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IRLANDE DU NORD ou ULSTER

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La révolte des ghettos blancs de John Bull

Affrontements dans le Bogside à Derry (12 août 1969) - crédits : Peter Ferraz/ Getty Images

Affrontements dans le Bogside à Derry (12 août 1969)

Cette étincelle jaillit le 5 octobre 1968 à Londonderry, où des manifestants non violents sont molestés par la police nord-irlandaise. Rappelé à l'ordre par Londres, le gouvernement unioniste de Terence O'Neill promet des réformes. Mais, insuffisamment soutenu par les électeurs de la province, abandonné par ses collègues, ébranlé par les désordres de la rue et par les premiers attentats à la bombe perpétrés par les protestants extrémistes de l'Ulster Volunteer Force (U.V.F.), il doit céder la place à son cousin, le major Chichester Clark. Celui-ci commet l'erreur de rappeler les B. Specials, une formation de territoriaux recrutés parmi les pires têtes brûlées de la communauté protestante. À l'été de 1969 – panique ou provocation –, la poudrière explose dans les deux grandes villes d'Ulster. À Londonderry, le ghetto catholique du Bogside se mue en camp retranché et repousse l'assaut des B. Specials. À Belfast, l'affaire tourne vite au pogrom : cent cinquante maisons catholiques sont incendiées, on relève six morts et trois cents blessés. Harold Wilson donne ordre à l'armée anglaise de s'interposer. Dans les ghettos catholiques, les Tommies sont accueillis en libérateurs. Le 20 août 1969, la déclaration de Downing Street définit les axes principaux de la politique anglaise : maintien de l'Ulster dans le Royaume-Uni, « égalité de traitement pour tous les citoyens » de la province. La police nord-irlandaise est reprise en main sur le modèle britannique, et les B. Specials dissous.

Au début de l'été 1970, le conflit change brusquement de nature. Moribonde en 1969, l'I.R.A. redresse la tête dans le même temps qu'elle éclate en deux factions rivales : l'I.R.A. officielle, marxiste et politicienne, et l'I.R.A. provisoire, nationaliste et militaire. En Irlande du Nord, les « provos » supplantent les « officiels », réorganisent leurs réseaux, achètent des armes et se préparent à en découdre avec l'armée qui s'enlise dans un maintien de l'ordre difficile et ingrat que ne vient épauler aucune perspective de solution politique.

Juin 1970 : à Londres, les élections ramènent les conservateurs au pouvoir ; à Belfast, pour la première fois, l'I.R.A. provisoire assure la défense des quartiers catholiques, attaqués par les émeutiers protestants. Le ratissage systématique des quartiers catholiques et quelques actes de brutalité suffisent à braquer la minorité et à convaincre l'I.R.A. que le moment est venu de prendre l'offensive. En février et en mars 1971, les premiers soldats britanniques tombent sous les balles des snipers républicains. Chichester Clark, aux abois, implore des renforts immédiats et une répression accrue. Désavoué par Edward Heath, il remet sa démission. Il est remplacé, le 23 mars 1971, par Brian Faulkner, politicien habile qui esquisse un rapprochement avec les représentants modérés de la communauté catholique, regroupés au sein du Social Democratic and Labour Party ( S.D.L.P.), fondé en août 1970.

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Écrit par

  • : historien, docteur en droit, docteur honoris causa de la National University of Ireland et de l'université d'Ulster (Royaume-Uni)

Classification

Pour citer cet article

Pierre JOANNON. IRLANDE DU NORD ou ULSTER [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Le révérend Ian Paisley manifestant en 1970 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Le révérend Ian Paisley manifestant en 1970

Affrontements dans le Bogside à Derry (12 août 1969) - crédits : Peter Ferraz/ Getty Images

Affrontements dans le Bogside à Derry (12 août 1969)

Le Dimanche sanglant (30 janvier 1972, Derry) - crédits : William L. Rukeyser/ Getty Images

Le Dimanche sanglant (30 janvier 1972, Derry)

Autres références

  • ACCORD DU VENDREDI SAINT

    • Écrit par
    • 302 mots

    Entre la partition de l'Irlande, en 1921, qui maintient six comtés du nord de l'Ulster au sein du Royaume-Uni, et la conclusion de l'accord de paix du 10 avril 1998, la province autonome d'Irlande du Nord a été le théâtre d'un des plus longs conflits qu'aura connus l'Europe...

  • ADAMS GERRY (1948- )

    • Écrit par
    • 1 107 mots

    Ancien barman, accusé d'avoir été un des principaux dirigeants de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), président d'une organisation politique, le Sinn Fein, ayant longtemps prôné le terrorisme, diplomate hors pair et protagoniste indispensable du processus de paix nord-irlandais,...

  • BELFAST

    • Écrit par
    • 318 mots
    • 1 média

    Deuxième ville irlandaise après Dublin et capitale de l'Irlande du Nord, ou Ulster, qui fait partie du Royaume-Uni depuis 1921. Belfast comptait 268 000 habitants en 2005, auxquels il faut ajouter ceux de sa banlieue (Bangor, Hollywood, Newtownards, Lisburn, Carrickfergus, Larne, etc.). Belfast...

  • BLAIR TONY (1953- )

    • Écrit par
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    • 1 média
    Contrairement aux chefs de gouvernement du passé, John Major excepté, Tony Blair a consacré beaucoup de son temps à l'Irlande du Nord, finissant par obtenir un accord de paix (l'accord du vendredi saint), le 10 avril 1998, non sans l'appui du président américain Bill Clinton. D'autres...
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