Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HONEGGER GOTTFRIED (1917-2016)

Acteur majeur de l’ art concret, Gottfried Honegger est né le 12 juin 1917. Il commence sa carrière comme graphiste dans les années 1930 à Zurich, sa ville natale. En 1939, il se rend à Paris où il peint ses premiers paysages et quelques portraits de style cubiste. Le début de la Seconde Guerre mondiale l’oblige à retourner en Suisse où il ne reprendra son activité artistique qu’en 1949. Proche des artistes concrets zurichois (Max Bill, Richard-Paul Lohse, Camille Graeser), il abandonne toute figuration en 1951 et exécute des œuvres mêlant géométrie et référence au monde extérieur. Avide de découverte, Honegger passe deux années à New York, de 1958 à 1960, qui s’avèrent décisives. Outre ses rencontres marquantes avec les expressionnistes abstraits (Clyfford Still, Franz Kline, Mark Rothko, Sam Francis, Barnett Newman), il bénéficie de sa première exposition personnelle à la galerie Martha Jackson. Honegger y montre des œuvres annonçant les Tableaux-Reliefs : des monochromes rouges animés par l’usage répétitif d’éléments géométriques de faible épaisseur dont la facture est méticuleusement travaillée. Quand il s’installe à Paris, Honegger fréquente le milieu de l’ abstraction géométrique et se lie notamment d’amitié avec Aurélie Nemours, Marcelle Cahn ou bien encore Sonia Delaunay. Avec la série des Biseautages – baptisée ainsi par le critique Michel Seuphor –, commencée en 1964, il explore la sensualité des lignes et des formes incisées dans le carton que la lumière révèle subtilement. On retrouvera quelque temps plus tard une même volonté de donner une dimension tactile à la surface à travers les tableaux monumentaux qu’Honegger recouvre de mine de plomb. En attachant une certaine importance au faire artisanal, il se démarque des concrets zurichois qui prônent une exécution neutre et anonyme. À la fin des années 1960, la rencontre avec le compositeur Pierre Barbaud (fondateur du Groupe de musique algorithmique de Paris) ainsi que la lecture de l’ouvrage du biologiste Jacques MonodLe Hasard et la Nécessité le conduisent à introduire le hasard dans son travail. C’est une manière, explique-t-il, « d’échapper au déterminisme, à tout ordre ne laissant aucune liberté ». Si, dans un premier temps, l’artiste s’en remet aux dés pour introduire des variantes dans ses tableaux, il utilisera ensuite la programmation informatique.

Gottfried Honegger s’est aussi distingué par sa production sculpturale, à laquelle il se consacrait depuis 1961 et qui lui a permis d’accomplir son désir de réunir l’art et la vie. Dans la tradition du Deutscher Werkbundqui promeut la notion d’ esthétique industrielle dans le domaine des arts appliqués et de l’architecture, il accorde une fonction sociale à l’art et estime que l’artiste a des responsabilités : « Dans une époque où l’environnement – la ville – détermine de plus en plus notre qualité de vie, l’art doit quitter son cadre doré et s’intégrer dans l’espace. […] L’art doit abandonner son piédestal et faire partie de la vie quotidienne », déclare-t-il. Devenant monumentales à partir des années 1970, ses sculptures sont constituées d’éléments géométriques volumétriques dont l’agencement est régi par des systèmes. Parmi les dernières séries de l’artiste, les Pliages réconcilient couleur et tridimensionnalité. Réalisés suivant un schéma simple, ce sont des œuvres ouvertes, exécutées à partir de techniques et matériaux industriels, mais souvent de couleur vive, ce qui les distingue radicalement du minimalisme. Souvent placées dans des parcs arborés, les sculptures d’Honegger marquent son désir d’établir un dialogue entre le naturel et l’artificiel. L’artiste a reçu un grand nombre de commandes publiques en Europe (à Dijon, Grenoble, Genève, Zurich) comme aux États-Unis. En France, on peut admirer le [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur en histoire de l'art contemporain, critique d'art, commissaire d'exposition, consultante en art moderne et contemporain

Classification

Pour citer cet article

Domitille d' ORGEVAL. HONEGGER GOTTFRIED (1917-2016) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CONCRET ART

    • Écrit par Arnauld PIERRE
    • 2 723 mots
    • 1 média
    ...peintre et sculpteur comme Bill, mais aussi Marcel Wyss (1930-2012), auteur de reliefs dont les lignes en progression sont incisées dans le matériau, et Gottfried Honegger (1917-2016) qui construit ses surfaces à partir de modules de carton recouverts d'une couche de peinture monochrome, quand il ne laisse...

Voir aussi