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ḤUSAYN (626-680)

Deuxième fils de ‘Alī, troisième imām et l'un des principaux « martyrs » (shahīd) des shī‘ites. Après l'assassinat de ‘Alī (661), l'affermissement du pouvoir omeyyade sous le règne énergique et avisé de Mu‘āwiya amène, pour les descendants de ‘Alī et leurs partisans contraints d'accepter le fait accompli, une période de relative mise en veilleuse. À la mort de Mu‘āwiya (680), son fils Yazīd accède au pouvoir et Ḥusayn, chef des ‘Alīdes depuis la mort de son frère aîné al-Ḥasan (669-670), se croit en mesure de faire valoir ses droits au califat contre celui qui est à ses yeux le fils d'un usurpateur. Refusant de prêter le serment d'allégeance au nouveau souverain, il s'enfuit de Damas et gagne La Mecque. Les habitants de Kūfa, en majorité pro-‘alīdes, croient également venue l'occasion propice à un soulèvement contre l'autorité omeyyade et envoient des messagers à Ḥusayn, l'invitant à venir se mettre à leur tête. Il accepte, mais le gouverneur omeyyade ‘Ubayd Allāh reprend rapidement en main la situation à Kūfa et fait contrôler les routes du Hidjāz. Malgré les conseils de prudence, Ḥusayn persiste dans sa décision de marcher sur l'‘Irāq. C'est à Karbalā', avec une poignée de partisans, qu'il se heurte aux troupes omeyyades et qu'il trouve la mort. L'appréciation du fait et les jugements portés sur ses participants diffèrent radicalement dans les traditions sunnites et shī‘ites. Pour les sunnites, la mort de Ḥusayn est attribuée à l'initiative malheureuse d'un sous-ordre outrepassant le commandement du calife. Tout autre est l'interprétation shī‘ite du combat : elle en rejette la responsabilité sur le calife Yazīd et ses agents tout en blâmant les shī‘ites de Kūfa pour avoir abandonné Ḥusayn après l'avoir invité à se mettre à leur tête. Pour cette tradition, la mort de Ḥusayn, comme toute sa vie, du reste, est marquée par des prodiges : prémonitions, interventions angéliques, châtiment des meurtriers. L'anniversaire du « martyre » de Ḥusayn (10 muḥarram, fête de ‘Āshūrā') est le grand jour de deuil des shī‘ites, marqué par d'importantes et pathétiques cérémonies dont le rite principal est la représentation de la « passion » d'al-Ḥusayn.

— Georges BOHAS

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, directeur de l'Institut français d'études arabes de Damas

Classification

Pour citer cet article

Georges BOHAS. ḤUSAYN (626-680) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MARTYRE DE ḤUSAYN

    • Écrit par Jacqueline CHABBI
    • 184 mots
    • 1 média

    Ḥusayn, petit-fils de Mahomet par sa fille Fạ̄tima, chef de la famille du Prophète après le décès de son frère aîné Ḥasan, est appelé en 680 par les habitants de la ville irakienne de Koufa pour prendre la tête de la révolte contre la dynastie omeyyade de Damas. Venu de sa résidence...

  • IRAN - Société et cultures

    • Écrit par Christian BROMBERGER
    • 8 898 mots
    • 3 médias
    L'exaltation du martyre (shahādat) est un autre trait original du shi'isme duodécimain ;elle trouve son origine dans l'« histoire-mythe » de la passion du troisième emām des shi'ites, Hoseyn, tué dans des circonstances atroces par les troupes du calife omeyyade Yazid, en 680, à Karbala...
  • KERBELA ou KARBALĀ

    • Écrit par Philippe OUANNÈS
    • 778 mots
    • 1 média

    Également appelée Mashhad (Mechhed) Ḥusayn, ou Mausolée de Ḥusayn. Ville oasis de l'Irak à quelque 100 kilomètres au sud-ouest de Bagdad, sur les bords du désert, Kerbela (Karbalā) est un des hauts lieux du shī‘isme.

    Le 10 du mois de muḥarram (an 61 de l'hégire ; 10 oct....

  • TA'ZIYÈ, théâtre religieux persan

    • Écrit par Jean CALMARD
    • 1 590 mots

    Substantif verbal féminin d'origine arabe, le mot ta'ziyè signifie tout d'abord témoignage de condoléances. Pour les shī'ites, ce vocable est essentiellement lié aux commémorations du drame de Karbalā qui, au cours du temps, donnèrent naissance à une sorte de jeu de la Passion...

Voir aussi