Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HETZEL JULES, dit P.-J. STAHL (1814-1886)

Véritable détecteur de talents, marquant le monde des lettres du xixe siècle de sa personnalité généreuse, l'éditeur Jules Hetzel écrivit aussi sous le pseudonyme de P.-J. Stahl.

Issu d'une vieille famille alsacienne, fils d'un maître sellier de l'armée et d'une sage-femme, Hetzel passa son enfance à Chartres où de brillants débuts scolaires lui ouvrirent les portes du collège Stanislas à Paris. Afin de ne plus être à la charge de ses parents, il interrompra des études de droit pour entrer en tant que commis chez l'éditeur Paulin. Deux ans plus tard, il en est l'associé, puis fonde sa propre librairie, mi-religieuse, mi-profane.

Sa première publication importante, Scènes de la vie publique et privée des animaux (20 nov. 1840-11 déc. 1842), tableau satirique de la société issue de la révolution de Juillet, réunit les noms de Balzac, de Paul et Alfred de Musset, de Nodier et de sa fille Marie, de Louis Viardot, de Jules Janin, plus un dénommé Stahl qui intrigue fort ses collaborateurs. L'ouvrage, illustré par Grandville, paraît en fascicules hebdomadaires.

Avec deux autres associés, Hetzel va assumer la lourde tache d'éditer La Comédie humaine, de Balzac, de 1842 à 1848, date à laquelle Furne prendra la relève jusqu'en 1852.

Après un recueil de récits, Voyage où il vous plaira, écrit en collaboration avec Musset, il entreprend une seconde publication de longue haleine, Le Diable à Paris, où s'ajoutent aux noms de l'ancienne équipe ceux d'Alphonse Karr, de Briffault, d'Ourliac, d'Auguste Barbier, de Frédéric Soulié, d'Octave Feuillet, d'Arsène Houssaye, de Gautier, de Nerval, de Sue. Gavarni, Tony Johannot, Nanteuil, Berteill et Meissonier furent chargés de l'illustration.

Quand la révolution de 1848 éclate, Hetzel, qui, depuis quelques années déjà, s'occupait de politique et écrivait dans les journaux d'opposition, se lance dans la lutte et devient chef de cabinet de Lamartine au ministère des Affaires étrangères. Après le coup d'État du 2 décembre, il devra partir pour Bruxelles, exil qui durera jusqu'en 1859, mais qui ne freinera en aucune façon les activités du romancier et de l'éditeur ; il fera imprimer clandestinement Les Châtiments de Victor Hugo (1853), qui le chargera aussi de la publication des Contemplations et de La Légende des siècles. Vers la fin de l'exil, il publie La Campagne de Waterloo de Charras ; de retour à Paris, ce sera La Guerre et la Paix de Proudhon (1861), et la correspondance de Maurice et Eugénie de Guérin. Frappé par le génie de Baudelaire, il presse Houssaye de publier Le Spleen de Paris, en attendant que les poèmes soient assez nombreux pour former un recueil. Il avancera même une somme importante au poète ; mais le contrat se trouvera rompu par la suite.

Catulle Mendès, Champfleury, Zola à ses débuts..., Hetzel fut aussi l'éditeur heureux des romans et contes d'Erckmann-Chatrian et de leurs romans nationaux, Madame Thérèse, Le Conscrit de 1813, Waterloo. Il découvre enfin Jules Verne ; le succès de Cinq Semaines en ballon (le premier des cinquante-six Voyages extraordinaires), publié en 1862, fut tel que Hetzel s'attacha par contrat son auteur, qu'il conseillera même souvent sur un plan proprement littéraire.

À partir de 1864, Hetzel réalise son vieux rêve de fonder une bibliothèque enfantine et lance son Magasin d'éducation et de récréation, pour lequel il se fait une joie de reprendre sa plume d'écrivain. Il faut signaler aussi ses livres d'étrennes, qui regroupèrent tout ce que l'époque compta d'esprits éminents dans toutes les disciplines ; ils reflètent bien la curiosité intellectuelle et l'ouverture d'esprit de Hetzel, qui ne fut guère réfractaire qu'à la seule école naturaliste. Il édite enfin Fumée de[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

France CANH-GRUYER. HETZEL JULES, dit P.-J. STAHL (1814-1886) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BERTALL CHARLES ALBERT D'ARNOUX dit (1820-1882)

    • Écrit par Laura NOESSER
    • 845 mots

    Dessinateur, caricaturiste et photographe, Bertall se forme à la scène de genre dans l'atelier de Drolling. Émule de Gavarni, dont il se rapproche par l'inspiration, Bertall retrace l'histoire des mœurs du second Empire dans la presse comique (Magasin pittoresque, L'Illustration...

  • ÉDITION

    • Écrit par Robert ESCARPIT, Philippe SCHUWER
    • 11 212 mots
    • 1 média
    ...plus en plus le rôle du maître d'œuvre dans l'élaboration du fait littéraire. Il a une influence directe et responsable sur la vie culturelle de son pays. Hetzel, par exemple, qui fut l'éditeur de Balzac et de Jules Verne, fut associé avec Jean Macé au développement des bibliothèques publiques...
  • FRÖLICH LORENS (1820-1908)

    • Écrit par Laura NOESSER
    • 851 mots

    Peintre et dessinateur, Lorens Frölich, de nationalité danoise, vient se fixer à Paris de 1857 (où il fréquente l'atelier de Thomas Couture) à 1877, date à laquelle il retourne à Copenhague pour enseigner à l'Académie des beaux-arts. À Paris, il trouve sa voie d'illustrateur grâce à l'éditeur Hetzel,...

  • GEOFFROY HENRI JULES JEAN (1853-1924)

    • Écrit par Laura NOESSER
    • 665 mots

    Peintre et illustrateur, né à Marennes, mort à Paris où son épitaphe au cimetière de Pantin précise qu'il était le « peintre des enfants et des humbles ». Humble et laborieux, il l'était lui-même, vivant au milieu des gens du faubourg qui lui servaient de modèles. Après avoir suivi les cours de...

  • Afficher les 8 références