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GUAN HANQING[KOUAN HAN-K'ING](1210 env.-env. 1300)

Guan Hanqing peut être considéré comme le plus grand des dramaturges chinois. Le choix de son nom personnel Hanqing, « sujet des Han », exprime le patriotisme de l'auteur face à la tyrannie mongole qui s'exerçait alors sur le peuple chinois, composé essentiellement des Han. Ce patriotisme se manifeste surtout par l'esprit de révolte qui anime la plupart de ses pièces.

Celles-ci, néanmoins, ne s'inspirent pas uniquement de l'histoire ; une critique impitoyable de la société de l'époque constitue l'un des thèmes majeurs de l'œuvre de Guan Hanqing.

Il est le peintre sans indulgence de la réalité contemporaine et, conscient de son rôle d'écrivain engagé, il affirme la primauté de l'intelligence sur la force brutale ; il l'exprime en désignant de façon détournée la dynastie mongole par les termes « royaume de Wu » (iiie siècle de notre ère), dans ces deux vers qui terminent la suite de chansons Libre Cours à mes pensées :

Brandissant mon pinceau Je ne crains pas de défier au combat l'armée [du roi Sun de Wu.

La vie d'un lettré

Guan Hanqing naquit à Dadu, la « Grande Capitale », aujourd'hui Pékin. Il connut d'abord la domination des Jin, qui régnèrent de 1115 à 1234 puis celle des Mongols (1280-1368). Par son nom d'origine, Guan, il se considérait comme le descendant du fameux général Guan Yu, défenseur, au iiie siècle, du royaume de Shu des Han.

Les quelques renseignements qu'on possède sur sa vie sont en majorité tirés du Lu gui bu ou Registre des esprits de Zhong Sicheng, daté de 1330, qui fournit, pour chacun des dramaturges de cette époque, une courte note biographique et la liste de ses œuvres. L'édition courante de cet ouvrage a laissé croire, pendant très longtemps, que Guan Hanqing avait été fonctionnaire de l'Office impérial de médecine, mais on sait maintenant que ce n'était pas lui, mais sa famille, qui appartenait à cet office. Cela lui permit néanmoins de figurer au cinquième rang dans la hiérarchie des dix classes imposées à la population par l'administration mongole. Sa qualité de lettré l'aurait relégué au neuvième rang, entre les prostituées et les mendiants, preuve du mépris dont les conquérants accablaient les intellectuels. Il perdit sa femme vers la cinquantaine et, dans un poème dédié à son fils, exprima le chagrin que lui causait ce deuil. Il avait pour amis le poète Wang Heqing, les dramaturges Fei Junxiang, Liang Jinzhi connu aussi comme médecin et surtout Yang Xianzhi auquel il demanda souvent conseil pour ses œuvres dramatiques, d'où le surnom de Yang le Rapiéceur donné à ce dernier. Il voyagea dans le Henan et visita Hangzhou, quelques années après la prise de cette ville par les troupes mongoles en 1279.

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Écrit par

  • : maître assistant honoraire à l'université de Paris-VIII

Classification

Pour citer cet article

LI TCHE-HOUA. GUAN HANQING [KOUAN HAN-K'ING] (1210 env.-env. 1300) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • QU [K'IU]

    • Écrit par Odile KALTENMARK
    • 1 211 mots
    ...et artificielle, il permettait le naturel, la spontanéité. Dans cette première période, presque tous les sanqu sont dus à des auteurs de théâtre : Guan Hanqing, servi par son instinct dramatique, écrit de délicates histoires d'amour (Lamentations dans le boudoir) où la psychologie est soigneusement...

Voir aussi