Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GLOSSATEURS, droit médiéval

On entend par glossateurs des érudits du Moyen Âge qui, pour l'interprétation des textes du droit romain, appliquaient à la fois des méthodes d'analyse interlinéaire et d'explication des mots. La période des glossateurs juridiques commença avec la renaissance de l'étude du droit romain, à Bologne, à la fin du xie siècle. Une de leurs premières tâches fut une reconstitution des lois contenues dans le Code Justinien, au moyen de la comparaison des manuscrits existants.

Au milieu du xiiie siècle, Accurse, professeur à Bologne et dernier des glossateurs, entreprit la tâche de rassembler et d'ordonner en une seule œuvre complète l'ensemble énorme des annotations rédigées par ses prédécesseurs et par lui-même. Cette compilation, la Glossa ordinaria, fut dès lors connue sous le nom de Grande Glose. Pendant près d'un siècle, son autorité n'a pas été moins importante que celle des textes originaux. Les glossateurs établirent en Europe les fondements utiles à l'étude du droit romain à une époque où l'accroissement des relations commerciales entre les individus et entre les États devait rapidement rendre nécessaire l'établissement d'un système juridique perfectionné. Il est permis de douter qu'ils aient été attentifs à cette évolution ; en effet, leurs discussions penchaient plus vers l'académisme que vers le souci pratique. Il échut à leurs successeurs du xive siècle, commentateurs ou postglossateurs, de lier plus étroitement le droit romain revivifié et le droit des cités italiennes, d'appliquer celui-là aux nécessités juridiques du temps. L'influence des glossateurs et des commentateurs se répandit hors d'Italie. De nombreux étudiants étaient attirés par l'école de Bologne dont provenaient les juristes membres des gouvernements et des juridictions d'Europe. Leur œuvre a bénéficié, pendant des siècles, d'un grand retentissement tant sur les procès que sur la pensée juridique elle-même.

— Jacqueline BARBIN

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : diplômée d'études supérieures, master of law (L.L.M.), États-Unis

Classification

Pour citer cet article

Jacqueline BARBIN. GLOSSATEURS, droit médiéval [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BOLOGNE ÉCOLE JURIDIQUE DE

    • Écrit par Jean GAUDEMET
    • 805 mots

    Le centre d'enseignement juridique le plus illustre du Moyen Âge. Les débuts de l'université de Bologne restent mal connus : Ravenne et Pavie avaient sans doute pendant le haut Moyen Âge tenu la première place en Italie pour un enseignement du droit, d'ailleurs assez modeste ;...

  • BOLOGNE UNIVERSITÉ DE

    • Écrit par Jacques VERGER
    • 813 mots

    Au début du xiie siècle se produisit en Italie une renaissance des études juridiques dont Bologne fut le foyer principal. Les luttes politiques (papes contre empereurs, communes contre empereurs) poussaient les partis en présence à appuyer leur propagande sur des arguments de droit ; on rechercha...

  • CIVIL DROIT

    • Écrit par Muriel FABRE-MAGNAN
    • 9 077 mots
    ...écrasante révélation de l'Antiquité, dans un monde occidental qui lui était devenu complètement étranger, suscita immédiatement un immense travail de glose. L'école des glossateurs de Bologne marqua le premier moment de cette tradition reconstituée. Ce commentaire savant inaugura la science juridique en Occident....
  • ROMAIN DROIT

    • Écrit par Jean GAUDEMET
    • 6 341 mots
    ...de droit savant, l'un et l'autre étant seuls dignes d'étude, il joue donc aussi un rôle considérable dans le développement du droit privé et dans l'argumentation des théoriciens politiques. Du xiiie au xve siècle,glossateurs et postglossateurs sont reconnus en Occident comme les maîtres du droit.

Voir aussi