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HYPERTENSION

Les médecins appellent hypertension artérielle un syndrome multifactoriel dont la traduction clinique est de nature hémodynamique, mais dont les causes appartiennent à la fois à la réactivité intrinsèque du patient (existence d'un désordre physiologique) et à ses habitudes comportementales (influence de l'environnement). C'est pourquoi le traitement de cette pathologie doit combiner un volet médicamenteux et un volet hygiénique. Malgré l'importance du second, qui tend à rationaliser le comportement de l'hypertendu (éviter l'alcool, le tabac, les excès nutritionnels, la sédentarité), nous étudierons principalement ici le problème de la genèse du désordre physiologique, c'est-à-dire la physiopathologie de cette affection.

Un enjeu capital en santé publique

À la suite des progrès économiques et techniques qui ont amené, au xixe siècle, la révolution industrielle en Europe et en Amérique du Nord, les sociétés d’assurances ont mis au point des systèmes de garantie contre les risques de maladie, d’accident ou de décès liés aux nouvelles conditions de vie.

La nécessité d’établir une prévision de ces risques (par le biais de leur probabilité) afin d’en financer sans dommage le coût conduisit les compagnies d’assurances à détecter d’éventuelles « maladies silencieuses ». Le risque d’accident cardio-vasculaire étant dès cette époque très élevé à partir de la cinquantaine, l’invention en 1896, par Riva-Rocci du sphygmomanomètre permit de déceler, avec l’hypertension artérielle, un facteur de risque. Cela conduisit à moduler les contrats d’assurance-vie chez les personnes atteintes de cette anomalie. Toutefois, ce n’est qu’en 1939 que la corrélation risque cardio-vasculaire - hypertension fut établie aux États-Unis par la Blood Pressure Study. En 1947, toujours aux États-Unis (où un décès sur deux était alors d’origine cardio-vasculaire), une enquête portant sur les 28 000 habitants de la ville de Framingham révéla l’utilité du « marqueur » que constitue l’hypertension dans le contexte multifactoriel du risque cardio-vasculaire. En France, l’instauration d’un nouveau rapport médecin-malade à la faveur des lois de protection sociale instituées après la Seconde Guerre mondiale a conduit à des stratégies de détection et de prise en charge de l’hypertension dans lesquelles se sont illustrés, entre autres, Paul Milliez et son école.

Vasomotricité artériolaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Vasomotricité artériolaire

La recherche médicale mettait simultanément en évidence la composante néphrologique d’une hypertension artérielle symptomatique de maladies rénales. Mais à côté de cette hypertension secondaire à des pathologies diverses (notamment endocriniennes) restait à interpréter une forme d’hypertension primaire ou essentielle (largement majoritaire), dans laquelle la cause du trouble tensionnel restait inexpliquée. Cette hypertension primaire était-elle une maladie ou en cachait-elle plusieurs ? La réponse est en cours d'élaboration, en cette fin du xxe siècle. Quoi qu’il en soit, les médecins ont appris, à la suite de larges essais thérapeutiques (comme ceux que mena, en 1970, aux États-Unis, la Veterans Administration), qu’il est bénéfique de normaliser les chiffres tensionnels chez les hypertendus (fig. 1). On les protège ainsi des effets pathogènes que l’élévation tensionnelle entraîne (hypertrophie du ventricule gauche du cœur notamment), comme si l’hypertension essentielle était bien en elle-même une maladie... Elle touche, dans les années 1990, en France, 1 500 000 personnes, dont le traitement est un objectif majeur de santé publique.

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Écrit par

  • : praticien hospitalier à l'hôpital Broussais, maître de conférences à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
  • : ancien chef de clinique, assistant des Hôpitaux
  • : docteur en médecine, docteur ès sciences, directeur de recherche

Classification

Pour citer cet article

Xavier JEUNEMAITRE, Jacques JULIEN et Jean-Baptiste MICHEL. HYPERTENSION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Vasomotricité artériolaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Vasomotricité artériolaire

Régulation physiologique de la pression artérielle - crédits : Encyclopædia Universalis France

Régulation physiologique de la pression artérielle

Signalisation intracellulaire dans le processus de vasodilatation - crédits : Encyclopædia Universalis France

Signalisation intracellulaire dans le processus de vasodilatation

Autres références

  • ADRÉNALINE

    • Écrit par Jacques HANOUNE
    • 3 565 mots
    • 2 médias
    ...phéochromocytome. Il s'agit d'une tumeur développée à partir du tissu chromaffine surrénalien et qui est responsable de 0,5 p. 100 des cas d' hypertension artérielle. Le traitement est uniquement chirurgical, avec un bon pronostic. Le modèle du phéochromocytome a conduit à rechercher des anomalies...
  • ARTÉRIOSCLÉROSE

    • Écrit par Universalis
    • 316 mots

    Maladie artérielle se présentant sous trois formes principales : l'artériosclérose de l'intima ou athérosclérose, dans laquelle des plaques graisseuses (dites d'athérome) se déposent dans la partie la plus interne des vaisseaux sanguins ; l'artériosclérose de Mönckeberg...

  • ATHÉROSCLÉROSE

    • Écrit par Loïc CAPRON
    • 5 353 mots
    • 1 média
    ...mieux établi dans l'athérosclérose est le cholestérol : on diminue le risque de la maladie coronaire en traitant l'hypercholestérolémie. Diabète et hypertension artérielle ont accédé plus récemment au rang d'authentiques facteurs de risque : ce sont des anomalies dont la correction améliore le pronostic...
  • CŒUR - Maladies cardio-vasculaires

    • Écrit par Jean-Yves ARTIGOU, Yves GROSGOGEAT, Paul PUECH
    • 16 174 mots
    • 4 médias

    Les maladies du cœur ( cardiopathies) et celles des vaisseaux représentent actuellement en France et dans les pays industrialisés la première cause de mortalité, avant le cancer et les accidents de la circulation. Au cours des dernières décennies, le profil général des maladies cardio-vasculaires s'est...

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Voir aussi