Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

INDRA

Nom d'un dieu puissant qui domine le panthéon védique, porte le titre de roi et exerce sa souveraineté, au moins théoriquement, sur l'ensemble de la création. Cette dernière est d'ailleurs son œuvre : alors que les autres dieux ne parvenaient pas à triompher des puissances des ténèbres dirigées par l'archidémon Vritra (Vṛtra), l'idée leur vint de « construire » de toutes pièces un champion capable d'en triompher.

Ainsi naquit Indra, héros divin, resplendissant comme le soleil levant. Investi par l'assemblée divine des prérogatives royales, pourvu d'armes invincibles, il provoqua en duel Vṛtra et le tua. Dès lors, les eaux principielles, fécondées par lui, purent couler et enfanter le monde. L'univers organisé succéda au chaos. Chacun des dieux reçut une régence particulière (Mitra a la charge des alliances, Uṣas gouverne les aurores, Lakṣmī maintient la prospérité et l'abondance, etc.) ; Indra supervise l'ensemble de ces activités, tout en se réservant l'exercice de la force physique lorsque l'emploi s'en révèle nécessaire (par exemple, pour assurer le bon fonctionnement du dharma dont le sens est « ordre régulier, loi universelle »).

Les travaux des mythologues modernes, et, notamment, de Georges Dumézil, ont conduit à penser que le Veda reflétait fidèlement la structure fondamentale du panthéon indo-européen : la société divine s'y répartissait en trois grandes fonctions, la première représentant la souveraineté magico-religieuse, la deuxième l'exercice de la force, la troisième le dynamisme producteur de richesses. Dans l'Inde ancienne, Varuṇa incarnait la première fonction, Indra la deuxième, les jumeaux Nāsatya la troisième. Le Veda, cependant, présente Indra comme souverain universel, roi sans partage de la création tout entière (y compris le monde des dieux) ; il est dans une situation semblable à celle de son équivalent gréco-latin Zeus ou Jupiter. Il semble bien que ces trois mythologies (et on trouverait des mythes identiques chez les Germains et les Celtes) gardent le souvenir d'une usurpation du pouvoir par Indra, parfois accusé d'avoir tué son père, ou du moins de l'avoir châtré : il est certain, en effet, que, dans le Veda, Varuṇa est relégué à une place subalterne incompatible avec sa fonction souveraine. Un hymne du Rig-Veda célèbre d'ailleurs la défection des dieux qui « quittent le père Varuṇa pour aller au fils Indra ».

Dans l'hindouisme classique, la position d'Indra est occupée par Viṣnu, cependant que Śiva hérite d'une bonne part de celle de Varuṇa.

— Jean VARENNE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université de Lyon-III

Classification

Pour citer cet article

Jean VARENNE. INDRA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANGKOR

    • Écrit par Bruno DAGENS, Claude JACQUES, Albert LE BONHEUR
    • 4 571 mots
    • 12 médias
    ...temples-montagnes, faits à la ressemblance de la montagne cosmique (le mont Meru), qui est tout ensemble le pivot du monde et le séjour des dieux et de leur roi, Indra ou Mahendra (ce dernier étant aussi un des noms de Śiva). En particulier un culte, ou un rituel, que l'on connaît par un témoignage épigraphique...
  • ASURA

    • Écrit par Jean VARENNE
    • 376 mots

    Les dieux du panthéon védique sont divisés en deux classes : les dévas et les asuras (prononcer : assoura). Le premier terme dérive de la racine div-, qui désigne la lumière du ciel diurne ; le second signifie « souffles de vie ». Il s'agit donc de deux mots également dignes d'évoquer les...

  • BOUDDHISME (Les grandes traditions) - Bouddhisme indien

    • Écrit par Jean FILLIOZAT, Pierre-Sylvain FILLIOZAT
    • 10 641 mots
    • 1 média
    Les divinités reconnues par le Mahāyāna sont les mêmes que celles des écoles anciennes. Une importance plus grande est donnée à Indra, nommé ici Vajrapāni et souvent associé aux grands Bodhisattva, ou même considéré comme l'un d'eux. Une innovation importante est l'introduction de divinités féminines...
  • BRAHMANISME

    • Écrit par Anne-Marie ESNOUL
    • 3 594 mots
    ...naturelles personnifiées : Sūrya, le soleil ; Candra (ou Soma), la lune ; Vāyu, le vent ; Agni, le feu. Les autres offrent des caractères plus anthropomorphes : Yama, premier homme et dieu des morts ; Indra et Varuṇa, figures dominantes de la période précédente ; Kubera, dieu des richesses.
  • Afficher les 11 références

Voir aussi