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GRANGER GILLES GASTON (1920-2016)

Le philosophe Gilles-Gaston Granger occupe une place éminente dans l’histoire de la philosophie du xxe siècle.

Né à Paris le 28 janvier 1920, élève à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm de 1940 à 1943, il est reçu à l’agrégation de philosophie en même temps que Jules Vuillemin, Tran Duc Thao et François Cuzin. Il est nommé professeur au lycée de Dijon (1943-1944) et s’engage l’année suivante dans les Forces françaises libres de l’intérieur. Nommé à la rentrée de 1945 professeur de première supérieure au lycée de Marseille, il poursuit sa formation scientifique, obtient une licence de sciences mathématiques en 1946, bénéficie en 1947 d’un détachement au CNRS réorganisé à la Libération, avant de partir au Brésil où il séjourne plusieurs années (1947-1953) comme professeur à l’université de São Paulo. Un second détachement au CNRS (1954-1955) précède la soutenance de ses thèses : la thèse principale, Méthodologie économique, dirigée par Gaston Bachelard et publiée aux PUF dans la collection de son maître, en 1955, et la thèse complémentaire La Mathématique socialedu marquis de Condorcet, dirigée par Henri Gouhier, et publiée en 1956 dans la même collection. Gilles-Gaston Granger est alors maître de conférences à la faculté de Rennes, où il a été nommé en 1955 et où il enseigne jusqu’en 1959. Après un nouveau détachement comme professeur à São Paulo (1959-1960), il quitte Rennes en 1962, détaché à l’UNESCO pour la direction de l’ENS de Brazzaville. Il est enfin nommé en 1964 professeur à la faculté des lettres d’Aix-en-Provence, devenue après 1968 une composante de l’université de Provence, qu’il ne quittera que pour le Collège de France. Élu en 1986 à une chaire d’épistémologie comparative créée pour lui sous le nom de l’équipe associée au CNRS qu’il avait formée à son arrivée à Aix, il y exerce son magistère sans quitter sa résidence provençale pendant les courtes années qui le séparent de la retraite, fixée à soixante-dix ans dans cette institution, dont il fut jusqu’à sa mort professeur honoraire. Docteur honoris causa des universités de São Paulo au Brésil et Sherbrooke au Québec, membre associé de l’Académie royale des sciences et lettres de Belgique, il sera également membre de l’Institut international de philosophie. Il s’éteint à Saint-Cloud le 24 août 2016.

Une philosophie au travail

Celui que les journaux parisiens, lors de son élection au Collège de France en 1986 à une chaire de philosophie laissée vacante par la mort de Michel Foucault, présentaient à juste titre comme un auteur inconnu du grand public offrait une œuvre imposante forte de huit titres magistraux, dont l’écriture était d’une extraordinaire clarté, mais dont la technicité demandait évidemment beaucoup de travail au lecteur, à supposer que celui-ci n’ait pas été rebuté d’emblée par le profil d’un philosophe apparemment limité à l’étude de la logique et des systèmes formels, purs ou appliqués aux sciences humaines et à l’histoire de la philosophie des sciences et de la logique formelle d’un Aristote, un Wittgenstein ou un Carnap. Pourtant, Gilles-Gaston Granger n’a jamais entendu réserver sa philosophie à un cercle de spécialistes. Introducteur longtemps isolé d’une philosophie encore très peu traduite et étudiée en France au début des années 1960, et qui inspirait alors surtout à l’étranger la tradition, aujourd’hui en revanche devenue si présente dans l’épistémologie française, celle de la philosophie dite analytique à laquelle lui-même ne souhaitera du reste jamais s’identifier, il s’est voulu jusqu’au bout l’héritier d’une tradition française selon laquelle la philosophie ne possède pas l’universalité de la science, mais doit pouvoir s’adresser à tous.

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Écrit par

  • : professeure émérite des Universités, université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand

Classification

Pour citer cet article

Elisabeth SCHWARTZ. GRANGER GILLES GASTON (1920-2016) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MODALITÉS, logique

    • Écrit par Pascal ENGEL
    • 7 573 mots
    • 1 média
    ...première, tantôt la seconde interprétation, qui lui ont été respectivement attribuées par les commentateurs. Une autre possibilité, suggérée par Granger (1976), serait qu'Aristote traite les modalités non pas comme des opérateurs, mais comme des prédicats métalinguistiques portant sur ce qui peut...
  • STYLE

    • Écrit par Mikel DUFRENNE
    • 5 665 mots
    C'est à partir de là que l'on peut étendre la notion de style à tous les arts, comme l'a tenté Gilles Granger. Cette notion s'explicite alors dans les termes de code et de message qu'a imposés le structuralisme. Le message, c'est à la fois l'œuvre et ce qui est signifié par elle : le sens, ou plutôt,...

Voir aussi