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GRENATS

Les grenats magnétiques

Historique

Quoique les grenats non magnétiques soient connus de l'homme depuis très longtemps, le premier grenat Y3Al5O12 (YAG) – aussi non magnétique – a été synthétisé seulement en 1951 ; puis, en 1956, Bertaut et Forrat découvrirent le grenat magnétique Y3Fe5O12. Louis Néel expliqua le ferromagnétisme que l'on observe dans les divers grenats magnétiques. À peu près en même temps, Geller et ses collaborateurs aux États-Unis ont élaboré des grenats ayant des compositions chimiques variées, en vue d'affiner la structure cristallographique et de mieux comprendre les interactions magnétiques présentes. Au début, on a étudié des matériaux polycristallins, et vers 1959 les premiers monocristaux de YIG (Y3Fe5O12) ont été obtenus. Depuis lors, une meilleure connaissance de la structure microscopique de ces composants et de leurs propriétés magnétiques a permis de les utiliser dans le domaine des hyperfréquences.

Structure cristalline

Grenat : structure - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grenat : structure

C'est la structure cristalline qui détermine la nature des interactions magnétiques. La structure grenat se classe dans l'holoèdre du système cubique appartenant au groupe d'espace I à 3d-Oh10. Chaque cellule unité contient huit unités de formule A3B2C3O12. Les atomes métalliques (cations) A, B et C se trouvent dans des sites cristallographiques bien définis, entourés respectivement de huit, six et quatre oxygènes, et appelés dodécaédrique (24c), octaèdrique (16a) et tétraèdrique (24d). On note habituellement ces sites {24c} [16a] (24d) (fig. 2). Quoique la structure globale d'un grenat ait une symétrie cubique, tous ces polyèdres d'oxygène sont déformés, par conséquent la symétrie locale d'un site est plus basse et devient soit trigonale, soit tétragonale. Cet abaissement de la symétrie locale détermine les propriétés telles que l'anisotropie magnétocristalline, la magnétostriction et les effets magnéto-optiques.

Cations parmi les trois sites des grenats - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cations parmi les trois sites des grenats

Il existe de nombreuses combinaisons possibles des cations A, B et C ; les seuls facteurs imposant une limite semblent être le rayon ionique et l'équilibre des charges dans la formule moléculaire. Dans les grenats naturels, A est un ion bivalent comme Fe3+, Al3+ ou Cr3+ et C un ion tétravalent comme Si4+. Dans le grenat magnétique Y3Fe5O12, écrit sous la forme Y3Fe2F3O12 pour distinguer les deux sites des ions Fe3+, A est constitué par les ions Y3+, et B et C par les ions Fe3+. L'ion Y3+ peut se substituer entièrement par les ions de terres rares allant du Sm3+ au Lu3+, et partiellement par les ions Pr3+, Nd3+ à cause de leur taille. Les ions Al3+ et Ga3+ peuvent remplacer tous les ions de Fe3+ aux deux sites 16a et 24d, donnant ainsi les grenats Y3Al5O12 (YAG) et Y3Ga5O12 (YGaG), excellentes matrices pour obtenir des matériaux pour laser (YAG dopé au Nd par exemple). Le tableau 3 indique la distribution de quelques cations parmi les trois sites dans les grenats. Cette possibilité de pouvoir introduire divers cations dans la structure nous permet de modifier les propriétés magnétiques des grenats à volonté et ainsi de répondre aux exigences technologiques. Il est également possible d'effectuer une substitution partielle des ions O2— par les ions F.

Le moment magnétique dans les grenats

Structure magnétique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Structure magnétique

Nous utilisons indifféremment le terme moment (exprimé soit en magnétons de Bohr μB, soit en unités électromagnétiques par gramme, u.e.m. g—1) et le terme aimantation (exprimé en unités Gs.g—1) dans ce qui suit. La théorie de Néel rend bien compte de l'aimantation et de sa variation thermique observée dans les grenats, où les trois sites cristallographiques décrits précédemment constituent trois sous-réseaux. L'interaction magnétique dite superéchange entre les ions dans les trois différents sites a lieu par l'intermédiaire des ions O2—. Le résultat est que les moments des ions dans les[...]

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Écrit par

  • : professeur de pétrographie à l'université de Paris-VI-Pierre-Marie-Curie
  • : docteur ès sciences, maître de recherche au C.N.R.S.

Classification

Pour citer cet article

Gérard GUITARD et Ramanathan KRISHNAN. GRENATS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Grenat almandin - crédits : Y. Gautier/ Collection Gautier

Grenat almandin

Grenats : principales espèces - crédits : Encyclopædia Universalis France

Grenats : principales espèces

Grossulaire - crédits : C. Bevilacqua/ De Agostini/ Getty Images

Grossulaire

Autres références

  • ALMANDIN

    • Écrit par Yves GAUTIER
    • 330 mots

    Nésosilicate de fer et d'aluminium, l'almandin est le grenat le plus commun. Il se présente sous forme de cristaux rhombododécaédriques, souvent centimétriques, de couleur rouge à rouge foncé avec des nuances violacées ou brunes.

    Formule : Fe3Al2(SiO4)3 ; système : cubique ; dureté...

  • COULEUR DES MINÉRAUX

    • Écrit par André JULG
    • 3 516 mots
    • 3 médias
    Parmi les silico-aluminates utilisés comme gemmes, les grenats sont les plus courants. Le pyrope, Mg3Al2(SiO4)3, doit sa couleur à des ions Cr3+. En revanche, l'almandin (l'escarboucle des croisés), Fe3Al2(SiO4)3, est coloré par nature par les ions Fe2+ de constitution, ce qui ne l'empêche...
  • ÉCLOGITES

    • Écrit par Gérard GUITARD
    • 1 509 mots
    • 3 médias
    Le grenat des éclogites renferme des proportions variables d'almandin (Fe3Al2Si3O12), de pyrope (Mg3Al2Si3O12) et de grossulaire (Ca3Al2Si3O12), sous forme de solutions solides ; la quantité de grossulaire y est toujours inférieure à 50 moles p. 100. Le clinopyroxène, nommé omphacite, est...
  • GEMMES

    • Écrit par Jean-Paul POIROT, Henri-Jean SCHUBNEL
    • 6 216 mots
    • 26 médias
    La famille des grenats donne plusieurs gemmes : le pyrope, rouge violacé, qu'on rencontre dans des roches ultrabasiques (Afrique du Sud, Bohême) ; l'almandin, rouge sombre à violet, qu'on rencontre dans les gneiss et les micaschistes (Inde, Brésil, Sri Lanka, Madagascar) ; la spessartine...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi