famille Zick, puis Dresde et aussi Ratisbonne avec la famille Teuber. La France s'intéressa également à la tabletterie, le cabinet du baron Grollier de Servière le prouve ; quelques pièces de sa collection furent reproduites dans des publications en 1719, à Lyon. Les ouvrages les plus connus d'auteurs baroques, ouvrages illustrés, sont L'Art de tourner, de C. Plumier (Lyon, 1701), Historische Nachricht, de J. G. Doppelmayr (Nuremberg, 1730), ainsi que Vollständiger Unterricht, de J. M. Teuber (Ratisbonne, 1740).

L'éducation princière avait pour principe que les héritiers mâles devaient apprendre un métier manuel, et le choix se portait souvent sur celui de tourneur d'art. La tabletterie fut donc indirectement à l'origine de certaines grandes collections d'ivoires. De nombreux princes et de grands aristocrates ont manipulé un tour, et ce fut pour eux une première raison de s'intéresser à l'ivoire. Les plus importantes et les plus anciennes collections d'ivoires se trouvent donc dans des villes où résidaient les familles royales : Vienne (les Habsbourg), Dresde (les princes saxons), Florence (les Médicis), Copenhague (le château Rosenborg, musée de la famille royale du Danemark).

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Pour citer cet article

Eugen von PHILIPPOVICH. IVOIRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Narval - crédits : Time Life Pictures/ Mansell/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

Narval

Diptyque consulaire, art romain - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Diptyque consulaire, art romain

Diptyque des Lampadii - crédits : The Art Archive/ Musée chrétien/ Dagli Orti/ Picture Desk

Diptyque des Lampadii

Autres références

  • AFRIQUE NOIRE (Arts) - Un foisonnement artistique

    • Écrit par Louis PERROIS
    • 6 862 mots
    • 6 médias
    L'ivoire a surtout servi à faire des bijoux (bracelets, pendentifs), des objets mobiliers (boîtes, gobelets), des trompes d'apparat et quelquefois de petites statuettes. C'est un matériau noble, recherché, difficile à sculpter mais qui acquiert une très belle patine rougeâtre. Les pièces les plus...
  • ARTISANAT

    • Écrit par Denis CHEVALLIER, Universalis, Louis LERETAILLE
    • 7 105 mots
    Les métiers de la joaillerie, de la bijouterie et de la sculpture.Le sculpteur sur ivoire, Francis Migeon (né en 1927) a succédé dans ce métier à son père, et son propre fils reprend à son tour une longue tradition familiale. À la fois créateur et restaurateur, il a notamment refait les boutons en...
  • BEGRĀM

    • Écrit par Jeannine AUBOYER
    • 987 mots
    Mais à côté de ce magnifique ensemble, d'origine ou d'inspiration occidentale, celui des ivoires et des os sculptés, lui aussi, offre un intérêt exceptionnel : provenant à n'en pas douter de l'Inde, il atteste à la fois la réalité du commerce de l'ivoire et la virtuosité des ivoiriers indiens que...
  • BÉNIN ROYAUME DU

    • Écrit par Paul MERCIER
    • 2 906 mots
    • 3 médias
    ...d'argent et d'or ; cette technique était connue ailleurs en Afrique, mais c'est au Bénin – et au Dahomey – qu'elle a été le plus remarquablement employée. L' ivoire était aussi travaillé d'éblouissante façon : défenses d'éléphant tout entières sculptées ou gravées, soit de motifs de vannerie ou de nattage, soit...
  • Afficher les 31 références

Voir aussi